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Saviez-vous que la construction d’un “faux Paris” fut à deux doigts d’être réalisée en pleine Première Guerre mondiale ?

Paris © Adobe Stock

Tout comme de nombreux pays, la France connaît une période sombre de 1914 à 1918, années de la tristement célèbre Première Guerre mondiale. Un conflit terrible durant lequel la ville de Paris subit de plein fouet les affres de la guerre, avec des bombardements qui font des dégâts terribles.

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Une menace qui vient désormais du ciel

Plusieurs arrondissements et, surtout, plusieurs monuments emblématiques de la capitale sont touchés, à l’image du stade olympique de Colombes, la maison d’éducation de la Légion d’Honneur ou encore Notre-Dame de Paris. Outre les bouleversements qu’elle a provoqué ou le nombre édifiant de morts, la Première Guerre mondiale reste également dans les mémoires pour marquer les grands débuts de l’aviation dans un conflit. Encore balbutiante dans les premiers mois du conflit, celle-ci est essentiellement utilisée pour des missions de reconnaissance et d’observation au-dessus des lignes de front. Mais dès le 30 août, deux aviateurs ennemis profitent des premières avancées de l’armée allemande pour décoller depuis la Picardie et pousser jusqu’à Paris. La capitale subit alors le premier bombardement aérien de son histoire : quatre bombes de deux kilos viennent s’abattre sur le XXe arrondissement, entre la rue des Marais et le quai de Valmy. Si l’on dénombre “seulement” deux femmes légèrement blessées et une vitrine pulvérisée, le choc est total : Paris est à la merci de l’ennemi et les dégâts pourraient vite être plus importants. Pour ne rien arranger à la situation, les deux aviateurs en ont également profité pour lâcher une oriflamme aux couleurs allemandes, des tracts et un message signé du pilote en personne, le lieutenant Ferdinand von Hiddessen. Celui-ci est plus que direct : “L’armée allemande est aux portes de Paris, vous n’avez plus qu’à vous rendre”.

Au lendemain de bombardements rue du Borrégo en janvier 1916 © Agence Rol
Au lendemain de bombardements rue du Borrégo en janvier 1916 © Agence Rol

Un projet fou pour tromper l’ennemi

Une menace aérienne qui s’intensifie dès l’année 1915, alors que les immenses Zeppelin viennent s’ajouter aux appareils légers de l’aviation allemande. Toujours dans cette volonté d’attaquer le moral des forces françaises, les attaques vont se multiplier au fur et à mesure que le conflit avance. Après les 26 morts du 29 janvier 1916, dus au lâcher de bombes d’un Zeppelin du côté de Belleville et de Ménilmontant. Le 31 janvier 1918 voit aussi une escadrille de bombardiers frapper le cœur de Paris en pleine nuit. Un chapitre terrible dans l’histoire de la Première Guerre mondiale où l’on recense 61 morts et près de 200 blessés. Entre ces deux attaques parmi les plus marquantes, un étonnant projet voit le jour dans les bureaux du secrétariat d’Etat à l’Aéronautique français et de la DCA (Défense Contre Aéronefs). Pour exploiter le point faible des bombardiers allemands, à savoir qu’ils ne sont pas équipés de radars, on imagine alors la création d’une ville factice à partir de faux foyers lumineux pour tromper l’ennemi. Au début de l’année 1918, il est donc décidé de recréer un “faux Paris”, ainsi qu’un faux Saint-Denis, qui accueillait alors d’importantes usines. Cette capitale factice serait implantée du côté de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, Saint-Denis au niveau de l’actuel aéroport de Roissy, et d’autres fausses usines à l’Est de Paris, vers Chelles.

Plan du Faux Paris © L’Illustration n°4048
Plan du Faux Paris © L’Illustration n°4048

Une illusion stoppée net… par l’Armistice

Pour reproduire Paris, la zone entre Maisons-Laffite et Conflans-Sainte-Honorine est choisie car son bras de Seine est assez similaire à celui qui traverse la capitale. Aussi ambitieux soit-il, ce projet fou ne sera jamais opérationnel. Une seule installation eut le temps d’être en partie accomplie avant la fin de la guerre : le faux Saint-Denis, entre Villepinte et Seyran. Pour l’anecdote, ce projet fut confié à un ingénieur électricien du nom de Fernand Jacopozzi, le même qui illuminera quelques années plus tard pour la première fois la tour Eiffel et les Champs-Élysées. Tout avait été pensé pour l’occasion, y compris l’illusion de trains autour d’une fausse Gare de l’Est grâce à de grandes plaques de bois avec un éclairage latéral reproduisant celui des fenêtres. Quant au train en marche, il consiste en un éclairage qui court progressivement sur une distance représentant celle d’un train normal, jusqu’à 1 800 à 2 000 mètres du point de départ. L’utilisation de ces premières répliques eut toutefois un intérêt limité, car les premières ne furent achevées qu’en septembre 1918… deux mois seulement avant l’Armistice. Par conséquent, le projet est abandonné et l’efficacité de ces répliques ne pourra jamais être prouvée. Seules deux photographies, publiées dans L’Illustration, figurant la fausse gare de l’Est et l’illusion d’un train en marche, parviennent encore jusqu’à nous pour offrir une vague idée de la forme des constructions. S’il n’aura jamais vu le jour, le projet du “faux Paris” eut au moins le mérite d’inspirer par la suite d’autres pays, comme la reproduction dans le désert de l’Utah de certains quartiers de Berlin et de Tokyo ou la dissimulation de la ville d’Alexandrie et du canal de Suez grâce à de faux bâtiments et un jeu de miroirs.

Photo d’un faux train en marche © The Science Book
Photo d’un faux train en marche © The Science Book

 

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Image à la une : Paris © Adobe Stock

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