Ouvert en 1942 dans une impasse du boulevard de Montparnasse, le théâtre de Poche ressemble à un petit refuge dans ce quartier très agité de la gare. Composé de deux salles d’une centaine de places, ce lieu a longtemps été dirigé par la même famille avant d’être repris par les dramaturges Stéphanie Tesson et Charlotte Rondelez pour continuer à soutenir la création contemporaine.
Des débuts sous la guerre
Sous l’Occupation, un certain Marcel Oger aurait eu l’idée de concevoir un théâtre avec quelques amis au cœur du quartier effervescent de Montparnasse. Dès 1942, une salle petite salle est ouverte dans un ancien café situé au fond d’une impasse afin d’accueillir de jeunes auteurs, des comédiennes méconnues ou des metteurs en scène émergents.
En un an, le lieu – baptisé théâtre de Poche en raison de la limite de ses soixante places – accueille la jeune scène contemporaine et acquiert une certaine notoriété. Cela est notamment dû à la présence de Jean Vilar, qui y a mis en scène et joué la pièce Orage d’August Strindberg. Au fil des années, on découvre sur ses planches des créations du mime Marceau, de Roland Dubillard, Marguerite Duras ou Claude Regy, dont des pièces phares représentées pour la première fois, à l’instar du Mal court de Jacques Audiberti.
Une histoire de famille
Le théâtre de Poche-Montparnasse semble être une affaire de famille. C’est en 1956 que la comédienne Renée Delmas, fille de Marcel Ogier, reprend la direction avec son époux Étienne Bierry, également comédien. Durant cinquante-six ans, le couple continue à faire vivre le lieu avec des créations classiques et contemporaines dans une salle qui est légèrement agrandie à 128 places. Sur scène, on voit régulièrement jouer leur fils Stéphane et leur fille Marion, qui a mis en scène Vingt-quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig ou L’Illusion comique de Corneille.
Un lieu de création
Racheté en 2011 par le journaliste Philippe Tesson, le lieu est désormais dirigé par sa fille Stéphanie Tesson et Charlotte Rondelez. Depuis, une deuxième salle de 95 places a été créée au sous-sol afin d’accueillir les créations expérimentales de petites compagnies. L’ambition du théâtre de Poche-Montparnasse demeure la même qu’à ses débuts : être, du fond de sa petite impasse, un lieu d’émulation pour les auteurs tout autant qu’un espace de réflexion pour le public.
Romane Fraysse
Théâtre de Poche-Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris
À lire également : Pourquoi parle-t-on de « théâtre de boulevard » ?