Qui était Zizi Jeanmaire, l’interprète de la chanson « Mon truc en plumes » ?
Célèbre meneuse de revues parisiennes, la danseuse et chanteuse Zizi Jeanmaire est restée toute sa vie inséparable de son compagnon, le chorégraphe Roland Petit. À eux deux, ils ont connu de nombreux succès en France et en Amérique, avec notamment l’iconique chanson Mon truc en plumes, reprise par Lady Gaga lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Mais la vie de Zizi Jeanmaire est aussi ponctuée par bien d’autres revues et collaborations artistiques aux côtés d’Yves Saint Laurent ou Serge Gainsbourg.
Les débuts de « Zizi »
Renée Marcelle Jeanmaire voit le jour en avril 1924 à Paris, dans une famille éloignée du milieu artistique puisque son père est propriétaire d’une usine de chromage et sa mère garde le foyer. Toutefois, elle se passionne très tôt pour la danse après avoir découvert avec son grand-père une mise en scène de Roméo et Juliette à l’Opéra Garnier. C’est aussi à cette époque qu’elle prend son surnom de toujours, qui deviendra sans qu’elle le sache son nom de scène : « Zizi ». Celui-ci viendrait à l’origine d’une boutade faite à sa mère : alors que cette dernière la nommait « mon petit Jésus », celle-ci lui rétorquait qu’elle était alors son « petit zizi ».
Bien décidée à se mettre à la danse, Zizi Jeanmaire entre à l’école de l’Opéra de Paris dès ses 9 ans. Dans sa classe, elle se lie alors avec un garçon, Roland Petit, qui deviendra plus tard son chorégraphe et son époux. « J’essayais d’attirer son attention. Chaque vendredi, je partageais mon clafoutis avec lui », confie-t-elle plus tard. Inséparables, les deux quittent ensemble le corps de ballet dans lequel ils sont restés quatre ans pour suivre une trajectoire plus personnelle : lui est chorégraphe pour les Ballets des Champs-Élysées, elle est danseuse pour les Ballets de Monte-Carlo. Finalement, les deux se retrouvent en 1948, lorsque Zizi Jeanmaire devient danseuse étoile pour les Ballets de Paris fondés par son acolyte au théâtre Marigny.
Carmen, premier succès
À partir de ce moment, Zizi Jeanmaire et Roland Petit continuent les collaborations. En février 1949, le chorégraphe prévoit de mettre en scène Carmen d’après Bizet, et confie à la danseuse le rôle-titre à sa demande. Le ballet est alors joué à Londres, Paris, puis dans plusieurs villes d’Amérique du Nord, et remporte un véritable succès pour la modernité de ses danses très sensuelles et sans artifice.
Zizi Jeanmaire est remarquée pour sa silhouette androgyne, Roland Petit étant parvenu à la convaincre d’adopter une « coupe à la garçonne » qu’elle gardera définitivement. Pour le chorégraphe, l’objectif était alors d’en faire une « une chose asexuée, ni garçon ni fille, une furie, un être nouveau ». Ce ballet lui colle longtemps à la peau, puisque celle-ci va danser Carmen plus de 2 000 fois lors de la tournée. Grâce à ce triomphe, le duo poursuit avec La Croqueuse de diamants, dans lequel Zizi Jeanmaire se met à chanter les paroles de Raymond Queneau. Là aussi, sa coupe à la garçonne et son air canaille séduisent le public français et américain.
Une carrière dans le music-hall
Après ses tournées aux côtés de Roland Petit, Zizi Jeanmaire devient une vedette du music-hall. De retour à Paris, celle-ci se chamaille durant un temps avec son chorégraphe, et décide de faire une carrière solitaire en partant à Broadway jouer dans la comédie musicale The Girl in Pink Tights en 1954.
Mais cette évasion est de courte durée, puisqu’elle recroise son acolyte à Hollywood quelques mois plus tard : le duo se réconcilie alors, scelle son union par un mariage et donne naissance à une fille, Valentine Petit. Après quelques essais au cinéma, Zizi Jeanmaire poursuit alors sa carrière dans le music-hall, principalement en Europe. Elle continue à collaborer avec son mari, et rencontre de nombreux succès à La Revue de l’Alhambra à Paris.
Mon truc en plumes, et autres échanges artistiques
Parmi ses revues à l’Alhambra, elle triomphe notamment en 1961 avec le fameux Mon truc en plumes qui l’a fait entrer dans la postérité. Cette chanson, lors de laquelle elle joue avec des éventails en plumes remués par des danseurs, est composée par le musicien Jean Constantin sur des paroles de Bernard Dimey. Les costumes ont quant à eux été réalisés par l’un de ses amis : le créateur Yves Saint Laurent. Ce n’est d’ailleurs pas leur seule collaboration, puisque celui-ci va lui concevoir de nombreuses autres tenues de scène aujourd’hui exposées au musée Yves-Saint-Laurent de Paris.
Zizi Jeanmaire n’en est pas à sa seule collaboration artistique, et en vient à regretter le succès de Mon truc en plumes qui fait de l’ombre à ses autres revues : « C’était un numéro de music-hall extraordinaire, mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt ! J’ai aussi chanté Aragon, Guy Béart ou Serge Gainsbourg ».
En effet, celle-ci a interprété des textes de nombreux écrivains et chanteurs, parfois écrits spécialement pour elle : Gainsbourg lui a d’ailleurs dédié plus d’une vingtaine de chansons, dont Les bleus ou L’Oiseau de paradis. Zizi Jeanmaire continue en effet à monter sur scène en tant que danseuse ou chanteuse jusqu’en 2000, avant de tirer sa révérence à l’âge de 76 ans.
Romane Fraysse
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Image à la une : Zizi Jeanmaire posant avec son costume « Mon truc en plumes » pour la couverture de Paris Match, 13 janvier 1962 – © Jack Garofalo / Paris Match / Musée Yves-Saint-Laurent