Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous… Rendus mythiques par la chanson de Serge Gainsbourg parue en 1959, les poinçonneurs du métro parisien ont rythmé les trajets de tous les Parisiens jusqu’au début des années 1970. Alors que l’on s’apprête à dire adieu à nos bons vieux tickets de métro, on revient pour vous sur l’histoire de ces travailleurs qui, pendant plusieurs décennies, ont passé leurs journées à les orner de « p’tits trous ».
Un petit métier qui n’aura pas duré bien longtemps
Installé dans sa loge métallique en haut des escaliers ou planté bien debout devant les portes situées à l’entrée du quai, le poinçonneur fait partie de ces petits métiers que l’on a cru un temps immortels. Et pourtant, son histoire est plutôt courte : il n’est pas apparu dès la naissance du métro parisien en 1900, mais plusieurs années plus tard. Aux premières heures du métro parisien, c’est une véritable troupe de contrôleurs qui s’occupe de vérifier les billets des usagers.
En plus des contrôleurs qui arpentent les wagons, deux autres contrôleurs vérifient les billets de tout le monde : l’un à l’entrée du métro pour vérifier que l’usager possède bien un ticket, l’autre à la sortie pour récupérer le ticket de l’usager. Autrement dit, il fallait faire la queue à l’entrée ET à la sortie du métro. Pas très pratique. C’est pour éviter cette double attente que la RATP va transformer ses contrôleurs en « poinçonneurs ». Qu’il soit posté aux Lilas ou ailleurs, le poinçonneur a pour mission de composter les titres de transport des voyageurs avec son poinçon en métal, qu’il actionne de façon quasi automatique.
Mais le poinçonneur a aussi pour mission de vérifier, en un coup d’oeil, la tarification de chaque billet. Et ce n’est pas une mince affaire car, à cette époque, le ticket ne possède pas encore de bande magnétique, mais possède déjà pas mal de tarifs différents ! Jusqu’en 1991, il existe deux classes, comme dans les trains ; il y a également un billet aller-retour, pouvant être poinçonné deux fois. Et puis, à partir de 1930, les billets à tarifs réduits se développent : pour les mutilés de guerre d’abord, puis pour les familles nombreuses et, enfin, pour les étudiants avec l’instauration de coupons hebdomadaires moins chers.
C’est l’arrivée, dans les années 1960, de la piste magnétique qui va mettre fin au « carnaval de confettis » des poinçonneurs. La généralisation des tourniquets – qui valident les tickets en modifiant le contenu de la bande magnétique – mènera à la disparition complète de ces “gars qu’on crois[ent] mais qu’on ne regard[ent] pas” en octobre 1973.
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