On pourrait croire qu’il sort tout droit d’un conte de fée ! Avec son inspiration médiévale et ses pierres bleues, le Central Téléphonique Gutenberg dénote avec l’architecture haussmannienne du 1er arrondissement. Pendant des décennies, ce bâtiment a joué un rôle primordial dans l’accès à l’invention du siècle : le téléphone !
Le téléphone arrive à Paris
Près de 1 400 opératrices s’y sont bousculées pour mettre en relation les premiers Français souhaitant échanger grâce à ce dispositif. Situé à cheval sur la rue du Louvre et la rue Jean-Jacques Rousseau, le Central Gutenberg est le premier bâtiment téléphonique du service public.
Pour comprendre son histoire, il faut remonter à la deuxième moitié du XIXème siècle. En 1876 exactement, un écossais du nom de Graham Bell invente le téléphone. En France, il faut attendre cette nouveauté jusqu’en 1879, importée par le biais de réseaux privés. Face à l’ampleur de ce nouveau mode de communication, l’Etat se saisit de l’affaire et rivalise avec la Société Générale des Téléphones (SGT), alors leader sur le marché. Des travaux d’envergure sont organisés pour développer un véritable réseau.
En 1889, le Ministère des Postes et des Télégraphes nationalise ce réseau téléphonique et ses infrastructures. Le succès du téléphone est retentissant et la demande d’abonnements ne fait que croître. Toutefois, les centres hérités de la SGT ne sont pas suffisants pour répondre à cet engouement. Pour y remédier, une commission consultative propose la construction de quatre grands centraux téléphoniques pour remplacer les précédents.
Un œuvre de Jean-Marie Boussard
Le premier, mais aussi le plus grand central téléphonique commandé par l’Etat, est bâti en face de l’hôtel des Postes, le long de la rue Gutenberg (aujourd’hui inaccessible). C’est Jean-Marie Boussard, un jeune architecte, qui assure le chantier. Sa forteresse bleue, dotée de verrières imposantes au style industriel, offre un étonnant spectacle aux Parisiens lors de son inauguration en 1892. Malheureusement, son rayonnement architectural n’est que de courte durée. En 1908, le Central Téléphonique Gutenberg est ravagé par un violent incendie et une grande partie des lignes sont coupées. Un nouvel architecte, Charles Giroud, reconstruit alors le bâtiment à l’identique et lui ajoute un étage avant sa nouvelle inauguration en 1912.
Imaginez que chaque appel émis à cette époque devait passer par ces centraux téléphoniques ! Les “dames du téléphone” s’y sont affairées pour répondre aux demandes des 18 000 abonnés, alignées face aux immenses machines et kilomètres de câbles. Le Central Gutenberg couvrait pas moins de six arrondissements de Paris (1er, 2eme, 3eme, 4eme, 8ème et 10ème) et desservait de grandes capitales européennes, de Londres à Bruxelles, en passant par Rome ou Berlin. Aujourd’hui propriété de Orange, l’intérieur de l’édifice ne se visite pas. Mais il est encore possible aujourd’hui de l’admirer de l’extérieur au 46 bis, rue du Louvre.
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L.B
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