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Le Puits, la Barbarie, l’Oubliette… ces cachots se trouvaient autrefois sous l’un des plus beaux théâtres parisiens !

Intérieur du Théâtre du Châtelet © Théâtre du Châtelet.jpg

Vous connaissez forcément ce superbe et imposant théâtre de plus de 150 ans situé en plein cœur de Paris et qui accueille aujourd’hui une programmation renommée autour de la musique et de la danse. Ce que vous connaissez peut-être moins en revanche c’est l’histoire sordide de ce lieu qui accueillait autrefois une prison et d’effroyables cachots ! On vous raconte.

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L’effervescence théâtrale parisienne

Avec plus de 130 lieux proposant près de 300 spectacles par semaine, les théâtres parisiens font partie intégrante du patrimoine de la ville et participent à son effervescence et à son rayonnement culturel. Leur diversité et leur richesse architecturale attirent les amateurs de culture, mais aussi les curieux venus admirer ces lieux qui sont parfois de véritables chefs-d’œuvre.

Théâtre du Châtelet où se trouvait autrefois le Grand Châtelet, sa prison et ses cachots © AdobeStock_VanderWolf Images
Théâtre du Châtelet où se trouvait autrefois le Grand Châtelet, sa prison et ses cachots © AdobeStock_VanderWolf Images

Parmi les plus emblématiques on retrouve le prestigieux Théâtre du Palais Royal, la magnifique salle à l’italienne de l’Athénée-Louis-Jouvet, ou encore la Comédie-Française, véritable institution nationale. Si aujourd’hui, ces lieux nous sont relativement familiers, leur histoire, souvent fascinante, est bien moins connue. C’est le cas de celui dont nous vous parlons aujourd’hui, l’un des plus anciens de la ville, qui se dresse sur un site où se jouaient autrefois des scènes bien plus sombres et même macabres.

À lire également : Les secrets de la Comédie-Française

Une institution culturelle dans un édifice historique

Construit entre 1860 et 1862 sous l’impulsion du baron Haussmann, ce lieu chargé d’histoire et aujourd’hui réputé pour les comédies musicales, les opéras, les concerts classiques, ou encore les spectacles de danse qu’il accueille, est l’œuvre de Gabriel Davioud, l’architecte à qui l’on doit également les Buttes-Chaumont et les fontaines Saint-Michel.

Le Théâtre du Châtelet au 19e siècle par Eugène Galien-Laloue © Sotheby's London
Le Théâtre du Châtelet au 19e siècle par Eugène Galien-Laloue © Sotheby’s London

Classé Monument Historique depuis 1979, ce théâtre emblématique de la Ville Lumière, de style Renaissance, figure parmi les grandes réalisations qui ont modernisé Paris. Dès son inauguration, cette salle de 2 895 places alors appelée Théâtre Impérial du Châtelet a accueilli des spectacles à grand succès, tels que Cendrillon ou La Pantoufle merveilleuse. Face à lui, Davioud a érigé le Théâtre Lyrique, aujourd’hui Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt, transformant ainsi la place du Châtelet en un lieu d’expression artistique exceptionnel.

Le Théâtre du Châtelet : un passé sordide et oublié

Cependant, le site du Théâtre du Châtelet ne fut pas toujours un lieu de culture et de divertissement. En effet, sous l’Ancien Régime, ces lieux abritaient la forteresse du Grand Châtelet, construite au XIIe siècle par Louis VI pour protéger l’accès à l’île de la Cité où siégeait alors le pouvoir. On y trouvait le siège de la police, un tribunal, une morgue, et surtout, une prison tristement célèbre pour ses conditions particulièrement inhumaines et sa proximité avec la grande boucherie où les bêtes étaient égorgées, rendant l’atmosphère des lieux un peu plus insoutenable.

Robert Francois Damiens questionné par ses juges avant de rejoindre les cachots de la prison du Grand Châtelet © Wikimedia
Robert Francois Damiens questionné par ses juges avant de rejoindre les cachots de la prison du Grand Châtelet © Wikimedia

Les cachots souterrains, aux noms évocateurs comme “la Fosse”, “l’Oubliette”, “le Puits”, “les Boucheries”, “Fin d’aises” ou encore “la Barbarie” étaient de véritables lieux de tortures et de souffrances pour ceux qui y étaient jetés. Pour exemple, les prisonniers ne pouvaient ni se tenir debout ni se coucher dans “La Fosse” qui était en forme de cône renversé et toujours inondée, tandis qu’ils devaient être glissés à l’aide d’une corde et d’une poulie dans “l’Oubliette”, ou qu’ils se retrouvaient au milieux des ordures, des excréments et des reptiles dans “Fin d’aise”. Dans ces lieux semblant tout droit sortis de films d’horreur et où le “séjour” était pourtant payant (!), l’espérance de vie ne dépassait pas un mois… De quoi vous glacer le sang !

« Le Grand-Châtelet fut, après le gibet de Montfaucon, l’édifice le plus sinistre de Paris, tant par sa physionomie et sa destination que par son voisinage qui faisait de ce quartier l’endroit le plus fétide de la capitale. »
Jacques Hillairet, Connaissance du vieux Paris

Massacres de Septembre en 1792 © GrandPalaisRmn (musée du Louvre)
Massacres de Septembre en 1792 © GrandPalaisRmn (musée du Louvre)

La forteresse fut finalement démolie au début du XIXe siècle, après avoir été le témoin d’exécutions sanglantes lors de la Révolution française, et notamment à l’occasion du terrible “massacre des prisons” du 2 septembre 1792. Ironiquement, l’une des figures les plus importantes du théâtre, à savoir Molière, y fut brièvement emprisonné pour dettes, marquant ainsi une étrange connexion entre ce lieu autrefois redouté et le monde du spectacle vivant qui l’anime à présent.

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Théâtre du Châtelet
1 place du Châtelet
75001 Paris

Pour découvrir la programmation du théâtre, c’est par ici !

Image en Une : Intérieur du Théâtre du Châtelet © Théâtre du Châtelet.jpg

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Mélina Hoffmann

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