
Ce cours d’eau, seul affluent de la Seine à se jeter dans la capitale, a été recouvert au début du XXe siècle en raison de son insalubrité. Caché dans les profondeurs de la capitale, il refait progressivement surface lors de campagnes de réhabilitation promulguées par des politiques locales.
La deuxième rivière parisienne après la Seine
Longue d’une trentaine de kilomètres, la rivière de la Bièvre circulait encore dans Paris le siècle dernier : prenant source dans les Yvelines et se jetant près de la gare d’Austerlitz, elle traversait les 5e et les 13e arrondissements de la capitale. Son nom provient du celte beber dont l’usage varie : il peut indiquer la présence de castors qui arpentaient les rives de la Bièvre ou bien la couleur brunâtre du cours d’eau. Cependant, l’ensemble des tronçons parisiens à ciel ouvert sont recouverts en 1912 et la rivière se jette désormais dans les égouts de Paris : pour quelles raisons ?

D’une eau vertueuse à insalubre
La Bièvre est utilisée depuis le XIe siècle pour répondre aux besoins de l’homme et constitue un pan important de l’histoire parisienne : au XVIIIe siècle, la rivière prend le nom d’un famille de teinturiers, les Gobelins, célèbre pour leur rouge écarlate qui serait le fruit des eaux miraculeuses de la Bièvre. De nombreuses manufactures ont vent de ce succès et blanchisseries, teintureries, ou encore tanneries s’installent près de la rivière : au fil du temps, d’innombrables déchets et résidus s’accumulent dans le ruisseau des Gobelins rendant son eau impropre à la consommation.

Certaines manufactures sont chassées des rives de la Bièvre en raison du danger qu’elles représentent, sans compter l’impact néfaste causé par certains riverains qui déversent leurs déchets dans la rivière : pour tenter d’y remédier, une police est affectée aux berges du ruisseau des Gobelins. A la fin du XIXe siècle, certains tronçons gelés pendant l’hiver sont exploités pour récupérer de la glace et l’utiliser en été : peu ragoûtant, n’est-ce pas ? Si la Bièvre est génératrice de métiers en tout genre, ses eaux nauséabondes deviennent un problème de santé publique : les travaux du baron Haussmann accélère son cloisonnement et les parties externes sont progressivement murées avec du béton.

Vers une résurgence de la Bièvre ?
Depuis le XXIe siècle, des projets de réhabilitation de la rivière ont été entrepris et la Bièvre refait surface autour de Paris : en 2016, des tronçons à l’air libre ont été rouverts dans le Val-de-Marne à Fresnes et L’Haÿ-les-Roses ainsi qu’une portion de 600 mètres entre Arcueil et Gentilly. A Paris, la réapparition de la Bièvre permettrait à certains quartiers de lutter contre la chaleur estivale en stabilisant la température ambiante, mais aucun projet n’a encore abouti à ce jour.

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Image à la une : La Bièvre, ancienne rivière parisienne © Cinématèque Robert Lynen / Roger Viollet
Sources : Libération, Mairie de Paris, Retronews, TF1
Julien Mazzerbo