Qui était Vidocq, ce prisonnier qui devint policier puis le premier détective de Paris ?

Eugène-François Vidocq © Domaine public

Vous avez sûrement déjà entendu parler de ses exploits, peut-être avez-vous même lu des livres ou vu des films parlant de lui… Cet homme, c’est Eugène François Vidocq. Tour à tour bandit, chef de la police de sûreté puis détective privé, ce personnage a eu un destin hors du commun !

Une vie de débauche et d’évasion

Pour ce filou né dans le nord de la France, tout commence alors qu’il vient de fêter ses 16 ans : accusé d’avoir volé ses propres parents, il est forcé de quitter sa ville natale et s’engage dans une vie de vagabond rythmée par quelques emplois dans un cirque, une courte expérience dans l’armée et, déjà, un passage par la case prison. Rien d’étonnant à ce qu’il choisisse de déménager à Paris en 1796 dans le seul but de s’offrir une vie de débauche : jeux, prostituées… Le jeune homme profite quelques semaines des 15 000 Francs-Or qu’il a vicieusement dérobés à une riche veuve. Mais Vidocq est meilleur en arnaque qu’en jeux d’argent et perd rapidement ce maigre pécule…

Vidocq
L’une des nombreuses évasions de Vidocq

Il retourne donc sans le sou à Lille et ne tarde pas à se faire emprisonner à la suite d’une querelle avec un officier. La suite est déjà un film d’aventures : à peine est-il enfermé qu’il parvient à s’évader, puis à se faire passer pour un « simple » déserteur quand la gendarmerie réussit finalement à l’attraper ! Détenu à nouveau, il s’évade une deuxième fois en se déguisant en religieuse. Rattrapé, il continue de jouer au chat et à la souris en s’enfuyant une troisième fois d’une prison de Douai ! En seulement trois ans, il passera entre les murs des prisons de Douai, Lille, Cambrai, Bicêtre et terminera sa course au bagne de Brest.

Du bagnard au policier

Les années qui suivent continuent d’être aussi mouvementées. Il est emprisonné régulièrement aux quatre coins de la France, il s’évade tout aussi régulièrement et se forge une belle réputation dans le milieu du banditisme. Mais Vidocq en a marre de cette vie marginale et décide, en 1809, de rentrer dans le rang. Il propose donc ses services d’indicateur à la police de Paris et dirige, dès 1811, la brigade de sûreté de la police au sein de laquelle il développe l’art de l’infiltration. Il restera à ce poste jusqu’à sa démission en 1827, quelques mois avant de publier le premier volume de ses Mémoires.

Vidocq

Trois ans plus tard, il intègre une bande « d’assommeurs », sorte d’unité policière non officielle chargée de faire peur aux ennemis du gouvernement. Le préfet de police lui-même fait l’éloge de Vidocq au Ministre de l’Intérieur pour les services rendus lors de l’insurrection des 5 et 6 juin 1832. En juin 1833, il crée le Bureau de renseignements pour le commerce, la première agence de détectives privés du monde ! Souhaitant éradiquer les faussaires, ripoux et autres mauvais personnages de Paris, il propose aux commerçants, puis aux particuliers, une surveillance sur la concurrence et des filatures pour des supposés adultères.

Eugène-François Vidocq © Domaine public
Eugène-François Vidocq © Domaine public

Mais, ruiné, Vidocq part pour Londres en 1845. Fort de sa légendaire réputation, il y donne des conférences payantes. Il y vend des brevets pour des inventions de sa conception : papier infalsifiable, serrure incrochetable… En 1848, il reprend du service dans les renseignements français en se laissant emprisonner à la Conciergerie durant les émeutes du 15 mai et opère comme indicateur. En juillet 1854, le choléra frappe Vidocq à 79 ans. Malgré son grand âge il parvient à survivre à la maladie infectieuse. Une seconde fois veuf depuis l’année 1847, il se console dans les bras de jeunes maîtresses, qu’il séduit en leur faisant successivement miroiter un riche héritage grâce à des testaments olographes sans valeur. Le 30 avril 1857, la paralysie gagne ses jambes. Vidocq meurt le 11 mai 1857 à son domicile parisien, sis au 2, rue Saint-Pierre-Popincourt (actuellement 82, rue Amelot). Le jour suivant il est enterré dans la 20e division du cimetière du Père-Lachaise (ligne 4, fosse 11). Malheureusement, sa sépulture a disparu depuis la fin du XIXe siècle…

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A. C.