Les noms des stations du métro parisien nous en disent décidément beaucoup sur l’histoire de Paris, ses événements, ses éminentes personnalités et son architecture. On s’intéresse aujourd’hui à la station Château Rouge, inaugurée en avril 1908 lors de l’inauguration de l’actuelle ligne 4.
Un château rouge établi dans le quartier ?Â
En pensant à cette station du 18e arrondissement, on imagine tout de suite un grand château, tout de rouge vêtu, surplombant le quartier qui, jusqu’en 1860, n’était encore qu’un village situé aux portes de Paris, non ? Si c’est le cas, vous n’auriez pas tout à fait tort ! En effet, la station Château-Rouge, ainsi que la place et le quartier du même nom, nous viennent bel et bien d’un château établi à la fin du XVIIe siècle sur ce qui est alors le village de Montmartre.
Ledit château, qui a toujours appartenu à des propriétaires privés, ressemblait cependant plus à un grand manoir qu’à un véritable palais. La particularité de cet édifice, dont les briques rouges lui valurent rapidement son surnom, était son parc : un immense espace vert qui ferait frémir d’envie n’importe qui, mais qui finit, au milieu du XIXe siècle, par être découpé en parcelles, mis en vente et presque complètement urbanisé. En 1845, seuls l’édifice et quelques hectares de jardins composaient encore la propriété.
Cette année-là , le nouveau propriétaire du manoir décide de le transformer et d’y ouvrir un nouveau lieu à la mode : le Bal du Château Rouge. En quelques mois seulement, le bal se transforme en un lieu incontournable où se réunit le Tout-Paris. C’est ici, par exemple, qu’aura lieu le tout premier banquet réformiste de « la campagne des banquets », qui mènera quelques mois plus tard à la révolution de 1848.
Son succès avait été fulgurant, sa chute le sera tout autant. Dès 1860, le Bal du Château Rouge montre déjà des signes d’essoufflement. Après avoir brièvement été le quartier général de la Garde Nationale de Montmartre pendant la Commune de Paris, l’édifice sera finalement abandonné et démoli en 1882, déjà oublié de tous les Parisiens. Aujourd’hui, seul son nom se rappelle à nous lors de nos trajets en métro…
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