
Paris est souvent reconnue comme une capitale de la gastronomie, pour ses nombreux restaurants chics ou insolites, ou de la culture, pour les nombreux musées et événements qui rythment la vie des Parisiens. Et dans le domaine de l’événement, difficile de ne pas reconnaître également Paris comme une capitale du spectacle. Ne pas trouver une pièce de théâtre, un one-man show ou toute autre représentation à son goût est tout simplement mission impossible, tant la programmation est variée. Et pour profiter d’un bon spectacle, il faut bien évidemment savourer l’endroit où l’on se rend…
Une façade Art déco qui éblouit Paris depuis le début du XXème siècle
Des salles de spectacle mythiques, ce n’est pas ce qu’il manque à Paris, ne serait-ce qu’avec l’Olympia, la Cigale, le Bataclan ou encore le Trianon. Autant de lieux qui ont vu passer les plus grands artistes et qui continuent encore aujourd’hui d’offrir bon nombre d’occasions de chanter, danser ou simplement admirer toute l’année. À cette liste de salles mythiques, on se doit également d’en rajouter une, située sur l’une des plus prestigieuses avenues de la capitale : le Théâtre des Champs-Élysées. Que l’on ne s’y méprenne pas, cette salle historique ne se situe pas sur la plus belle avenue du monde, mais sur celle, voisine, de l’avenue Montaigne. Un bâtiment emblématique de Paris puisque, avec style sobre et rigoureux, celui-ci est considéré comme l’un des premiers représentants du style Art déco en architecture. Si la structure est initialement prévue en acier, c’est finalement une ossature en béton, une grande première, qui est choisie. Sous la direction d’Auguste Perret, le façade est habillée de plaques de travertin et le cadre de scène de plaques de marbre. Attirant l’œil des passant, cinq allégories des arts sont d’ailleurs visibles : La Sculpture et l’Architecture, La Musique, La Tragédie, La Comédie et La Danse, en marbre blanc réalisés par Antoine Bourdelle.

Une inauguration digne des plus grands shows
Un énorme bâtiment qui comprend en fait trois salles : le Théâtre des Champs-Élysées (près de 2000 places), la Comédie des Champs-Élysées (601 places) et le Studio des Champs-Élysées (230 places). Sans oublier un restaurant, la Maison Blanche, qui offre depuis 1990 une vue imprenable sur Paris. L’origine de cette salle remonte à 1906 lorsque l’imprésario et éditeur musical Gabriel Astruc se lance pour projet de bâtir à Paris un théâtre consacré à la musique dans ses formes les plus variées, de l’opéra au récital de musique de chambre. L’inauguration a lieu le 31 mars 1913 et le moins que l’on puisse dire, c’est que tous les moyens sont là pour rendre la fête exceptionnelle. Tous les regards sont littéralement tournés vers le théâtre parisien, puisque même le faisceau de la tour Eiffel éclaire exceptionnellement la façade du théâtre durant toute la soirée. L’inauguration officielle a lieu le 2 avril, avec un premier concert de musique classique exceptionnel : celui de Claude Debussy.
Un temple de l’art qui fait l’éloge de la modernité
Deux mois plus tard, dans la foulée de son lancement en grandes pompes, le Théâtre accueille une création qui fit scandale : “Sacre du printemps” de Stravinsky. Une œuvre qui choqua pour sa modernité, tant sur le plan musique que chorégraphique. La modernité est d’ailleurs le maître-mot, et ce dans les moindres recoins : de sa conception architecturale à a sa programmation artistique, où peuvent être représentés pour la première fois dans un même lieu opéras, concerts symphoniques, récitals, ballets et arts dramatiques. De plus, le Théâtre des Champs-Élysées brille par ses équipements scéniques et de confort, qu’il s’agisse des systèmes de monte-charges électrifiés du plateau, de la grande élégance des courbes de la corbeille de la Grande Salle où plus aucune colonne ne gêne la vue, sans oublier le confort plus “moderne” des loges d’artistes. La salle de spectacle de l’avenue Montaigne ne met donc pas longtemps à faire parler d’elle, et c’est par exemple là qu’une jeune danseuse fera ses premiers pas avant de devenir une star : une certaine Joséphine Baker. C’est justement pendant les années 20, mieux connues sous le nom “d’Années Folles” l’esprit d’audace et de créativité qui caractérise cette décennie trouve une scène idéal avenue Montaigne.

Le lieu de représentation des plus grands noms de la scène musicale et artistique
Le tout sous la direction de Jacques Hébertot, le seul des directeurs qui, dans toute l’histoire du Théâtre, eut la responsabilité artistique de l’ensemble des salles. C’est également à son initiative que l’on doit l’ouverture de la troisième salle, le Studio, en 1923. Par la suite, le Théâtre devient chaque saison le rendez-vous incontournable pour toute une génération de compositeurs (Milhaud, Poulenc, Satie…), peintres (Léger, Picabia…) et intellectuels (Cocteau, Claudel, Cendrars…). Pendant l’Occupation, entre l’automne 1941 et le printemps 1944, le Théâtre héberge le Grand Orchestre de Radio-Paris qui y donne pas moins de 310 concerts radiodiffusés, dont 115 en public. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, que l’Orchestre National s’installe comme résident permanent au Théâtre, avec l’organisation de grands cycles (Stravinsky, Ravel, Honegger, Fauré…) et la mise en avant du répertoire russe et anglo-saxon. Plus tard, de grandes figures américaines du jazz visitent régulièrement le Théâtre, comme Ella Fitzgerald, Oscar Peterson ou Louis Armstrong. C’est d’ailleurs au Théâtre des Champs-Élysées que, le 4 juillet 1985, Sammy Davis, Jr. donne un concert au profit de l’Unicef. Toujours prêt à accueillir les plus grands talents de divers arts, le Théâtre des Champs-Élysées continue de briller par son esprit de modernité, tant admiré en 1913, et qui se perpétue encore chaque soir dans la capitale.

Théâtre des Champs-Élysées
15 avenue Montaigne
75008 Paris
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Image à la une : Théâtre des Champs-Élysées © Jahz Design