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Portrait : Joséphine de Beauharnais, première Impératrice des Français

De fille d’aristocrates désargentés à Impératrice des Français, en passant par le titre de vicomtesse, Joséphine de Beauharnais semble avoir eu plusieurs vies. A la fois atout et point faible de Napoléon Ier, dont elle fut l’amour de sa vie, elle symbolisa toute sa vie le raffinement.

Début de vie : de la Martinique à  Paris

Marie-Josèphe-Rose de Tascher de La Pagerie est née le 23 juin 1763 aux Trois-Îlets en Martinique. Ses parents sont issus de la petite aristocratie et ils possèdent une plantation, la Petite Guinée, où elle grandit avec ses deux sœurs. Malgré les difficultés financières que connaissent ses parents, elle vit une enfant joyeuse dans la nature luxuriante de la Martinique.

Elle gardera de son enfance aux Antilles l’habitude de croquer de la canne à sucre, ce qui lui abîmera les dents. Elles étaient tellement gâtées qu’elle optera pour un sourire fermé énigmatique, pour lequel elle est encore célèbre aujourd’hui.

La tante de Rose, qui a épousé du marquis François de Beauharnais, souhaite établir ses nièces. Pour épouser le fils que son mari a eu d’une première union, Alexandre, elle pense à la sœur de Rose, Catherine-Désirée. Cependant, cette dernière est déjà morte de la tuberculose lorsque la demande en mariage arrive à la Martinique. C’est donc Rose qui est choisie pour épouser le vicomte Alexandre de Beauharnais. A l’été 1779, elle quitte la Martinique pour la France, où elle l’épouse en décembre 1779 à l’âge de 16 ans.

Le couple s’installe à Paris et elle s’habitue rapidement à ce nouveau luxe mais elle n’est pas heureuse dans son mariage : tandis qu’elle reproche à son mari son absence quasi-permanente, il la juge sotte et sans éducation. Malgré tout, un enfant, Eugène, vient couronner leur union en 1781. Le couple se rapproche brièvement, mais Alexandre s’éloigne de nouveau. Ils auront tout de même un deuxième enfant, Hortense, bien que le vicomte de Beauharnais ait eu des doutes sur sa paternité. Finalement, le couple se sépare en 1785 et Rose est libre.

 

Une vie mouvementée

À 20 ans, Rose commence une vie mondaine à laquelle elle prend goût. Elle s’installe à Fontainebleau et on dit même qu’elle fréquente la cour de Louis XVI. Elle connait des soucis financiers en raison du retard fréquent qu’Alexandre prend pour lui verser la pension alimentaire : elle retourne alors avec sa fille Hortense aux Antilles où elle brille dans la société martiniquaise.

Mais la Révolution Française ne tarde pas à gagner la Martinique. En 1790, elle s’enfuit avec sa fille pour la France. Entre temps, Alexandre de Beauharnais a gravi les échelons politiques et joue un rôle très important dans la nouvelle Assemblée constituante, dont il devient le président en 1791. Rose profite alors de la réputation de son ex-mari pour se présenter dans les soirées comme son épouse. Mondaine, elle ne prend aucune direction politique mais entretient des salons.

La cocarde de William James Grant. Josephine de Beauharnais et sa fille Hortense en 1860 / Musée de la Révolution française

Pourtant, le rêve ne dure pas longtemps : comme beaucoup d’hommes politiques après lui, Alexandre de Beauharnais est accusé d’être contre-révolutionnaire : il est arrêté en 1794. Rose ne tarde pas à le rejoindre en prison, l’été suivant. Alexandre de Beauharnais est guillotiné peu avant la chute de Robespierre qui met fin au régime de la Terreur : les prisons sont ouvertes et Rose est libérée.

Libre, certes, mais ruinée. Grâce à des pirouettes mondaines, elle parvient à se retrouver une fortune et fréquente les noms les plus importants du régime qui a suivi la Terreur, le Directoire. Elle entretient même une relation avec Paul Barras, l’un des Directeurs de la République.

Le mariage avec Napoléon Bonaparte

A la suite d’une insurrection de Royalistes en 1795, un décret est signé pour interdire aux Parisiens de conserver des armes. Le sabre d’Alexandre de Beauharnais est donc confisqué. Quelques jours plus tard, Eugène de Beauharnais alors adolescent, se rend chez un certain général corse pour demander à récupérer l’arme de son père. Ce dernier, touché, accepte. Le lendemain, Rose se rend à son tour chez cet officier pour le remercier : elle fait alors la connaissance de Napoléon Bonaparte.

Ce dernier s’éprend immédiatement de cette femme de six ans son aînée, séduit par ses manières exotiques. Il multiplie les visites chez elle et une relation ne tarde pas à se nouer entre eux. Elle, sans être vraiment amoureuse, flaire l’homme d’avenir dans le petit officier corse désargenté. Passionné et possessif, il est le premier à l’appeler « Joséphine », en modifiant légèrement son deuxième prénom. Il finit par la demander en mariage et ils se marient le 9 mars 1796, alors qu’elle a 32 ans. Sur le contrat de mariage, elle se rajeunit de quatre ans et lui se vieillit d’un an. Son alliance, en émail noir est gravée de cette formule « Au destin »…

Juste après le mariage, Bonaparte retourne en campagne en Italie. S’il lui envoie de nombreuses lettres enflammées, elle ne se montre pas si empressée en retour. La popularité grandissante de son nouvel époux la propulse dans les sphères les plus importantes de la société, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Dans son camp militaire, Napoléon fulmine et craint une infidélité de sa femme. Il demande à Joséphine de le rejoindre en Italie. Cette dernière est alors enceinte mais finit par accepter le voyage. En chemin, elle fait une fausse couche. Après cet incident, Joséphine deviendra stérile.

Portrait de Joséphine de Beauharnais dans son salon au château de Malmaison par François Gérard – / Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg

Le couple reste quelques temps en Italie puis retourne en France. Joséphine commence à entretenir une relation avec l’officier Hippolyte Charles. Lorsqu’il l’apprend, Napoléon, qui mène la campagne d’Egypte, songe au divorce. De son côté, il prend aussi une maîtresse. Lors de son retour, en 1799, il est décidé à divorcer de Joséphine : il y renoncera finalement, sans doute grâce à (ou à cause de ?) son attachement à Hortense et Eugène, ses beaux-enfants.

A la fin de cette année, Bonaparte est nommé à la tête de l’état et devient Premier consul. A ce moment-là, Joséphine occupe une véritable place d’épouse de chef politique. Malgré tout, de fortes tensions persistent avec la famille de son époux, qui lui reproche notamment de n’avoir toujours pas donné d’héritier. Elle marie alors sa fille Hortense avec Louis, le jeune frère de Napoléon. Lorsque le couple aura un fils, elle l’adoptera et fera de lui l’héritier de Napoléon.

 

Devenir Impératrice

En 1804, la vie de Joséphine bascule : Napoléon est proclamé Empereur des Français. Après s’être fait sacrer empereur, Napoléon courrone Joséphine : un honneur qui n’est pas arrivé pour une femme depuis Marie de Médicis au XVIIème siècle. Au sommet de sa gloire, Joséphine profite de la présence du pape à Paris pour se marier religieusement avant le sacre, rendant un éventuel divorce avec Napoléon plus difficile.

L’impératrice Joséphine par François Gérard

Elle devient alors l’authentique souveraine de la France : si elle a peu, voire pas de pouvoir, elle brille dans ses salons et accorde des privilèges à ses amis. Son attitude créole, langoureuse et sensuelle ainsi que ses manières d’Ancien Régime s’épanouissent aux Tuileries. C’est elle qui détermine et lance les modes. Avec le Ier Empire, c’est le retour de la mode Antique. Elle opte pour des robes fluides, presque transparentes, de mousseline ou des châles en cachemire. Elle ne porte jamais deux fois les mêmes gants ni les mêmes bas. En 1804, elle dépense pour 600 000 francs en robes et toilettes, une véritable fortune. Ses bijoux sont d’une extrême délicatesse et elle fait de l’ombre à toutes les femmes de la Cour. Elle attire notamment la jalousie de Pauline Borghèse, sœur préférée de Napoléon et réputée pour sa grande beauté.

Pourtant, si son pouvoir est immense dans les salons, elle n’a aucun pouvoir politique. Contrairement à une idée largement répandue, elle n’est jamais intervenue auprès de l’Empereur pour rétablir l’esclavage dans les colonies françaises.

Portrait de Joséphine vers 1808 par Andrea Appiani

La fin d’un rêve

A mesure que Napoléon renforce son pouvoir politique et militaire, le besoin d’un héritier est de plus en plus pressant. Le fils qu’Hortense et Louis ont eu en 1802 décède en 1807. L’avenir de la famille impériale est menacé.

Mais voilà que la maîtresse de Napoléon, Éléonore Denuelle de La Plaigne, accouche d’un garçon. En 1810, c’est la polonaise Marie Walewska qui donne un fils à l’Empereur. Il a alors confirmation qu’il n’est pas stérile. A contrecœur, il prend la décision de divorcer de l’amour de sa vie pour raison d’état. Depuis la Pologne, il fait murer la porte qui relie leurs appartements. En apprenant la nouvelle, elle s’évanouit dans ses appartements des Tuileries.

Par Charles Abraham Chasselat – Archives Nationales de France

Si Napoléon se remarie rapidement avec la jeune Marie-Louise d’Autriche, il offre à Joséphine de nombreuses compensations : elle conserve le titre d’Impératrice douairière et devient duchesse de Navarre.  Elle reçoit également le palais de l’Elysée et le château de Navarre et conserve son domaine de la Malmaison. De plus, Napoléon continuera de lui verser des sommes astronomiques pour compenser son caractère dépensier.

Le divorce de l’Impératrice Joséphine, 15 décembre 1809, par Henri-Frédéric Schopin

Elle continue la vie mondaine qui a toujours été la sienne et reçoit des grandes personnalités d’Europe. Parmi elles, le tsar Alexandre Ier  à qui elle fait visiter les jardins du château de Saint-Leu de sa fille Hortense, le 4 mai 1814. Le temps ce soir-là s’est rafraîchi et, peut être par coquetterie, elle refuse de se couvrir.

Quelques jours plus tard, elle développe une pneumonie foudroyante, qui l’emporte le 29 mai 1814. Elle avait 50 ans.

 

Virginie Paillard

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Crédits image à la une : Département des Peintures / © 2014 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

 

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