Connaissez-vous l’histoire de Médor, ce fidèle chien devenu la mascotte du musée du Louvre au XIXe siècle ?

Indissociable de l’histoire de Paris, la construction du palais du Louvre s’étend sur plus de 800 ans, de résidence royale à temple de l’art. Musée le plus visité au monde, ce somptueux palais abrite des milliers d’œuvres d’art de toutes les époques qui font le bonheur des millions de touristes qui y viennent chaque année. Mais les tableaux et les sculptures ne sont pas les seuls à peupler les couloirs de ce musée, le Louvre est aussi connu pour une étonnante légende qui a marqué le peuple français… et l’on ne parle pas du fantôme de Belphégor !

Trois jours qui ont plongé la capitale dans le sang

Pour mieux comprendre cette légende à l’impact immense, il faut remonter le temps jusqu’au XIXe siècle, et plus particulièrement en juillet 1830, alors que Paris est au bord de l’implosion. Des ordonnances royales censurent la presse et limitent le corps électoral, la capitale s’insurge, les Parisiens se soulèvent, dressent des barricades dans les rues et affrontent les forces armées, et ce qui est d’abord une révolte va se transformer en révolution. Un événement certes rapide, puisqu’il ne durera que trois jours et s’étendra très peu hors de Paris, mais qui eut néanmoins de grandes conséquences à l’échelle nationale. La Révolution de 1830 a pour effet de placer sur le trône une monarchie proche des idéaux de 1789 tout en rassurant la bourgeoisie industrielle. Suite à ces “Trois Glorieuses”, c’est Louis-Philippe 1er, cousin de Louis XVI, qui est nommé roi des Français. Cette accession sur le trône marque ainsi la fin définitive de la monarchie absolue. Mais du côté de Paris, cette révolution a laissé de lourdes traces, à commencer par les nombreux cadavres, aussi bien dans le camp des soldats que dans celui des insurgés. Devant un tel nombre de cadavres, et à cause d’une chaleur étouffante, il est alors impossible d’organiser les moindres funérailles individuelles. Dans plusieurs sites emblématiques de la capitale, au Champ-de-Mars comme au niveau du pont de Grenelle, on creuse à la hâte plusieurs fosses communes auréolées d’une simple croix.

Une histoire qui va émouvoir le tout-Paris

Tandis que Louis-Philippe décide l’érection d’un monument en hommage aux insurgés tombés pendant la Révolution de Juillet, qui trône encore aujourd’hui sur une célèbre place, les cadavres viennent également remplir les sols face au Louvre, symbole du pouvoir à Paris. Il faudra d’ailleurs attendre 1840 pour que les fosses communes rouvrent et que les corps soient transférés sous ce célèbre monument. Du côté du Louvre, c’est entre la Colonnade et la rue de Rivoli que sont enterrés les insurgés ayant tenté de s’emparer du Louvre, mais tombés sous les balles des gardes. Un lieu où bon nombre de Parisiens s’y rendent peu après pour rendre hommage aux “héros du Louvre”. L’occasion pour certains d’assister à une scène assez inattendue : celle d’un chien, mal en point, demeurant couché à l’endroit où a été enterré son maître, au niveau de la Colonnade du Louvre. Refusant toute aide et nourriture, l’animal prénommé Médor préfère se laisser mourir, pourvu qu’il reste près de son défunt maître. Une histoire émouvante qui va se propager à la vitesse de l’éclair dans la capitale, les Parisiens étant toujours plus nombreux à se rendre sur place pour voir si cela est vrai. Une niche aux abords du palais est même construite.

Une histoire devenue l’incarnation de fidélité

Rien ne peut empêcher le chien de jurer fidélité à son maître, même lorsque des esprits malveillants tentent d’enlever le “chien du Louvre”, qui échappe à chacun de ses ravisseurs pour retourner près de la sépulture de son maître. Tout aussi inspirant que “La Liberté guidant le peuple”, la célèbre toile d’Eugène Delacroix inspirée de la Révolution des Trois Glorieuses, le récit émouvant du “chien du Louvre” sert même de propagande révolutionnaire. De nombreuses affiches célèbrent ce fidèle chien, à qui l’on dédie même un quatrain (“Depuis le jour qu’il a perdu son maître, Pour lui la vie est un pesant fardeau ; Par son instinct il croit le voir paraître, Ah! pauvre ami, ce n’est plus qu’un tombeau”). Au fil du temps, l’histoire de Médor perdra en intérêt et le chien disparaîtra sans que personne ne sache exactement où. Mais l’animal laissera néanmoins une trace indélébile, pas seulement à Paris mais dans le patrimoine français. Devenue un mythe, l’histoire de Médor viendra en effet inspirer des centaines de propriétaires de chiens. Médor, ou l’incarnation du chien fidèle, tout cela vient donc de cet événement majeur du XIXe siècle.

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Image à la une : Musée du Louvre © Adobe Stock