Halloween est passé, mais son esprit ne nous a pas encore complètement quitté ! Et effet, vous allez voir que cette histoire a de quoi glacer le sang… Elle est celle d’un médecin et résistant lors de la Libération de Paris devenu en quelques mois un redoutable tueur en série surnommé “Docteur Satan”.
Découverte macabre dans le 16e arrondissement
Tout commence le 11 mars 1944. Une odeur pestilentielle s’échappe d’une cheminée du numéro 21 de la rue Le Sueur, dans le 16e arrondissement de Paris. Les voisins donnent l’alerte. Les pompiers, dépêchés sur place, s’introduisent dans la résidence privée par une fenêtre, craignant qu’un incendie ne soit à l’origine de cette fumée. Mais ce qu’ils découvrent est pire que tout ce qu’ils auraient pu imaginer…
En effet, un chauffage brûle des restes humains tandis que des morceaux de corps et effets personnels sont éparpillés autour de plusieurs valises. Très vite, la police est contactée, et les lieux révèlent l’ampleur des crimes : des restes de 27 corps sont retrouvés, ainsi qu’une grande quantité de bagages, au cœur d’une étrange installation dotée de doubles portes, d’une pièce aménagée en chambre à gaz avec un judas, et d’un puits rempli de chaux vive. On vous avait prévenus : bienvenue au cœur de l’horreur.
Un médecin surnommé… “Docteur Satan”
Face à ces éléments glaçants, la culpabilité de Marcel Petiot, médecin et propriétaire de l’immeuble, semble évidente. Cependant, en cette année 1944, la France est sous occupation allemande depuis 4 ans, et le médecin, arrêté et torturé par la Gestapo peu de temps avant pour ses activités suspectées de passeur, bénéficie d’une certaine confusion autour de ses victimes : sont-elles des nazis exécutés par un résistant ou des civils abusés par un médecin sans scrupules ?
Pendant de longues semaines, celui que la presse a surnommé “Docteur Satan” reste introuvable. Les enquêteurs découvrent progressivement un sombre réseau où le médecin, connu sous l’identité d’Eugène, offre un “service” d’évasion aux personnes menacées en France. Les victimes, principalement des Juifs ou des criminels désireux de fuir, apportaient leurs biens les plus précieux lors de rendez-vous nocturnes, convaincus que l’homme leur garantirait un départ sûr vers l’Argentine. Malheureusement, ces disparus ne faisaient que renforcer le sinistre mystère des événements de la rue Le Sueur.
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Un homme aux multiples visages et au passé trouble
L’étau se resserre en octobre 1944, et l’homme est finalement arrêté à la station Saint-Mandé – Tourelle. Durant son procès, il tente de se défendre en expliquant que ses victimes auraient été des collaborateurs ou des criminels nazis, éliminés pour la cause. Mais cette version s’effondre lorsqu’une femme reconnaît dans les effets personnels exposés ceux de son époux disparu, Joachim Guschinow, un fourreur juif. Les objets retrouvés et les identifications qui suivent, comme ceux du petit René Kneller, disparu avec ses parents. révèlent que les victimes du “Docteur Satan” étaient en réalité des civils fuyant la Gestapo, abusés par un homme exploitant leur désespoir. Sous ses airs de résistant, Marcel Petiot s’est révélé être un manipulateur profitant de la guerre pour commettre des meurtres en série.
Né en 1897 à Auxerre, Marcel Petiot, n’était pas inconnu des autorités. Charismatique, apparemment irréprochable et jouissant d’une certaine reconnaissance, son passé était néanmoins marqué par des séjours en hôpital psychiatrique et des condamnations pour divers délits. Il fut également réformé pendant la Grande Guerre pour “déséquilibre mental”, et c’est pour échapper à la police qui le soupçonnait dans le cas de morts mystérieuses dans son entourage qu’il finit par quitter sa ville natale de Villeneuve-sur-Yonne pour Paris.
Son procès, débuté le 18 mars 1946, mit en lumière un homme aux capacités d’éloquence et de manipulation déroutantes. Caché sous une fausse identité au sein des Forces Françaises de l’Intérieur, il réussit même à gravir les échelons jusqu’à obtenir un poste de responsabilité dans l’épuration des collaborateurs. Marcel Petiot fut condamné à mort pour 24 des 27 meurtres, et son exécution eut lieu le 25 mai 1946 à la prison de la Santé. Fidèle à son cynisme, il commenta, avant de mourir : « Je suis un voyageur qui emporte ses bagages. »
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Image en Une : Marcel Petiot surnommée Docteur Satan lors de son procès
Mélina Hoffmann