En plus de 2000 ans d’existence, il est évident que Paris a vu défiler en ses murs bon nombre d’histoires, de personnages et de lieux qui ont fait parler d’eux. En ce qui concerne les lieux, beaucoup sont encore là aujourd’hui pour témoigner d’une époque parfois très lointaine, tandis que d’autres n’ont malheureusement pas résisté et ne subsistent que dans les écrits. Enfin, il existe une dernière catégorie : ces lieux présents dans Paris depuis longtemps mais qui ont ce petit côté mystérieux, qui fait que l’on a parfois tendance à oublier qu’ils existent…
L’eau, un sujet capital pour Paris
On le sait : toute grande capitale et ville se doit d’avoir une gestion de l’eau irréprochable et de qualité, de manière à fournir un débit suffisant à ses nombreux habitants. Au XVIe siècle, les 350 000 Parisiens et Parisiennes ne bénéficient pas d’une eau de qualité. En 1613, la régente Marie de Médicis fait construire l’Aqueduc Médicis, pour alimenter des fontaines publiques sur la rive gauche et les jardins de son palais du Luxembourg. Mais jusqu’au XIXe siècle, l’eau de Paris est essentiellement puisée dans la Seine. Il faut attendre le XIXe siècle, lorsque Paris passe de 1 à 2 millions d’habitants, pour que le Conseil de Paris vote en 1860 un vaste programme d’alimentation en eau de Paris et d’évacuation des eaux usées. Ce projet est porté par Georges Eugène Haussmann, alors préfet de la Seine, et l’ingénieur Eugène Belgrand, nommé directeur du service de l’eau. De grands travaux sont alors lancés pour développer et moderniser le réseau d’eau de la capitale. L’objectif : offrir aux Parisiens une eau de grande qualité. Il est notamment décidé de capter des sources loin de Paris, jusqu’à 150 km au-delà de la capitale, pour que les eaux soient acheminées jusqu’aux portes de Paris par deux aqueducs : la Dhuys et la Vanne. Trois autres aqueducs sont ensuite construits, qui acheminent encore aujourd’hui la moitié de la consommation d’eau potable des Parisiennes et des Parisiens : l’Avre, le Loing et la Voulzie.
Une révolution nécessaire pour une ville qui ne cesse de grandir
Parmi les nombreux projets d’Eugène Belgrand, on trouve aussi une véritable prouesse technique de la fin du XIXe siècle dans le 14ème arrondissement, qui participe toujours au quotidien de 20% des Parisiens. Situé sur un des points élevés du sud de Paris, près du parc Montsouris, le réservoir de Montsouris fait partie des cinq principaux réservoirs d’eau de la ville de Paris. Un outil indispensable à la vie de ses habitants, qui consomment en moyenne 120 litres d’eau par jour par personne, soit six fois plus qu’au moment des Travaux de Paris sous le Second Empire. Le réservoir de Montsouris recueille et stocke l’eau venant de la Vanne à Fontvannes dans l’Aube et des rivières Voulzie et Lunain dans les régions de Provins et de Fontainebleau en Seine-et-Marne. Si les eaux des aqueducs venaient directement des sources, elles sont préalablement traitées depuis les années 2000 par l’usine de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) avant leur stockage à Montsouris.
Une véritable merveille architecturale parfaitement conservée
Fermé au public, cet ouvrage recèle en souterrain deux étages comprenant quatre compartiments de 254 m de longueur sur 127 m de largeur chacun. Pour ce qui est de la partie technique, l’eau arrive dans deux grandes cuvettes, puis est dirigée par des canalisations verticales vers le réservoir, avant d’alimenter en eau toute la partie sud de la capitale. Mais à quoi ressemble l’intérieur de ce bâtiment ? À l’entrée, dans une paroi en faux rochers, on trouve d’anciens aquariums qui contenaient autrefois des truites sensibles aux pollutions. Appelés “truitomètres”, ces poissons servaient à tester la qualité de l’eau : si la truite montrait des signes d’affaiblissement, l’eau était alors considérée comme polluée et était dirigée vers l’égout. Son usage a été arrêté en 1996 et remplacé par les analyses en laboratoire. Vient ensuite la chambre des vannes, qui commande l’arrivée des eaux à Montsouris. Tout au long de son trajet, l’eau circule par gravité et, protégée de l’air, elle conserve ainsi la température initiale de sa source. Et enfin la pièce maîtresse : “la cathédrale de l’eau”. Comment ne pas se croire dans un édifice religieux en voyant ces galeries voûtées et ces 1800 piliers maçonnés en forme d’arcs pour soutenir le poids du réservoir. Cette cathédrale d’une eau bleue lagon renferme plus de 200 000 m³ d’eau potable maintenue à une température de 12 °C, soit la plus grande réserve d’eau de Paris.
Réservoir de Montsouris
Avenue Reille
75014 Paris
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Image à la une : Réservoir de Montsouris © Pascal Lemaitre