
L’histoire de Paris a été traversée par des crimes sanglants qui ont parfois terrorisé les habitants de certains quartiers pendant des mois, voire des années. Certaines de ces affaires sont relativement méconnues comme celle de Marie-Louise Bouquiaux, surnommée “le monstre de Ménilmontant”. Ce n’est pas le cas de celle dans laquelle nous nous replongeons aujourd’hui, qui a semé la terreur pendant deux ans à Paris, et particulièrement dans le 18e arrondissement où sévissait “le tueur de vieilles dames”…
Paris, ville de l’amour et… du crime !
Paris, ville de l’amour, destination romantique, source d’inspiration des poètes… Mais pas seulement ! En effet, les histoires sanglantes ne manquent pas dans la capitale, et l’histoire de la Ville Lumière compte bien des parts sombres. Il suffit de remonter à l’époque de la Révolution et de ses innombrables décapitations à la guillotine sur la place publique pour découvrir un tas d’histoires qui glacent le sang, comme celle de cette famille de bourreaux enterrée au Cimetière de Montmartre, les Sanson.

Et puis il y a les faits divers, nombreux, qui viennent de temps à autre semer le trouble dans le quotidien des parisiens. Parmi eux, quelques-uns heureusement plus rares ont profondément marqué l’histoire. Il s’agit des tueurs en série, dont certains ont spécifiquement agi sur Paris. Un arrondissement de la capitale détient même le triste record des tueurs en série célèbres puisqu’on en compte deux dont les crimes se sont déroulés dans le quartier de la Butte Montmartre et ses alentours : Guy Georges, l’un des plus grands criminels auxquels la France a eu affaire, et Thierry Paulin, plus connu sous le nom de “tueur de vieilles dames”.
Thierry Paulin, l’homme aux deux visages
Né à Fort de France en 1963 et rapidement abandonné par ses parents, Thierry Paulin est élevé par sa grand-mère avant de retourner s’installer chez sa mère à l’âge de 10 ans, aux côtés de ses demi-frères et demi-sÅ“urs. S’ensuit une adolescence mouvementée, ponctuée de violence et marquée par une profonde carence affective. Il s’installe ensuite à Toulouse, chez son père. D’abord condamné pour vol avec violence après avoir dévalisé une épicerie tenue par une vieille dame, il s’en va finalement découvrir Paris. Le Paris des années 80 qui le fascine avec ses clubs, ses nuits folles, sa débauche.

Il se fait embaucher en tant que serveur au Paradis Latin où il rencontre Jean-Thierry Mathurin, qui deviendra son amant, puis son complice. Figure de la nuit parisienne, drag-queen à ses heures perdues, mais aussi toxicomane, Thierry Paulin mène une vie extravagante où le champagne et la cocaïne coulent à flots. Le jeune homme tout en générosité et élégance organise des réceptions onéreuses, se fait des relations haut placées. Il rencontre même Line Renaud, à laquelle il propose un projet qui ne verra finalement pas le jour. Thierry Paulin est fort pour ce qui est de donner le change. Personne n’aurait pu imaginer la cruauté qui se cachait derrière cette personnalité enjouée et sympathique, bien qu’assez solitaire.
La courte et monstrueuse existence du “tueur de vieilles dames”
Il aura fait frémir tout Paris pendant plusieurs années. Et pour cause : ce ne sont pas moins de 21 meurtres que Thierry Paulin aura avoués, même s’il n’a été condamné que pour 18 d’entre eux et que la réalité est probablement encore toute autre. C’est entre octobre 1984 et novembre 1987 qu’a sévi celui dont la particularité était de ne tuer que des vieilles dames vivant seules et modestement dans la capitale, et que l’on a également surnommé “le monstre de Montmartre”. Un monstre qui ligotait, torturait, étouffait ou étranglait ses victimes, allant parfois jusqu’à les forcer à avaler des détergents.

Des meurtres d’abord commis avec la complicité de son amant Jean-Thierry Mathurin, jusqu’à ce que les deux hommes se séparent en 1985 et que Thierry Paulin poursuive seul son épopée meurtrière et assassine 8 autres femmes âgées à leur domicile pour leur voler leur argent, bijoux et les rares objets de valeur qu’elles pouvaient posséder. Des butins toujours maigres puisque les victimes étaient toujours modestes. Les moyens de la police criminelle n’étant évidemment pas ceux d’aujourd’hui, l’enquête traîne, piétine pendant plus de deux ans. Le jeune homme est emprisonné pendant un an à la prison de Fresne… mais pour tout autre chose ! Il purge ainsi sa peine pour une affaire de drogue, sans qu’aucun lien ne soit établi entre lui et le “tueur de vieilles dames”…
À sa sortie, il apprend qu’il a contracté le virus du Sida dont l’épidémie faisait alors des ravages, et décide de “profiter” de la vie avec encore plus d’excès. Après ses crimes de la rue Lepic, du boulevard de Clichy, de la rue des Trois-Frères et bien d’autres encore dans le 18e arrondissement, il étend sa cruauté à d’autres arrondissements dont notamment le 10e et le 14e. Et c’est le 4 décembre 1987, alors qu’il est âgé de 24 ans, que Thierry Paulin est inculpé pour 18 assassinats grâce au portrait robot donné par l’une des victimes qui a survécu à son agression, sauvée par son évanouissement. Ce “jeune métis d’1m80 aux cheveux blonds peroxydés, une boucle d’oreilles à l’oreille gauche” mourra finalement des suites du Sida le 16 avril 1989, après une année d’hospitalisation à l’Hôpital Bichat, avant d’avoir pu être jugé…
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Mélina Hoffmann