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Marguerite Durand, une frondeuse en lutte pour l’égalité des sexes

Madame Marguerite Durand [féministe française] : [photographie de presse] / [Agence Rol], 1910

D’abord connue pour ses rôles d’ingénue sur les planches de la Comédie-Française, Marguerite Durand suit finalement les pas de son mari Georges Laguerre en s’engageant dans le journalisme sans grande conviction. Après La Presse, puis Le Figaro, elle s’éveille aux combats féministes et décide de créer le quotidien généraliste La Fronde, entièrement tenue par des femmes. Dans une démarche humaniste, elle revendique l’égalité des sexes et la participation active des citoyennes en s’imposant dans la vie publique au tournant du XXe siècle.

Une ingénue sur les planches

Née le 24 janvier 1864, Marguerite Durand grandit au couvent des Dames Trinitaires, avant d’entrer en tant que comédienne au Conservatoire en 1879, puis à la Comédie-Française en 1881. Connue pour ses rôles d’ingénue, la jeune pensionnaire est malmenée sans égard par la critique de l’époque, louant son “attrayant visage”, mais la jugeant “médiocre” : “Il n’y a plus rien à attendre de cette jeune personne”, peut-on lire dans Le Temps. Malgré ses nombreux efforts, Durand finit par quitter les planches en 1888, s’essaye au chant durant un temps, avant d’épouser l’avocat boulangiste Georges Laguerre.

Portrait en pied de Marguerite Durand : [photographie] / photo de Otto, 1903 - © Ville de Paris / BMD
Portrait en pied de Marguerite Durand, photographie d’Otto, 1903 – © Ville de Paris / BMD

L’entrée dans le journalisme

Son union avec Georges Laguerre, alors directeur du journal boulangiste La Presse, fait entrer Marguerite Durand dans le journalisme, devenant co-directrice du quotidien. À la suite de son divorce, elle rejoint Le Figaro et dirige la rubrique Le Courrier du Figaro dès 1891, répondant aux interrogations du lectorat sur l’actualité. Si Durand reste en premier lieu indifférente aux combats féministes, son refus d’écrire un papier railleur envers le Congrès international des femmes de 1896 va bientôt changer la donne : “Je fus frappée par la logique du discours, le bien-fondé des revendications et la maîtrise, qui savait dominer l’orage et diriger les débats, de la présidente Maria Pognon”. Sensibilisée à la lutte, la journaliste quitte dès lors la rédaction du Figaro et décide de s’engager.

Jules Cayron, Portrait de Marguerite Durand, 1897
Jules Cayron, Portrait de Marguerite Durand, 1897

La Fronde pour l’égalité des sexes

Déterminée, Marguerite Durand fonde en 1897 La Fronde, un quotidien entièrement rédigé, administré, fabriqué et distribué par des femmes, prouvant ainsi leur capacité à penser des sujets d’actualité, à une époque où le journalisme est tenu par les hommes. À ses côtés, la philosophe Clémence Royer, la journaliste Séverine, la romancière Jeanne Loiseau, l’avocate Jeanne Chauvin, la pharmacienne Blanche Galien ou l’astronome Melle Klumke.

Une de La Fronde du 1er janvier 1897.
Une de La Fronde du 1er janvier 1897.

Si la rédaction est féminine, le journal partage l’information générale et ne se revendique pas explicitement féministe : il défend en premier lieu une égalité des sexes et la possibilité pour les femmes d’exister dans la sphère publique en donnant leur avis sur la politique, l’art, la finance ou le sport. Cela n’empêche pas pour autant le quotidien d’avoir de nombreux détracteurs, qui le surnomment ironiquement “Le Temps en jupons”.

Un engagement humaniste

Au-delà de ses activités journalistiques, Marguerite Durand poursuit un combat qu’elle veut en premier lieu humaniste. Celle-ci se présente alors aux élections législatives du 9e arrondissement de Paris. Mais face au refus de sa candidature par le préfet de Seine, celle-ci témoigne dans Le Figaro : “Il me semble que l’accession des femmes aux fonctions législatives était souhaitable parce qu’elles auraient apporté dans nos méthodes politiques un élément nouveau. […] En tous cas, nous ne nous laisserons pas abattre par cet insuccès”. Sa proposition de créer un Office du travail féminin ne reçoit, elle aussi, aucun soutien.

Affiche : Le féminisme et la politique : conférence par Marguerite Durand candidate aux élections législatives de 1910 dans le IXe arrondissement
Affiche : Le féminisme et la politique : conférence par Marguerite Durand candidate aux élections législatives de 1910 dans le IXe arrondissement

En 1931, cinq ans avant sa mort, elle fait don de toute sa documentation autour de La Fronde à la Ville de Paris. Un grand nombre de ces archives se trouve aujourd’hui à la bibliothèque Marguerite-Durand, dans le 13e arrondissement, parmi un ensemble de documents dédiés à l’histoire du féminisme.

Romane Fraysse

À lire également : Les combats de La Fronde, premier quotidien français dirigé par des femmes

Image à la une : Madame Marguerite Durand, Agence Rol, 1910

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