Le Louxor, célèbre institution du cinéma à Paris, a fêté ses cent ans il y a trois ans. Mais saviez-vous que ce temple du septième art n’a pas toujours été ainsi ? Fermé au public pendant de nombreuses années, le lieu a évolué à maintes reprises avant de renouer avec sa fonction d’origine.
L’un des plus anciens cinémas de Paris
Ce cinéma en plein cÅ“ur du quartier Barbès a été inauguré en 1921. Il est le fruit de l’architecte turc Henri Zipcy, qui imagine une façade Art déco en granito décorée d’ornementations néo-égyptiennes, le seul cinéma de ce type en France. Pour ce faire, son créateur se serait inspiré des antiquités du musée du Louvre. Propriété d’un homme d’affaires, Henri Silberberg, le cinéma est construit en l’espace de dix-huit mois à partir d’un immeuble haussmannien.
Dans les années 20, la programmation d’un cinéma était bien différente de celle d’aujourd’hui : intermèdes musicaux, spectacles (d’acrobates, chanteurs ou encore jongleurs), les films étaient diffusés après l’entracte ! Ce modèle perdure jusqu’au début des années 60.
Le Louxor, lieu populaireÂ
Le style néo-égyptien n’a pas toujours recouvert la façade du Louxor. Dans les années 30, apogée du cinéma parlant (le premier film d’envergure sort aux Etats-Unis en 1927, Le chanteur de jazz), l’édifice change de mythologie pour adopter une décoration néo-grecque. En parallèle, le Louxor s’aligne avec les tendances du moment et programme des adaptations littéraires, des comédies musicales et des opérettes.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Louxor rencontre une fréquentation record avec plus de 700 000 spectateurs en quête de longs métrages policiers et de films de cape et d’épée. Des années 50 à 70, la renaissance du péplum et l’âge d’or du western spaghetti consolident le succès du Louxor.
Fermeture et réhabilitation
Mais en 1983, Pathé ferme la salle de cinéma et la troque contre 6 millions de francs. Pendant quelques années, l’usage du 170 boulevard de Magenta varie : deux discothèques successives connaissent un succès éphémère avant de fermer rapidement leurs portes. Presque trois décennies s’écoulent avant qu’un projet de rénovation ne voit le jour, supervisé par l’architecte Philippe Pumain.
Pendant quatre ans, le cinéma est remodelé de façon à lui redonner son image d’antan : reproduction des décorations néo-égyptiennes, restauration des mosaïques… La capacité de la grande salle est réduite, passant d’un millier de sièges à 342 places réparties sur le rez-de-chaussée et les deux balcons. Un bar-terrasse est ajouté ainsi que deux salles au sous-sol. Le “nouveau” Louxor est inauguré en 2013 pour un budget total de 24 millions d’euros.
Une institution cosmopolite
Depuis l’ouverture du Louxor en 1921, les usages ont bien changé. Emmanuel Papillon, directeur du cinéma, rappelle qu’à l’époque “les gens fumaient” dans les salles qui pouvaient accueillir jusqu’à mille spectateurs. Mais la structure conserve sa dimension cosmopolite : de la diffusion de films étrangers dans les années 70 et 80 au nom donné à la grande salle en hommage au réalisateur égyptien Youssef Chahine, le Louxor doit sa renaissance aux associations du quartier qui ont permis de lui redonner vie, longtemps considéré comme le seul cinéma de Barbès. Le Louxor a encore de beaux jours devant lui.
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Image à la une : Le Louxor © Site officiel
Sources : CNC, Europe 1, Louxor, Mairie de Paris, Radio France
Julien Mazzerbo