Pourquoi cette fascinante villa classée à l’UNESCO a-t-elle été laissée à l’abandon aux portes de Paris ?

La Villa Savoye © Takashi Images / Adobe Stock

Des constructions architecturales qui changent du commun, c’est notre dada chez Paris Zigzag. Entre les façades factices, les Art déco, les Art nouveau, et bien d’autres encore, nous sommes toujours à la recherche de bâtiments encore plus fascinants les uns que les autres. Aujourd’hui, direction la commune de Poissy pour découvrir une villa magistrale…

Une commande et un rêve

Volonté du couple lillois Pierre et Eugénie Savoye, ils se font construire une maison de campagne sur leur terrain à Poissy – car oui, à l’époque, Poissy est entouré de prairies, d’arbres, et surtout donne sur la Seine majestueuse. Alors, en 1928, ils font appel à l’architecte très réputé Le Corbusier pour réaliser leur villa. Ni une, ni deux, il s’attaque aux plans : ce sera une maison sur pilotis pour ne pas déranger la nature de l’endroit. “La maison reposera sur l’herbe comme un objet sans rien déranger”, prévient-il. Elle sera, en fait, “une boîte en l’air habitable”.

Une villa classée à l’UNESCO

Cette demeure, dénommée la Villa Savoye, est, en fait, la dernière de la période dite des “villas blanches” de Le Corbusier et fait partie, avec 16 autres ensembles, de “l’œuvre architecturale de Le Corbusier” inscrite à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Bâtiment magistral au caractère avant-garde, il respecte les cinq points de l’architecture moderne énoncés par Le Corbusier : les pilotis, le toit-terrasse, le plan libre, la fenêtre en bandeau, et la façade libre. De nouveaux matériaux, notamment le béton, et de nouvelles techniques de construction y sont expérimentées, notamment la prise en compte à part entière de la voiture dans les plans de la maison.

Surnommée “les Heures claires” par le couple Savoye, c’est une villa qui laisse passer toute la journée la lueur du soleil. D’intérieur très clair – la plupart des murs sont blancs -, quelques taches de couleur viennent ponctuer l’habitat. Le bleu surtout, du ciel, se retrouve très mat dans certaines pièces. Et le vert, la nature, vient contraster avec l’écume blanche de la façade. La couleur participant à la construction de l’espace et jouant physiologiquement sur l’homme, Le Corbusier en fait un usage très précis et minutieux. Une merveille. Mais aussi, cette villa possède, presque à chaque étage, des ouvertures sur l’extérieur. Un solarium sur le toit-terrasse est ainsi installé, et de grandes terrasses de verdure sont accessibles depuis de grandes baies vitrées.

Une villa à la dérive ?

Laissé à l’abandon par ses propriétaires originels depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des idées de lycée et de centre culturel pour les jeunes, voire de démolition avant qu’elle ne soit classée, le futur de cette villa reste pour le moment incertain. Ouverte au public en 1997, elle aurait besoin de plusieurs travaux afin qu’elle soit entièrement mise à jour. Malgré tout, en 2024 doit débuter la construction d’un grand musée relié à la villa d’une surface de 7 500 m2. Il devrait ouvrir au public en 2027. Cette villa reste, en fait, un morceau du patrimoine de la théorie corbuséenne visitée par beaucoup de ses adorateurs.