
C’est au sud de Paris, dans le quartier de Vaugirard (15e) que se trouve le parc Georges-Brassens. Avec sa colline recouverte de vignes et son jardin aux dizaines de plantes aromatiques, ce terrain de 8,7 hectares invite à la rêverie sous les arbres. On est alors loin de se douter qu’il accueillait autrefois les abattoirs de Vaugirard, dont certains vestiges architecturaux persistent encore dans le paysage. Bien heureusement, celui-ci dégage aujourd’hui une atmosphère plus festive, avec un théâtre, des spectacles de marionnettes, ainsi qu’un marché du livre ancien et d’occasion ouvert depuis 1987.
Les abattoirs de Vaugirard
Au début du XIXe siècle, la capitale commence à être repensée au regard des nouvelles normes hygiénistes. Avant l’intervention du baron Haussmann, Napoléon Ier ordonne la création de nouveaux jardins publics et d’abattoirs situés dans des établissements hors de la ville. Ces derniers sont alors installés à Miromesnil, Villejuif, Ménilmontant, Montmartre et Grenelle, alors placés à la périphérie de Paris.

Le projet est alors lancé en 1810, et les abattoirs de Grenelle n’ouvrent leurs portes qu’en 1818. Mais les grands travaux initiés par le baron Haussmann au sein de la ville changent complètement la cartographie de ces lieux d’abattage, qui doivent aussi faire face à une demande grandissante. Entre 1860 et 1867, les grands abattoirs de la Villette sont alors édifiés pour accueillir le bétail, et trente années plus tard, ce sont ceux de Vaugirard qui voient le jour sous la direction d’Ernest Moreau. Ouverts de 1894 à 1976, ceux-ci ont pris place sur d’anciens vignobles de Périchot avec une halle aux chevaux et un marché à la criée.
Des vestiges encore visibles
Les abattoirs de Vaugirard ont poursuivi leur activité durant un siècle. Mais avec l’arrivée de nouveaux systèmes de réfrigération, et face aux plaintes des riverains quant à l’odeur, ceux-ci connaissent un ralentissement progressif et ferment définitivement leurs portes en 1978. Certains éléments architecturaux sont toutefois restés sur place, et rappellent l’histoire de ce lieu.

L’entrée principale donnant sur la rue des Morillons a conservé ses pavillons latéraux, ainsi que les deux arcs surmontés de taureau en bronze. Du côté de la rue Brancion, on peut encore voir les vestiges de la halle aux chevaux édifiée en 1907, un hangar à fourrage, ainsi que l’ancien bâtiment des services vétérinaires. Des bas-reliefs illustrent alors plusieurs portraits de vétérinaires et zoologistes illustres, tandis qu’un monument aux morts rend hommage aux bouchers décédés lors de la Grande Guerre.

À l’intérieur du parc, on retrouve également l’ancien beffroi ayant appartenu au marché à la criée, surmonté d’une horloge à quatre cadrans. Plusieurs statues ornent aussi les jardins : celle de François-Xavier Lalanne représentant L’Âne, et Les Taureaux d’Isidore Bonheur, ainsi que Le Porteur de viande d’Albert Bouquillon.
Des cultures
Détruits en 1978, les abattoirs de Vaugirard sont repensés dans les années 1980 par les architectes Alexandre Ghiulamila et Jean-Michel Milliex avec le paysagiste Daniel Collin pour devenir un jardin public. C’est en 1985 que celui-ci ouvre sous le nom de Georges Brassens, le chanteur ayant vécu non loin de là , au 42 rue Santos-Dumont. On y trouve alors plusieurs espaces aménagés, dont un Jardin des senteurs contenant 80 variétés de plantes aromatiques et médicinales.

Sur une colline, des vignes de pinot noir s’étendent sur 1 200 m2, renvoyant aux anciens pieds de Périchot qui étaient cultivés sur ces terres au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, ces vignes produites sous l’appellation « Clos des Morillons » sont vendues aux enchères publiques à la mairie du 15e arrondissement. À côté de cela, plusieurs animations sont organisées dans le parc, comme le fameux théâtre de marionnettes, ainsi que le théâtre Silvia-Monfort qui s’est installé dans un bâtiment situé dans l’ancienne rampe d’accès des abattoirs. Enfin, un marché du livre ancien et d’occasion se tient chaque week-end dans l’ancienne halle aux chevaux.
Un marché sous les halles
Aujourd’hui, l’un des rendez-vous phares du parc Georges-Brassens reste très certainement le marché du livre ancien et d’occasion, installé sous l’ancienne halle aux chevaux. Créé en 1987 par le Groupement d’information promotion presse édition (GIPPE), celui-ci se tient tous les samedis et dimanches de 9 h à 18 h.

Une cinquantaine de bouquinistes s’y retrouvent, pour proposer, comme son nom l’indique, des livres anciens et d’occasion, mais aussi des cartes postales, des DVD, des partitions, des vinyles, des bandes dessinées ou encore des affiches. On peut également tomber sur des ouvrages plus rares, édités aux XIXe et XXe siècles, ainsi que d’anciens journaux de presse. Le marché est pourtant régulièrement menacé de fermeture et se bat dur comme fer pour assurer sa pérennité.
Romane Fraysse
Parc Georges-Brassens
2 place Jacques Marette, 75015 Paris
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Image à la une : Le beffroi du parc Georges-Brassens – © Ville de Paris