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Un petit tour d’un siècle et demi au parc Montsouris

Paris Montsouris

Avec ses 15,5 hectares, le parc Montsouris est le quatrième plus grand parc de Paris. Entre les observations scientifiques et les inspirations artistiques, entre les trajets des flâneurs et les études des explorateurs, entre les édifices historiques et les arbres centenaires, ce vaste patrimoine a ouvert au public dès 1867, et continue de fasciner une grande diversité de visiteurs.

De Moque-Souris à Montsouris

Ce grand parc au sud de Paris porte le drôle de nom de son quartier, dont l’origine n’est pas encore complètement élucidée. « Montsouris » proviendrait de l’ancien moulin de « Moque-Souris » qui était situé au croisement entre la rue d’Alésia et la rue de la Tombe-Issoire. Présent au XVIIIe siècle, celui-ci aurait pris ce surnom humoristique lorsqu’il a arrêté de produire du blé, car il se moquait alors des souris qui ont pour habitude de se nourrir dans ses caves.

Paris (XIVème arr.). Promenade au parc Montsouris, vers 1900. Détail d'une vue stéréoscopique. © Léon et Lévy / Roger-Viollet
Paris (XIVe arr.). Promenade au parc Montsouris, vers 1900. Détail d’une vue stéréoscopique. © Léon et Lévy / Roger-Viollet

Une autre légende le rattache à la rue de la Tombe-Issoire, située tout près du parc. Celle-ci est liée à l’histoire du géant Isoré, roi de Coimbra, qui est venu avec son armée faire le siège de Paris au XIIe siècle. Durant plusieurs mois, après avoir pillé les réserves de grains accumulés dans les moulins à vent de la capitale, les guerriers auraient été contraints de se nourrir des milliers de souris présentes dans les caves. On les appela alors l’armée des « Mange-Souris », ce qui aurait donné le nom de Montsouris.

L’enfant du Second Empire

C’est à la fin du XIXe siècle, sur ordre de Napoléon III, que le parc Montsouris prend forme. L’empereur souhaite alors embellir les quatre points cardinaux parisiens avec de grands espaces verts, avec le bois de Boulogne à l’ouest, le parc des Buttes-Chaumont au nord, et le bois de Vincennes à l’est. Sous la direction du baron Haussmann, le vaste chantier du sud est confié en 1860 à l’ingénieur Alphand, qui crée un jardin à l’anglaise de 15 hectares, comprenant trois pelouses avec des bosquets, un lac artificiel et trois ponts.

Le lac du parc Montsouris. Paris (XIVème arr.), vers 1900. Détail d'une vue stéréoscopique. © Léon et Lévy / Roger-Viollet
Le lac du parc Montsouris. Paris (XIVe arr.), vers 1900. Détail d’une vue stéréoscopique. © Léon et Lévy / Roger-Viollet

Mais le projet fait face à plusieurs difficultés. Tout d’abord, le terrain est situé sur les anciennes carrières de Montrouge et doit inclure la voie ferrée de la Ceinture, ce qui rend l’aménagement particulièrement complexe. Le conflit franco-prussien de 1870 n’arrange rien à l’affaire, retardant les travaux, qui ne seront finalement achevés qu’en 1878.

Paris XIVème arr.. Enfants au parc Montsouris. Vers 1890. © Roger-Viollet
Enfants au parc Montsouris, vers 1890. © Roger-Viollet

Ouvert au public, il devient rapidement un lieu d’escapade pour les Parisiens en recherche de verdure dans un lieu excentré. Mais durant longtemps, sa localisation lui donne une mauvaise réputation, en particulier parce qu’il devient le lieu de prédilection des patients de l’hôpital Sainte-Anne, avant que celui-ci se dote de son propre parc.

Le sens de l’observation

Le parc Montsouris n’est pas simplement conçu comme un lieu de promenade. Dès le XIXe siècle, il est doté de plusieurs édifices permettant de réaliser différentes mesures scientifiques. On peut y retrouver le splendide palais du Bardo, un édifice d’inspiration tunisienne présenté à l’Exposition universelle de 1867 par l’architecte Alfred Chapon, dont le style orientaliste dénote désormais avec le reste du paysage.

Le palais du Bardo au XIXe siècle
Le palais du Bardo au XIXe siècle

Situé dans la partie sud du parc, il est tout d’abord destiné à héberger le personnel de l’Observatoire chargé de l’étude et du climat parisien, avant de devenir un observatoire météorologique de 1872 à 1886 sous la direction de l’inventeur Hippolyte Marié-Davy. Progressivement abandonné au cours du XXe siècle, et victime d’un incendie en 1991, l’édifice a entièrement disparu, et ne peut désormais qu’être aperçu dans certains films anciens.

La station météorologique de l'observatoire du parc Montsouris. Paris (XIVème arr.), vers 1900. © Léon et Lévy / Roger-Viollet
La station météorologique de l’observatoire du parc Montsouris. Paris (XIVe arr.), vers 1900. © Léon et Lévy / Roger-Viollet

Dès 1875, un autre édifice apparaît sur l’une des pelouses : l’observatoire du Bureau des longilignes et de la Marine, chargé de compléter les connaissances astronomiques des officiers de l’École navale, ainsi que des explorateurs, physiciens et ingénieurs.

Analyse des eaux à l'observatoire du parc Montsouris (Paris XIVème arr.), vers 1900. © Léon et Lévy / Roger-Viollet
Analyse des eaux à l’observatoire du parc Montsouris (Paris XIVe arr.), vers 1900. © Léon et Lévy / Roger-Viollet

À côté de ce pavillon, on trouve aussi la plus ancienne station météorologique de France, installée dès 1873 : depuis 150 ans, elle enregistre les données météorologiques en continu depuis une zone du parc, délimitée par un enclos. Si Météo France a déménagé à Saint-Mandé en 2011, les pluviomètre, baromètre, thermomètre et anémomètre continuent d’être utilisés à distance.

L’éloge des arts

Si le parc a connu de nombreuses métamorphoses, les artistes l’ont heureusement immortalisé depuis plusieurs décennies. De nombreux films s’en sont inspirés pour en faire leur décor, comme Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda qui présente une longue balade sur les grands escaliers rustiques, ou Paris je t’aime d’Alexander Payne (2005), dans lequel le personnage s’assoit sur un banc face au lac, et est touché par un bel instant de lucidité.

Extrait du film Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda
Extrait du film Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda

La littérature et la chanson française en ont aussi fait un sujet de prédilection, à l’instar du morceau « Parc Montsouris » de Jacques Higelin, présent sur l’iconique album Tombé du ciel : « Le parc Montsouris c’est le domaine où je promène mes anomalies, où j’me décrasse les antennes des mesquineries de la vie ». De son côté, Jacques Prévert écrit dans « Le Jardin » du recueil Paroles : « Des milliers et des milliers d’années / Ne sauraient suffire pour dire / La petite seconde d’éternité / Où tu m’as embrassé / Où je t’ai embrassée / Un matin dans la lumière de l’hiver / Au parc Montsouris à Paris […] ».

Le Douanier Rousseau, Parc Montsouris, vers 1906
Le Douanier Rousseau, La promenade au parc Montsouris, vers 1909

Quelques peintres se sont aussi essayés à l’éloge du parc Montsouris, dont le Douanier Rousseau, qui avait pour habitude de s’y promener, ou Ludovic Vallée, qui en a fait plusieurs toiles à différents moments de la journée.

Une biodiversité éclatante

Ce vaste parc du sud de Paris abrite aussi une incroyable diversité d’espèces animales et végétales. Parmi les quelque 1 400 arbres présents, les centenaires sont remarquables par leurs silhouettes singulières, et proviennent des quatre coins du monde.

Parc Montsouris
Le parc Montsouris – DR

On peut notamment découvrir un splendide hêtre pourpre avec un tronc cylindrique, un rarissime parasol chinois, un plaqueminier aux couleurs rousses, ou un monumental cèdre du Liban. Cette grande diversité rend la promenade au parc Montsouris particulièrement mémorable.

Le cèdre du Liban, parc Montsouris - DR
Le cèdre du Liban, parc Montsouris – DR

Ce parc attire aussi un grand nombre d’espèces d’oiseaux, à l’instar de la mésange huppée, la sittelle torchepot, le geai des chênes, la corneille noire, le héron cendré, la poule d’eau, les canards colverts, les oies à tête barrée, et bien sûr, le cygne à long col noir. Pour les observer, il suffit de s’asseoir sur l’un des bancs longeant le lac artificiel.

Le cygne noir, parc Montsouris - DR
Le cygne noir, parc Montsouris – DR

Ce n’est donc pas étonnant que la Ligue de protection des oiseaux (LPO) y ait installé les locaux de sa délégation Île-de-France. Un nouvel aménagement qui montre à quel point le parc Montsouris attire les explorateurs et les chercheurs en tout genre depuis sa création.

À lire également : Connaissez-vous Isoré, le géant de la rue de la Tombe-Issoire ?

Image à la une : © Visit Paris Région

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