Certains destins ont marqué l’histoire de Paris, comme celui de cette incroyable femme aux mille vies qui fut espionne, aviatrice, prostituée et même politicienne ! Oscillant entre réalité et fantasme, ce personnage haut en couleurs et controversé n’a laissé personne indifférent, et aujourd’hui encore, une célèbre loi porte son nom… Voici le portrait passionnant de la fameuse Marthe Richard.
Un début de vie difficile
Marthe Betenfeld naît en 1889 en Meurthe-et-Moselle, dans une famille pauvre de laquelle elle s’échappe pour éviter la vie de couturière qui l’attend. Fuyant à Nancy, elle tombe amoureuse d’un soit disant sculpteur italien qui s’avère en fait être un proxénète et la met sur le trottoir… Pire encore, il la fait entrer dans un bordel à soldats où elle doit enchaîner plus de 50 passes par jour ! À seulement 16 ans, Marthe contracte la syphilis, elle est renvoyée du bordel pour l’avoir transmise à un soldat et fichée par la police comme prostituée mineure.
Une aviatrice survivante
Forcée de se réfugier Paris, elle entre dans des maisons closes de haut standing où elle rencontre, en 1907, celui qui deviendra son mari : Henri Richer. C’est un riche industriel qui lui transmet sa passion pour l’aviation, à tel point que Marthe Richer obtient même son brevet d’aviation en 1913. Déjà survivante de la syphillis (ce qui est encore rare à l’époque), elle réchappe cette fois à un terrible accident qui lui vaut 3 semaines de coma et des séquelles à vie ! Cela ne l’empêche pas de vouloir intégrer l’armée de l’air lorsque la Première Guerre mondiale éclate, mais celle-ci n’accepte pas encore les femmes… Son mari, quant à lui, décède au front en 1916.
Une espionne au service de la France
Devenue amante de l’anarchiste Jean Violan, Marthe intègre le bureau d’espionnage du capitaine Georges Ladoux, sous le nom de code “L’Alouette“. Elle part en Espagne pour approcher Hans von Krohn, l’attaché naval de l’ambassade allemande à Madrid, mais elle devient sa maîtresse… et donc un agent double ! Sa mission est révélée dans la presse, de retour en France elle est renvoyée comme Mata Hari, et le capitaine Ladoux est arrêté. Pendant la Seconde guerre mondiale, elle intègre les Forces françaises de l’intérieur, et devient une grande résistante. Héroïne des deux guerres, Marthe (désormais autoproclamée “Richard”) est finalement élue conseillère dans le 4e arrondissement de Paris en 1945.
La loi Marthe Richard
Dès sa prise de poste, elle dépose un projet pour faire interdire les maisons closes avec comme leitmotiv “Les femmes ne sont pas des esclaves”. Malgré la pression des tenanciers, mais aussi de la police qui y trouve de nombreux indic’, et des hommes politiques qui y ont leurs habitudes, tous les bordels sont fermés en 3 mois… Lui valant le surnom devenu historique de la “veuve qui clôt” ! Mais quelques années plus tard, Marthe Richard tente de faire machine arrière sur sa loi. En effet, la fermeture des maisons de plaisir n’a fait qu’empirer les conditions de travail des prostituées, qui se retrouvent à la rue dans des conditions d’hygiène déplorables ! Elle propose alors de rouvrir des établissements, mais sans succès… Cette femme au destin rocambolesque décède en 1982 à 93 ans et repose désormais au célèbre cimetière du Père Lachaise à Paris.
Crédit photo de une : Marthe Richard © ECLAIR MONDIAL / SIPA
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A. C.