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Connaissez-vous la famille la plus meurtrière de l’histoire de France ?

Exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 par Charles-Henri Sanson

Bien loin d’être une activité traditionnelle, le métier de bourreau a toujours eu des consignes spécifiques, dont celle de se transmettre de père en fils. La famille Sanson a été l’une des plus grande dynastie et a vu passer sous son courroux de nombreuses victimes, pas toutes inconnues…

Une affaire de famille

En arpentant les allées du grand cimetière de Montmartre du côté de la 20e division, il est possible de découvrir, non loin des sépultures d’Hector Berlioz et Emile Zola, l’un des plus anciens caveaux de la capitale : celui des Sanson. Pendant six générations, cette dynastie a eu à sa charge l’exécution des jugements criminels ordonnés par les arrêts de justice de la ville de Paris, les “hautes oeuvres”.  Dès le XIIIe siècle, époque à laquelle on retrouve les premières traces officielles de la profession d’ “exécuteur des hautes-oeuvres”, les bourreaux et leurs familles étaient mis au ban, marginalisés. Leurs foyers devaient se situer hors de la ville et leurs maisons se distinguaient par une porte rouge. À partir du XVe siècle, les exécuteurs devaient porter en permanence un signe distinctif, souvent de couleur rouge pour rappeler le sang qu’ils faisaient couler. Leurs enfants n’avaient, en outre, pas le droit d’être scolarisés.

Rapidement, les bourreaux ont donc été obligés de se marier entre eux et leurs enfants forcés de reprendre le flambeau de leurs parents. D’où l’apparition, au fil des siècles, de nombreuses dynasties : les Larousse à Bourges, les Jouënne à Rouen, les Zelle à Soissons, les Roch à Nancy et, la plus connue d’entre elles, les Sanson à Paris.

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Charles-Henri Sanson présenté sous les traits de Christopher Lee dans le film La Révolution française (1989). Dans cette scène, le bourreau s’apprête à actionner la guillotine qui décapitera le roi Louis XVI

Une erreur de jugement plus qu’une vocation

Né à la fin du règne de Louis XIII en Normandie, Charles est le premier Sanson à tenir un rôle d’exécuteur… contre son gré. Cet officier normand a, en effet, eu le mauvaise idée de prendre pour maîtresse une jeune femme, Marguerite, dont il ne connaissait pas la famille. Surpris par le père de cette dernière, le bourreau de Rouen Pierre Jouënne, le malheureux dût l’épouser en 1675 et prendre le rôle conféré aux hommes de la famille, celui d’exécuteur. Charles connaîtra finalement une belle carrière : arrivé à Paris en 1687, il lui faudra moins d’un an pour y obtenir la poste de grand bourreau de Paris.

Son fils Charles second, puis son petit-fils Charles Jean-Baptiste, prendront son relai au pied de l’échafaud, avant que son arrière petit-fils Charles-Henri, le plus connu d’entre eux, ne s’engage à son tour en tant que bourreau, malgré son aversion pour la profession familiale.

Charles-Henri, la star de la famille Sanson

Lorsque surgissent les prémices de la Révolution au printemps 1789, Charles-Henri Sanson tient le poste de maître exécuteur depuis déjà trente ans. Par sa profession et son expérience, il jouera donc un rôle essentiel dans la création de la machine qui symbolisera la mise à mort légale en France : la guillotine. Le 25 septembre 1791, l’Assemblée signe un décret imposant que “tout condamné à mort [ait] la tête tranchée”. Jusque là, les condamnations capitales prenaient différentes formes selon la nature du crime et le statut du condamné. La décapitation, privilège réservé aux nobles, était rarement réalisée et, le cas échéant, toujours effectuée au sabre.

Exécution par gu!illotine de Robespierre et Louis Anoine de Saint-Just en 1794 © AdobeStock_Emilio Ereza
Exécution par gu!illotine de Robespierre et Louis Anoine de Saint-Just en 1794 © AdobeStock_Emilio Ereza

Sanson fait donc rapidement part à l’Assemblée de son dépit face à cette décision : enchaîner les décapitations au sabre serait une source de fatigue trop importante pour l’exécuteur et augmenterait les risques d’échec. Une machine, apte à suivre le rythme effréné des condamnations du futur tribunal révolutionnaire, est alors envisagée. Proposée par le médecin et homme politique Guillotin, pensée par le docteur Louis, fabriquée par le mécanicien Schmidt et le charpentier Guidon, la guillotine sera manœuvrée pour la première fois par Charles-Henri Sanson le 25 avril 1792. En moins de trois ans, plus de 2700 têtes tomberont dans le panier du grand Sanson : parmi les plus célèbres, celles du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette, de Charlotte Corday, de Danton et Camille Desmoulins, de Robespierre et Saint-Just…

Toutes les bonnes choses ont une fin…

Las de ce métier qu’il n’avait pas choisi, Charles-Henri Sanson laisse son poste à son fils Henri en 1795. Le 7 mai de cette année-là, Henri Sanson coupe la tête de celui qui restera l’une des personnalités les plus virulentes de la Terreur, Antoine Fouquier-Tinville, l’implacable accusateur public du Tribunal révolutionnaire qui fit tomber le grand couperet du “rasoir national” sur plus de 2000 “ennemis de la Révolution”. Moins de cinquante ans plus tard, Henri-Clément Sanson, fils d’Henri, sera licencié de son poste pour dettes. Dernier d’une dynastie de six générations, l’homme n’officiera que pour 18 exécutions et sera remplacé par Joseph Heidenrech, fils de l’exécuteur de Mâcon et émissaire d’une autre dynastie de bourreaux.

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