
Si la première photographie attestée remonte à 1827 avec Nicéphore Niépce et son Point de vue du Gras, d’autres clichés se succèdent et finissent par capturer l’essence parisienne : à cette époque, on ne parle pas encore de photographie mais plutôt d’héliographie ou de daguerréotype. Focus sur les premiers clichés qui ont permis d’immortaliser notre belle capitale.
Louis Daguerre, Boulevard du Temple (1838)
Nous sommes en 1838, en plein cÅ“ur de la monarchie de Juillet : depuis son atelier situé rue des Marais (une ancienne voie qui se trouvait dans le 10e arrondissement de Paris), Louis Daguerre, l’inventeur du daguerréotype (un procédé photographique qui permet de fixer une image sur une plaque recouverte d’argent) capture ce qui peut être considéré comme la première photographie de Paris. Voici le boulevard du Temple en 1838 : peu de changement, n’est-ce pas ? L’intérêt de ce daguerréotype réside dans son contenu : réalisé au printemps, la pose a nécessité entre dix et vingt minutes, une caractéristique immuable du procédé.

Au premier abord, rien de très marquant ne semble se dégager de cette photographie qui saisit la vie quotidienne, et l’atmosphère déserte qui y règne semble pour le moins surprenante. Il y a une explication : le daguerréotype nécessite un temps de pose particulièrement long ce qui empêche de saisir les objets en mouvement et rend certaines zones partiellement floues. Dès lors, ni passants ni calèches n’apparaissent sur l’image, à une exception près : au second plan, une silhouette apparaît. L’individu, vraisemblablement un homme, est en train de se faire cirer les bottes [sic] par un autre personnage, peut-être un enfant.

Certains spécialistes parlent plutôt d’une pompe à eau qui serait actionnée par le premier individu, voire d’autres personnes qui seraient présentes sur la photo, ce qui est fort probable au vue des conditions nécessaires pour réaliser un daguerréotype. A vos interprétations… A noter : les daguerréotypes sont responsables d’un effet miroir, les versions originales sont donc inversées !
Louis Daguerre et Mathurin-Joseph Fordos, Vue du Pont-Neuf (date inconnue)
Un autre daguerréotype de Louis Daguerre est sujet à interprétation : celui du Pont-Neuf en collaboration avec Mathurin-Joseph Fordos, un chimiste pharmaceutique, daté entre 1836 et 1839 par le musée des Arts et Métiers. D’une part, il pourrait être antérieur à la capture du boulevard du Temple, d’autre part il serait potentiellement la première photographie où apparaissent des Parisiens. Regardez au premier plan : deux silhouettes sont adossées à une grille et sont surplombées par la statue d’Henri IV. Une note de 1879 est jointe au daguerréotype signée d’un certain F. Langlé, qui explique détenir le cliché de la veuve de Fordos et qu’il constitue d’après lui le “premier essai de daguerréotypie tenté en plein air”. Exit le boulevard du Temple ?

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Image à la une : Pont-Neuf © rochagneux / Adobe Stock
Sources : Konbini, L’Obs, musée des Arts et Métiers, musée Nicéphore Niépce, Topito, Travaux d’Archi
Julien Mazzerbo