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La vasque olympique, dans la lignée d’une conquête du ciel à Paris

La vasque olympique des Jeux de Paris 2024 - © Adobe Stock

L’emblème des Jeux Olympiques de Paris est sans nul doute la vasque en forme de montgolfière, pensée par le designer Mathieu Lehanneur. En prenant son envol chaque nuit durant l’événement sportif, celle-ci fait écho à une histoire caractéristique du Paris moderne, celle de la conquête du ciel par des engins volants en tout genre. Après les montgolfières, dirigeables ou avions motorisés, la vasque olympique semble être la dernière héritière de cette fierté nationale.

Le premier vol en ballon

L’emplacement de la vasque olympique en plein cÅ“ur du jardin des Tuileries ne semble pas être le fruit du hasard. Il suffit de se reporter à un événement historique, qui s’est déroulé à cet endroit même, plus de deux siècles auparavant. En effet, c’est au cÅ“ur cet ancien jardin royal qu’a eu lieu l’un des premiers vols transportant un être humain à bord d’un ballon, le 1er décembre 1783. On doit cet exploit à un certain Jacques Charles, physicien de l’Académie des sciences, qui y a expérimenté son ballon à gaz gonflé à l’hydrogène, pouvant s’élever à une hauteur de 3 000 mètres.

« Premier voyage aérien exécuté dans un aérostat à gaz hydrogène par Charles et Robert. Le 1er décembre 1783. Départ des Tuileries. »
Premier voyage aérien exécuté dans un aérostat à gaz hydrogène par Charles et Robert. Le 1er décembre 1783. Départ des Tuileries.

Ce n’est toutefois pas le premier vol connu de l’histoire… Charles s’est fait voler la vedette à quelques mois d’écart ! En effet, les frères Jacques-Etienne et Joseph-Marie Montgolfier ont déjà fait décoller leur montgolfière avec des passagers le 1er décembre 1783 à Versailles. Et celle-ci ressemble comme deux gouttes d’eau à la fameuse vasque des Jeux Olympiques de Paris. Un clin d’œil aux inventions de Charles et aux frères Montgolfier, dont les démonstrations publiques incarnent le début d’une conquête effrénée du ciel.

L’ère des dirigeables

L’année suivant les premières démonstrations de vol avec un ballon, un officier dénommé Meusnier image un grand engin gonflable avec des hélices et un gouvernail qu’il pourrait cette fois-ci piloter. Cette invention prend alors le nom de « dirigeable » pour accentuer cette avancée, mais elle reste finalement à l’état de projet. C’est finalement dans les années 1850 que l’horloger Pierre Jullien parvient à faire voler deux petits modèles sur la piste de l’hippodrome de Paris grâce au mécanisme de l’horlogerie.

Léon Gimpel, Le Dirigeable Ville de Bruxelles en cours de gonflement à Issy-les-Moulineaux, 22 mai 1910 - © Société française de photographie - Droits réservés
Léon Gimpel, Le Dirigeable Ville de Bruxelles en cours de gonflement à Issy-les-Moulineaux, 22 mai 1910 – © Société française de photographie – Droits réservés

Puis, en 1852, un certain Henri Griffard conçoit le premier aérostat Griffard qui fonctionne avec un moteur à vapeur et une hélice. La démonstration d’un vol de ce dirigeable le 24 septembre 1852 marque alors les esprits : long de 44 mètres, celui-ci parvient à voler sur 27 kilomètres entre l’hippodrome de Paris et Élancourt, un spectacle que la foule parisienne ne reverra pas avant l’année 1884.

Un avion dans les airs

Si l’histoire de l’aviation repose sur bien des inventions, on peut toutefois évoquer l’avion motorisé inventé par Clément Ader, considéré comme le premier aviateur à avoir volé à l’intérieur. Son avion ne passe d’ailleurs pas inaperçu, puisque ses ailes sont inspirées par celles des chauves-souris – tout comme Leonard de Vinci l’avait autrefois imaginé dans ses machines.

L'Avion III de Clément Ader
L’Avion III de Clément Ader

C’est en 1890 qu’un premier essai aurait eu lieu : Ader aurait alors pris les commandes de l’Éole, mais ses seuls témoins étaient alors ses employés. Ce sont ses essais au camp militaire de Satory, à Versailles, qui démontrent plus officiellement le vol de son avion Ader Avion III, le 12 octobre 1897. Mais face à l’instabilité de l’engin, le ministère de la Guerre cesse de financer Ader, qui n’a pas d’autre choix que d’abandonner la construction de ses prototypes. Son Avion III est toutefois présenté à l’Exposition universelle de 1900 et offert par l’aviateur au Conservatoire des Arts et Métiers deux ans plus tard.

Vasque et taxis volants

Nous voilà donc en 2024, à l’heure des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, célébrés par une vasque imaginée par le designer Mathieu Lehanneur – qui a également dessiné la torche de la flamme. Allumée lors de la cérémonie d’ouverture par les champions Marie-José Pérec et Teddy Riner, cette immense vasque est devenue l’une des principales attractions de l’événement sportif par sa forme proche d’une montgolfière lui permettant de prendre son envol chaque nuit parisienne durant les Jeux.

La vasque olympique des Jeux de Paris 2024 - © Adobe Stock
La vasque olympique des Jeux de Paris 2024 – © Adobe Stock

Difficile de ne pas y voir une digne héritière de cette conquête du ciel, fantasmée depuis plus de deux siècles par la capitale française, et dès même la naissance antique des Jeux. « Il y avait aussi l’idée d’un retour à l’origine, que la vasque reprenne la route du soleil, puisque la première torche a été allumée avec les premiers rayons du soleil à Olympie », explique Lehanneur. Si la circulation des taxis volants n’a finalement pas pu se faire lors de l’événement sportif, cette vasque olympique est devenue autant son emblème que celle d’une conquête profondément ancrée dans notre civilisation.

Romane Fraysse

À lire également : Du temps où Paris était survolé par des ballons dirigeables

Image à la une : La vasque olympique des Jeux de Paris 2024 – © Adobe Stock

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