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Connaissez-vous l’histoire de cette terrifiante prison en plein cœur de Paris où furent enfermés Beaumarchais ou Mata Hari ?

Prison Saint-Lazare © ADOC-PHOTOS

De par sa densité et sa population toujours plus nombreuse, Paris a toujours dû composer avec un aspect peu glorieux : le crime. Au fil des siècles, des prisons ont donc jailli un peu partout dans la capitale, en guise de répression, avant de disparaître. Si certaines ont été totalement détruites, à l’image de la Bastille, certains vestiges d’autres prisons sont encore debouts, réaffectés et témoins d’histoires pour le moins choquantes…

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Un lieu de guérison devenu l’un des pires endroits de Paris

Au Moyen-Âge, Paris est loin de ressembler à la capitale qu’elle est aujourd’hui. Peuplée de près de 200 000 habitants au XIVe siècle, la ville est parsemée d’enclos, à savoir de vastes propriétés ceintes de murs, comme celui de Saint-Lazare, qui est d’abord une léproserie. Bien que son nom puisse porter à confusion, ce clos Saint-Lazare était situé dans l’actuel 10e arrondissement, bordé au sud par la rue de Paradis et au nord par le boulevard de la Chapelle. La léproserie agit comme un véritable village avec des bâtiments pour confiner les malades, mais aussi des édifices religieux, un moulin, une ferme, et même une foire. En 1632, la lèpre n’est plus une menace, et le prêtre Vincent de Paul y installe alors sa congrégation religieuse. Déjà à cette époque, Saint-Lazare abrite une “prison des fils des famille”, vouée à redresser les enfants indisciplinés de parents fortunés. Devenue également une prison spéciale pour épouses et jeunes débauchés enfermés sur la demande de leur famille, aliénés ou prêtres indisciplinés, la prison accueille quelques noms célèbres, comme Beaumarchais, qui y est enfermé quelques jours en 1785. Une situation qui dure jusqu’au grand bouleversement de la fin du XVIIIe siècle : la Révolution Française. La révolte frappe également du côté de Saint-Lazare, lorsque l’ordre des Lazaristes est dispersé et qu’une prison officielle voit le jour. Dès lors, la Terreur voit de nombreuses personnalités y défiler : du poète André Chénier au peintre Hubert Robert, sans oublier le marquis de Sade, qui y est incarcéré suite à une “dispute” avec Robespierre.

La sentence pour les femmes qui portent atteinte à la morale

À Saint-Lazare, la Terreur porte très bien son nom puisque la prison est au cœur de la “conspiration des prisons”, un plan concerté pour éliminer physiquement de très nombreux prisonniers. En à peine trois mois, le bilan est de 165 exécutions rien qu’à la prison Saint-Lazare. Et l’après-Terreur n’est guère meilleure… Après la Révolution, la prison est transformée en “hôpital-prison” pour femmes, notamment pour faire face au développement de la prostitution à l’époque. Les occupantes sont principalement des prostituées atteintes de maladies sexuellement transmissibles, mais aussi des femmes qui portent atteinte à la morale et ne respectent pas le joug paternel ou conjugal. Outre les “filles publiques”, des personnalités publiques y sont également détenues, comme la communarde Louise Michel, l’anarchiste Germaine Berton, la banquière Marthe Hanau ou encore l’espionne Mata Hari. Accusée d’espionnage au profit de l’Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale, Mata Hari est envoyée à l’isolement à Saint-Lazare, la plus abominable prison de Paris. Les cellules y sont infestées de puces et de rats, la nourriture est infecte, l’eau manque et il n’y a pas de savon pour se laver. Par ailleurs, celle qui fut danseuse se voit refuser l’accès à ses effets personnels, dont le médicament pour soigner les ulcères syphilitiques, à des vêtements propres, à du linge et de l’argent pour acheter de la nourriture et des timbres.

La Prison Saint-Lazare en 1912 © Agence Rol
La Prison Saint-Lazare en 1912 © Agence Rol

La longue transformation de ce vestige parisien

Si la prison ne ferme ses portes qu’en 1927, il faut attendre les années 30 pour que la prison soit démolie. L’ancienne prison devient dès lors la “maison de santé Saint-Lazare”, et continue de fonctionner comme lieu de traitement pour femmes jusqu’en 1955. Devenu par la suite une annexe de l’hôpital Lariboisière, il faut attendre 1975, soit l’année internationale de la Femme, pour que Saint-Lazare ferme le service où les femmes prostituées étaient conduites après avoir été arrêtées. L’hôpital ferme définitivement ses portes en 1998, alors qu’il n’y a plus que 55 lits. Vient ensuite un vaste projet de réhabilitation du quartier, où sont successivement construits une école maternelle, une crèche et un centre social, un gymnase, une médiathèque, avant un agrandissement du square occupant l’espace de l’ancienne prison. Aujourd’hui, il ne reste actuellement de la prison et de l’hôpital Saint-Lazare que l’infirmerie et la chapelle, construites toutes deux par Louis-Pierre Baltard, père de Victor Baltard, et inscrites au titre des monuments historiques. Surtout, ce carré historique accueille désormais une halte crèche, un centre social et culturel et la deuxième plus grande médiathèque de la capitale : la médiathèque Françoise-Sagan. Sur 2500 m2 répartis en 5 niveaux, ce sont quelque 100 000 documents, livres, DVD, vinyles qui sont mis à disposition, pour offrir aux curieux un havre de paix bien différent de son tumultueux passé.

Médiathèque Françoise Sagan © Florence Morisson / Ville de Paris
Médiathèque Françoise Sagan © Florence Morisson / Ville de Paris

 

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Image à la une : Prison Saint-Lazare © ADOC-PHOTOS

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