
Chaque jour, les Parisiens sont près de 4 millions à l’emprunter pour se rendre au travail ou rentrer chez eux. Plus de 300 stations, en attendant l’arrivée progressive de nouvelles lignes, et plus de 210 kilomètres de rails pour desservir les quatre coins de la capitale : que serait Paris sans son célèbre métro. Qu’on adore circuler au-dessus de la route ou de la Seine sur la ligne 6 ou qu’on râle parmi le demi-million d’usagers qui empruntent Châtelet-Les Halles chaque jour, le métro est aussi le théâtre d’histoires étonnantes, et ce depuis l’ouverture de la première ligne en 1900…
L’un des trajets les plus choquants du métro parisien
Si cela est un sujet très apprécié de critiques lorsque l’on évoque le métro à Paris, force est de constater que les accidents font malheureusement partie du quotidien. Tandis que certains peuvent être spectaculaires mais sans conséquences dramatiques, d’autres coûtent la vie. Suicides, arrêts cardio-respiratoires et donc accidents : entre 20 et 30 personnes décèdent chaque année dans le métro parisien, ce qui représente plusieurs milliers de morts depuis la mise en service des premières lignes au début du XXe siècle. Si cela demeure (heureusement) beaucoup plus rare, il arrive que des homicides soient également réalisés dans le métro. Ces dernières années, presque chaque homicide s’est soldé par l’arrestation du coupable. Mais comme dans tous bons romans policiers, il arrive que certains crimes demeurent un mystère. Et le crime parfait de 1937 en est le parfait exemple puisque, plus de 80 ans après les faits, nul ne sait ce qu’il s’est passé, et qui a pu commettre un tel acte. Nous sommes le dimanche 16 mai 1937, il est presque 18h30 et le métro de la ligne 8 vient de s’arrêter à la station Porte Dorée. À bord du wagon de première classe de la rame 382, un seul passager occupe les lieux : une jeune femme rousse vêtue d’une robe verte, qui semble assoupie sur son siège. Le métro est à peine reparti que, à la première secousse, la jeune femme tombe à terre dans une marre de sang, un couteau Laguiole est profondément enfoncé dans son cou. Inconsciente, elle est évacuée sur un brancard et décèdera quelques minutes plus tard.

Le meurtre parfait de la ligne 8
Que s’est-il passé ? Qui a fait ça ? Le casse-tête ne fait que commencer pour la police et les enquêteurs. La victime parvient à être identifiée grâce à ses papiers d’identité : il s’agit de Laetitia Toureaux, 29 ans, ouvrière dans une usine de cirage à Saint-Ouen, née en 1907 à Oyace en Italie et domiciliée dans le 20ème arrondissement. Veuve depuis peu, elle avait été aperçue quittant le bal de l’Ermitage à Charenton vers 18h, avant de monter dans un bus. Le conducteur affirmera l’avoir vu s’engouffrer dans le métro Porte de Charenton à 18h20. Dès lors, tout semble indiquer qu’elle a été tuée lorsque la rame roulait jusqu’à Porte Dorée, en l’espace d’une seule station, soit dans un laps de temps de moins de deux minutes. D’après les premières constatations, le coup de couteau a été si violent qu’il a pratiquement sectionné la moelle épinière, la victime ne s’est pas défendue, pas de traces d’agression sexuelle et elle a encore tous ses effets personnels sur elle. Par ailleurs, tous les témoins présents à la station Porte Dorée affirment qu’ils n’ont vu personne sortir du wagon. La victime était donc seule à bord lorsqu’elle a été tuée. Forcément, il ne faut pas longtemps pour que les médias, puis toute la France, se passionnent pour cette affaire hors du commun…
Crime passionnel ou vendetta, le mystère demeure…
Comme si l’enquête n’était pas assez compliquée, certains éléments vont faire de cette histoire un véritable scénario hollywoodien. Très vite, la police découvre que Laetitia Toureaux n’était pas qu’une simple ouvrière, mais également une professionnelle du renseignement travaillant pour une agence de détective chargée d’infiltrer certains milieux italiens. La jeune femme possédait ainsi des liens étroits avec La Cagoule, une organisation d’extrême-droite. Dans les années 30, de nombreux dissidents hostiles au régime fasciste de Mussolini étaient installés en France, notamment à Paris, et ceux-ci étaient surveillés par des informateurs mandatés par le “Duce”. Lætitia Toureaux, une espionne assassinée par un compatriote après dénonciation ? La piste devient sérieuse, bien qu’aucune preuve tangible ne soit déterrée… La Seconde Guerre mondiale éclatant peu de temps après, l’affaire met un terme à deux ans d’enquêtes infructueuses. Jusqu’à ce qu’un nouveau coup de théâtre éclate… en 1962. 25 ans après les faits, la police reçoit une lettre d’un médecin de Perpignan qui se déclare être l’assassin de Laetitia. Ayant agi par jalousie, l’homme serait passé d’un wagon à un autre grâce à un passe dite « clé pompier » et aurait profité de l’animation provoqué par l’ouverture des portes des rames pour aller dans le wagon de Laetitia, puis de la même façon pour en sortir. Malgré ces aveux, l’affaire ne sera pas réouverte et le meurtre de Laetitia Toureaux demeure, encore aujourd’hui, l’un des plus grands mystères de Paris !

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Image à la une : Métro Paris © Adobe Stock