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Ces rues parisiennes qui doivent leurs noms à d’anciens moulins

Le moulin de l’abbaye de Longchamp, plus ancien moulin existant encore à Paris. DR

Paris était autrefois peuplé de plus de 300 moulins, et si la grande majorité d’entre eux ont disparu du paysage urbain, leurs souvenirs persistent encore dans la toponymie des lieux. Rue du Moulin-de-Prés, rue du Moulin-des-Lapins ou rue de la Tour, plusieurs voies parisiennes racontent l’histoire d’une époque révolue.

La rue des Moulins

La rue des Moulins. DR
La rue des Moulins. DR

Ouverte en 1624, cette rue du 1er arrondissement s’étend sur 76 mètres. Partiellement détruite, elle menait à l’origine jusqu’à la butte des Moulins : haute d’une dizaine de mètres, cette petite colline érodée par la Seine se situait vers l’actuelle station de métro Pyramides et comptait, dès 1536, un grand nombre de moulins. Une localisation qui explique ainsi la toponymie de cette rue, dont on retrouve la première occurrence dans un manuscrit de 1636. C’est au milieu du XVIIe siècle qu’un maçon, dénommé Michel Villedo, rachète une partie du terrain et rase la butte. Plus tard, en 1876, un décret lié au traçage de l’avenue de l’Opéra annonce « la suppression des rues de l’Évêque, des Orties, des Moineaux, du Clos Georgeau et d’une partie de la rue des Moulins », comprenant sa partie sud, la plus ancienne.

Rue des Moulins, 75001 Paris

La rue du Moulin-des-Prés

Le passage du Moulin-des-Prés. DR
Le passage du Moulin-des-Prés. DR

Cette rue du 13e arrondissement est tout d’abord indiquée comme un petit chemin sur le plan d’Albert Jouvin de Rochefort, datant de 1672. Celle-ci prend d’abord le nom de chemin de la Butte-aux-Cailles, constituant une forte pente de la butte aux Cailles vers la vallée de la Bièvre. Elle devient finalement la rue du Moulin-des-Prés en rapport à un ancien moulin éponyme qui était situé à l’extrémité de la voie, au bord de la Bièvre. Ce moulin existait déjà au début du XVIe siècle et a continué de fonctionner jusqu’au XIXe siècle. On peut désormais découvrir une plaque sur le trottoir, rappelant l’emplacement de l’édifice en pierre aujourd’hui disparu.

Rue du Moulin-des-Prés, 75013 Paris

Le passage de la Tour-de-Vanves

Le passage de la Tour-de-Vanves. DR
Le passage de la Tour-de-Vanves. DR

C’est au sein du 14e arrondissement, au nord du quartier de Plaisance, que se trouve le joli passage pavé de la Tour-de-Vanves. En reliant l’avenue du Maine à la rue Asseline, cet axe de 120 mètres ne fait que 4 mètres de large et garde des airs de petit village. À l’origine, cette voie amenait en fait à un moulin à vent, nommé la tour de Vanves, qui était situé près de l’actuelle rue Raymond-Losserand. Dans le journal La Liberté du 1er novembre 1913, on peut en effet lire : « Le passage de la Tour-de-Vanves (110 mètres, entre l’avenue du Maine, 1444, et la rue Sainte-Alice, 11) qui, jusque dans ces derniers temps, n’était qu’une impasse ouverte à l’avenue du Maine, tient son nom de ce fait qu’il conduisait autrefois au moulin de la Tour de Vanves ». Depuis le Moyen Âge, ce quartier était en effet composé d’un grand nombre de moulins, dont le dernier subsiste encore au cœur du cimetière de Montparnasse.

Passage pavé de la Tour-de-Vanves, 75014 Paris

La rue du Moulin-des-Lapins

La rue du Moulin-des-Lapins. DR
La rue du Moulin-des-Lapins. DR

C’est d’ailleurs non loin de ce passage que se trouve la rue du Moulin-des-Lapins. Un nom bien curieux qui proviendrait d’un ancien lieu-dit du XIXe siècle, où se trouvait un moulin éponyme. Longeant l’ancien château du Maine, cette rue demeurait hors des barrières de Paris. C’est là que se trouvait d’ailleurs un marchand de vin, qui vendait sa boisson moins chère en raison de l’absence de taxe de l’octroi, une douane citadine de la capitale. L’une des premières goguettes de la région parisienne y est donc née, et était fréquentée par un grand nombre de Parisiens, à en croire la presse de l’époque : « Les habitués se multiplièrent, et pour se reconnaître ils prirent le nom de lapins, que portait le lieu de la réunion. Dans la suite on y chanta Bacchus, l’Amour et la Folie, et c’est cette société qui fut la mère de toutes les sociétés chantantes qui s’installèrent dans la capitale ».

Rue du Moulin-des-Lapins, 75014 Paris

La rue du Moulin-Vert

La rue du Moulin-Vert. DR
La rue du Moulin-Vert. DR

On reste encore dans le 14e arrondissement, puisque c’est dans la rue du Moulin-Vert que nous nous dirigeons désormais. Cette voie, souvent traversée par Alberto Giacometti, est formée de trois sections d’anciennes rues : le chemin des Bœufs appartenant aux Cordelières Saint-Marcel, le passage de la Chaumière, ainsi qu’une troisième partie comprise entre les rues Didot et de Gergovie. Une fois le tout réuni, celle-ci a pris le nom d’un ancien moulin réaménagé en guinguette, comme cela se faisait souvent au XIXe siècle. Là encore, la rue demeurant à l’extérieur de Paris, les commerces n’étaient alors pas contraints de payer l’octroi, et le vin demeurait moins cher. Le Moulin vert était alors connu pour être un lieu festif, attesté comme étant le siège de la société chantante des Lapins Verts en 1830.

Rue du Moulin-Vert, 75014 Paris

La rue du Moulin-de-la-Vierge

Le jardin du Moulin-de-la-Vierge - © Ville de Paris
Le jardin du Moulin-de-la-Vierge – © Ville de Paris

Toujours dans le quartier de Plaisance, le nom d’une rue et d’un jardin est plus qu’intrigant : le Moulin-de-la-Vierge. Situé non loin du moulin de la Charité ou du moulin des Cornets, un vieux moulin existait en 1330 et détenait un petit oratoire à la Vierge sur son portail. Celui-ci était sculpté d’une figure virginale entourée de petites trois têtes d’anges. Ainsi, la rue qui accueillait cet édifice a tout naturellement pris le nom qu’on lui connaît encore aujourd’hui. Le moulin a quant à lui cessé d’être en activité au cours du XIXe siècle, pour accueillir une guinguette très appréciée par les Parisiens.

Rue du Moulin-de-la-Vierge, 75014 Paris

La place du Moulin-de-Javel

Située en face de Passy, cette place du 15e arrondissement possède un nom mêlant deux instances : tout d’abord, il fait référence à un ancien moulin à vent nommé le « moulin de Javet », qui existait avant 1629. Mais « Javet » est au fil du temps devenu « Javel » par rapport à l’usine qui a été construite dans le secteur en 1777, spécialisée dans la production d’eau de Javel. Toujours est-il qu’à cette époque, cette ancienne plaine éloignée des tumultes de la ville était un lieu de quiétude, avec son fleuve et son moulin, à la fois auberge et guinguette. On y trouvait des aristocrates, des bourgeois, et des artistes de l’Opéra venant souvent s’adonner à des relations adultérines. Désormais, il n’existe de cette époque plus qu’une place, assez lugubre, qui porte le nom d’un moulin pourtant très festif !

Place du Moulin-de-Javel, 75015 Paris

La rue de la Tour

La rue de la Tour. DR
La rue de la Tour. DR

Appartenant à l’ancienne commune de Passy, cette voie était autrefois nommée le chemin des Moines, puisqu’elle menait au couvent des Bonshommes de Chaillot. C’est à la fin du XVIIIe siècle que la rue prend alors le nom de « Moulin-de-la-Tour », en référence au moulin qui avait été aménagé sur une tour, à l’emplacement de l’actuel n° 86. Mais d’où provenait donc cette tour ? Autrefois, ces terres appartenaient au roi Philippe IV le Bel, qui y possédait un manoir doté de remparts en pierre. Après avoir servi de prison durant la Révolution française, la tour de cette ancienne bâtisse est ensuite devenue un moulin restauré sous le Premier Empire, puis en 1897. Celle-ci existe encore de nos jours, et peut s’apercevoir depuis la cour d’une école.

Rue de la Tour, 75016 Paris

Romane Fraysse

À lire également : Quand Paris s’animait au vent des moulins

Image à la une : Le moulin de l’abbaye de Longchamp, plus ancien moulin existant encore à Paris. DR

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