Dans un jardin situé au sein du 17e arrondissement de Paris, une statue inaugurée en 2022 rend hommage à Solitude, héroïne de la lutte contre l’esclavagisme en Guadeloupe.
Une statue en hommage
C’est dans le jardin Solitude du 17e arrondissement de Paris que se trouve la statue en bronze réalisée par l’artiste Didier Audrat, après un appel à projets lancé par la Ville de Paris. Tout comme le square baptisé en son nom, celle-ci représente Solitude, une héroïne de la lutte contre l’esclavagisme en Guadeloupe. Inaugurée le 10 mai 2022, cette oeuvre demeure la première statue d’une femme noire dans Paris. On voit la jeune femme en train de courir, enceinte, les cheveux au vent, brandissant la proclamation de Louis Delgrès datant du 10 mai 1802 qui s’oppose au rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe.
Retour sur une héroïne
Solitude est née en 1772. Elle est souvent surnommée “la mulâtresse” – en écho au vocabulaire utilisé par les colons – car elle est la fille d’une esclave africaine ayant été violée par un marin sur le bateau qui la déportait aux Antilles. Devenue esclave de maison, elle se rapproche d’une communauté d’esclaves lors de la première abolition de l’esclavagisme, annoncée sur place en juin 1794.
Lorsque Napoléon Bonaparte ordonne aux troupes françaises de rétablir l’esclavagisme en Guadeloupe en 1802, une résistance se met en place. Les officiers Louis Delgrès et Joseph Ignace s’allient ainsi aux anciens esclaves pour combattre l’armée. Parmi ces résistants se trouve Solitude, enceinte de quelques mois. Malgré une lutte acharnée, les forces des deux camps sont inégales et les indépendantistes perdent le combat. Solitude est alors faite prisonnière vers le 23 mai 1802 et condamnée à mort le 29 novembre de la même année.
Le devoir de mémoire
Cette statue érigée en hommage à Solitude est l’un des rares monuments français faisant référence l’histoire de la lutte contre l’esclavage dans les Antilles. Pendant longtemps, peu d’ouvrages ont relaté les épisodes de la résistance guadeloupéenne, le plus ancien étant l’Histoire de la Guadeloupe d’Auguste Lacour (1855), dans lequel il est question de Solitude. Plus de 170 ans après l’abolition de l’esclave, qui a eu lieu 1848, une autre statue de l’héroïne a été érigée en Guadeloupe, et plusieurs autres ouvrages ont rendu compte de son histoire, ainsi que de celle de Joseph Ignace et de Louis Delgrès.
Jardin Solitude
Place du Général Catroux, 75017 Paris
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Image à la une : Didier Audrat, Solitude, 2022 – © Joséphine Brueder / Ville de Paris