Connaissez-vous la vérité derrière la mort tristement ridicule de ces deux rois de France en plein Paris ?

Du Ve siècle au XIXe siècle, la France a connu pas moins de 64 rois et 3 empereurs (Charlemagne, Napoléon Ier et Napoléon III) qui ont gouverné le royaume. Le premier roi des Francs a été Clovis 1er tandis que le dernier roi de France a été Louis Philippe Ier. Certains ont évidemment laissé une trace plus importante dans l’histoire du pays, qu’il s’agisse de Louis XIV, Henri IV ou Louis IX. Et d’autres n’ont pas vraiment eu le temps de marquer les esprits, comme le malheureux Louis XIX, fils de Charles X, qui n’a eu accès au trône que pendant 20 minutes, en 1830. Enfin, d’autres souverains ont fait parler d’eux à cause de leur mort aussi inattendue qu’insolite, encore plus quand celle-ci a lieu en plein Paris…

Pourquoi ne voit-on plus de cochons dans Paris ?

Dans la série des rois de France morts de manière ridicule, on connaît déjà Louis III (860-882) qui, frappé par la beauté d’une jeune pucelle, se mit à lui faire des avances gaillardes au raffinement douteux. Cette dernière prit peur et s’enfuit : en la poursuivant à cheval, le monarque heurta toutefois de plein de fouet un linteau de porte et mourut deux jours plus tard des suites de son traumatisme. Et que dire de Charles VIII, qui se cogna violemment la tête contre la poutre d’une porte en allant assister à une partie de jeu de paume et mourut lui aussi des suites de cet incident. Mais entre ces deux monarques, la couronne de France connut aussi un épisode tout aussi grotesque, au XIIe siècle. Dans l’idée d’assurer la continuité dynastique capétienne, Philippe de France est désigné comme le successeur de son père Louis VI le Gros à Senlis à l’occasion de la fête de Pâques en 1120, alors qu’il n’a que quatre ans. À l’âge de treize ans, il est même associé à son père sur le trône de France et sacré à Reims le dimanche 14 avril 1129. Mais le 13 octobre 1311, alors qu’il se déplace à cheval dans Paris à l’occasion d’un rassemblement de l’armée, un porc affolé se jette au pied de sa monture qui se cabre, le fait tomber et l’écrase lourdement. Transporté dans une maison voisine, Philippe meurt peu après de ses blessures.

Illustration de la mort de Philippe de France à cause d’un cochon © DR

Un accident vraisemblablement déterminant dans l’histoire de France

Bien qu’aucune preuve ne l’atteste, il semble que cet accident soit à l’origine de l’interdiction de la divagation des porcs dans les rues de Paris. Selon le médiéviste Michel Pastoureau, qui a consacré un ouvrage complet sur la mort peu familière de ce roi, la mort de ce roi au final peu connu aurait eu des conséquences importantes sur l’histoire de France. En effet, cette mort aurait poussé sur le trône un roi peu préparé au gouvernement, devenu Louis VII le Pieux, là où Philippe semblait avoir des dispositions pour une telle fonction. De plus, cette mort déshonorante pour la dynastie à cause d’un animal domestique considéré comme sale et impur, aurait pu pousser son père et les dynastes suivants à choisir comme emblème dynastique la sainte Vierge et ses attributs, à savoir la fleur de lys et le bleu. Ce dernier devient d’ailleurs la couleur de la France par excellence, même après la Révolution. Si elle n’est pas officiellement attestée, cette interprétation a su séduire de nombreux universitaires.

Louis VII le Jeune ou le Pieux prenant la bannière à Saint-Denis avant son départ en croisade en 1147 - Huile sur toile de Jean Baptiste Mauzaisse © Getty Images — Louis VII le Jeune ou le Pieux prenant la bannière à Saint-Denis avant son départ en croisade en 1147 – Huile sur toile de Jean Baptiste Mauzaisse © Getty Images

Un jour de fête pour le royaume qui vire au drame

Tout comme ses décisions ou ses actes, la mort d’un roi est un événement qui impacte fortement le royaume, encore plus quand celle-ci arrive de manière inattendue. Roi parfaitement représentatif de la Renaissance française, Henri II est reconnu pour avoir poursuivi l’œuvre politique et artistique de son père François Ier, son implication dans les guerres d’Italie et sa rivalité avec Charles Quint, et d’avoir finalement maintenu la puissance de la France. Mais Henri II est aussi connu à cause de sa mort totalement inattendue et accidentelle. Le 30 juin 1559, lors d’un tournoi organisé pour célébrer le double mariage de sa fille Élisabeth de France avec Philippe II d’Espagne et de sa sœur Marguerite de France avec le duc de Savoie, le roi est blessé d’un éclat de lance dans l’œil par Gabriel de Montgommery, capitaine de sa garde écossaise. Au cours d’une joute se déroulant rue saint-Antoine, alors la plus large de Paris, Henri II, est désarçonné de son destrier, tristement nommé “Malheureux”. Il est même grièvement blessé lorsqu’une écharde de la lance brisée passe au travers de son heaume et lui transperce l’œil. Transporté à l’hôtel des Tournelles, résidence royale toute proche située à l’emplacement de l’actuelle place des Vosges, le roi meurt dans d’atroces souffrances le 10 juillet, malgré l’intervention rapide des médecins et autres chirurgiens royaux. Pour ne rien arranger, son tombeau en la basilique Saint-Denis sera profané en pleine Révolution, tout comme de nombreux autres souverains, et son corps jeté dans une fosse commune.