Le “bistrot” est l’un de ces termes typiquement parisiens comme il y en a plein ! S’ils prennent diverses formes aujourd’hui, les bistrots parisiens étaient, à l’origine, des petits cafés sans prétention tenus par ceux que l’on appelait les “bougnats” – des immigrants auvergnats qui quittent leurs terres pauvres durant la Révolution industrielle pour s’installer à Paris et ouvrir leur petit commerce. On reconnaissait ces établissements à leur atmosphère très populaire. Aménagés autour d’un grand bar en zinc et agrémentés de quelques tables en bois ou en fer recouvertes de nappes vichy ou en papier, ce sont essentiellement des lieux de passage dans lesquels on vient pour boire un café ou une bière et, même parfois, se restaurer à moindre prix.
L’étymologie du mot elle-même est, cependant, encore largement discutée. Certaines analyses portent à croire qu’il s’agirait d’un régionalisme importé à Paris au 19ème siècle. Le terme “bistrot” pourrait alors tiré son origine du mot “bistraud” qui, dans le dialecte poitevin, désignait d’abord “un domestique”, puis “un marchand de vin”. Pour d’autres, il serait à rapprocher du mot “bistouille” utilisé pour parler d’un café additionné d’eau-de-vie typique du nord de la France, ou bien encore de l’argot “bistingo” signifiant “cabaret”.
Mais, la légende populaire tend plutôt à rapprocher l’origine du mot “bistrot” de l’occupation russe après la campagne de France de 1814. En effet, on a retrouvé sur la façade du restaurant de la Mère Catherine sur la place du Tertre, à Montmartre, une plaque expliquant l’étymologie de ce terme. Selon l’inscription, les cosaques, stationnés à Paris après la défaite de Napoléon 1er, avaient pour habitude d’aller s’abreuver en douce dans les cafés de la ville pendant leur service. Craignant de se faire surprendre par leur hiérarchie, ils interpellaient impatiemment les cafetiers pour qu’ils les servent, en leur criant en russe “Bistro ! Bistro !”, ce qui signifiait “Vite ! Vite !”.
Frappés par l’exotisme de cette expression, les tenanciers s’en seraient inspirés pour rebaptiser leurs cafés. Toutefois, à en croire les linguistes, cette anecdote, aussi amusante soit-elle, ne semble pas, pour autant, se vérifier. Selon eux, il s’agirait d’un terrible anachronisme dans la mesure où la première attestation de ce mot, dans la littérature, ne date que de 1884.