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La petite histoire des faubourgs parisiens

Par Cyrielle

Depuis l’Antiquité, Paris a presque toujours été entourée par un mur. Sept enceintes se sont ainsi succédées, parmi lesquels l’enceinte de Philippe-Auguste, le Mur des Fermiers Généraux ou encore l’enceinte de Thiers. Cette réalité a non seulement donné l‘expression Paris intra-muros, mais également engendré la notion même de “faubourg parisien”. On vous raconte comment.

Quelle est la différence entre un faubourg et un village ?

Étymologiquement, le mot “faubourg” désigne un bourg situé “hors la ville”, au-delà de ses limites. Les faubourgs de Paris étaient donc des villages situés au-delà des murs d’enceinte de la capitale. Mais alors, pourquoi n’a-t-on jamais considéré Belleville comme un faubourg ? Pourquoi un Faubourg-Montmartre et un village Montmartre ont-ils existé en même temps ? Parce que les faubourgs parisiens et les anciens villages annexés à Paris sont des entités très différentes.

D’un côté, il y a les villages qui se sont développés indépendamment de Paris. Ils ont d’abord été des petits bourgs ruraux,  éloignés de Paris à leur naissance et dotés d’une identité et d’une histoire propres. Il s’agit principalement des communes annexées lors de l’agrandissement de 1860 : Montmartre, Grenelle, Belleville, Auteuil, Passy ou encore La Villette. De l’autre, il y a les faubourgs qui, eux, sont des anciennes communes ayant toujours bordé la capitale. Ces communes sont indépendantes également, mais directement connectées à Paris et dotées d’une histoire rivée à celle de Paris.

Contrairement à un faubourg, Montmartre est, au moment de son annexion en 1860 par Paris, un village tout ce qu’il y a de plus indépendant, avec sa propre histoire et son propre urbanisme.

La naissance des faubourgs parisiens

Pour comprendre la naissance des faubourgs parisiens, il faut revenir au XIIe siècle. À cette époque, le roi Philippe-Auguste décide d’agrandir Paris en annexant quelques fiefs et seigneuries alentour. Il édifie par la même occasion une nouvelle enceinte ceinturant Paris et ponctuée de onze portes. C’est à proximité de ces portes, par où passent l’argent et les marchandises, que les premiers faubourgs vont voir le jour. C’est le cas, par exemple, du faubourg Saint-Germain qui s’urbanise en continuité du bourg parisien de Saint-Germain-des-Prés.

Mais Paris se développe rapidement et se retrouve bientôt à l’étroit. C’est pourquoi, dès 1356, les faubourgs de l’époque  sont intégrés à Paris, tandis qu’une nouvelle enceinte et de nouvelles portes sont créées. Un second groupe de faubourgs se développe alors aux portes de Paris. Parmi eux, on trouve les faubourgs Saint-Antoine, Saint-Honoré, Saint-Denis, Saint-Martin, du Temple ou encore Montmartre.

Plan de Paris - BNF
Plan de Paris à la fin du XIVe siècle

Les faubourgs parisiens intègrent Paris

Faubourgs à l’extérieur de Paris, bourgs à l’intérieur de Paris, les deux séparés par une enceinte et reliés par une porte. Jusque-là tout est simple. Pourtant, les choses se compliquent lorsque Louis XIV décide de détruire l’enceinte qui entoure Paris et de la remplacer par les Grands Boulevards.

Pour la première fois depuis l’Antiquité, Paris n’est plus ceinturée par aucun mur. La distinction entre bourg et faubourg ne tient alors plus qu’à un fil. Qu’est-ce qui différencie désormais le bourg de Saint-Germain du faubourg Saint-Germain ? Plus grand-chose et, en tout cas, pas un mur ! C’est pourquoi l’on décide, en décembre 1701, d’intégrer ces quartiers périphériques à Paris. Par nostalgie ou facilité, les noms des faubourgs seront néanmoins conservés.

L’enceinte de Charles V, bientôt remplacée par les Grands Boulevards, sur le plan Saint-Victor (vers 1550)

Petite astuce : les anciennes limites de Paris peuvent être retrouvées facilement aujourd’hui. Et cela, simplement grâce aux noms de quelques rues.

Avez-vous déjà remarqué que la rue du Faubourg Saint-Honoré donne, lorsque l’on se dirige vers le centre de Paris, sur la rue Saint-Honoré ? La rue du Faubourg du Temple sur la rue du Temple ? C’est exactement la même chose pour les huit « rues du Faubourg » que l’on trouve encore dans Paris (Saint-Martin, Saint-Antoine, du Temple, Poissonnière, Saint-Honoré, Montmartre, Saint-Denis, Saint-Jacques). Cela permet non seulement de se repérer, mais aussi de visualiser les limites des anciens faubourgs : la rue Saint-Denis correspond au Paris d’avant 1700, la rue du Faubourg-Saint-Denis au Paris d’après 1700 !

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