fbpx

Connaissez-vous l’histoire de ce cabaret dont les affiches font encore aujourd’hui le tour du monde ?

Théophile Steinlen, La Tournée du Chat noir

Vous les avez notamment aperçues dans Friends… Les affiches du Cabaret du Chat noir ont fait le tour du monde et représentent un Paris fantasmé. Mais, derrière cette image bien connue, c’est tout un état d’esprit de la Belle Époque qui est raconté : celui de la Belle Époque où les artistes vivaient une vie de bohème dans ce cabaret de Montmartre.

https://f.info.pariszigzag.com/f/p?q=n4l6TIJ-xaXwmPcVukeg0JIv3j35jY1Hp2d9b9w0MxToUZjbYmkjQJFGucEje1zlUsrplyzy9fTMEuGtw5Uuk4PoGLToiAdX7q7gCE5Ygds9xBhdFqorr2qPLhut1rdkUQO0aAGCidqra1GnWkoTHPimgWFOY7qWJPEXp_zcUbNP0UkwaMecwb0zO5uuH0rpRjwOw5fN0JrNnvIqari3wp9gPUvD1NMV1aFunX5bGC1780yCJ0nq4OqSUdUqIc4l

Un place to be à la sauce Belle Époque

Allusion grivoise, référence à la nouvelle d’Edgar Allan Poe ou nom donné en l’honneur d’un petit chat trouvé devant l’établissement, l’origine du nom de ce cabaret mythique reste floue… Ce qui l’est moins, c’est que ce lieu – qui n’aura existé que pendant quinze ans – s’est très rapidement dressé comme l’un des plus influents et réputés de Montmartre.

L’histoire commence en novembre 1881 : Rodolphe Salis, jeune Châtelleraudais domicilié boulevard de Rochechouart, décide d’aménager un café-concert à la place du guichet postal situé au rez-de-chaussée de son immeuble. Cet ancien militaire, amateur d’art plus doué en affaires que talentueux de ses mains, souhaite ouvrir un débit de boisson qui donnera toute sa place à l’art. Les ambitions du jeune homme sont grandes : il veut crée un café de haut-rang pour les nouveaux artistes du quartier et le décorer richement dans le style troubadour. Les débuts du Chat noir ne sont pas si glorieux, l’aménagement est sommaire et les boissons de piètre qualité, mais le succès ne tarde pas à se profiler.

Le premier chat noir
Devanture du premier chat noir, boulevard de Rochechouart.

Des partis pris créatifs

En effet, Rodolphe Salis n’a pas beaucoup d’argent, mais a des idées originales. Il décide par exemple qu’un garde Suisse surveillera l’entrée du lieu et en refusera l’accès aux prêtres et militaires. Il demande également à ce que les serveurs soient déguisés en académiciens. Si farfelues soient-elles, ces idées plaisent aux insouciants bohèmes du nord de la capitale qui tentent de vivre de leur art.

Et Rodolphe Salis a non seulement de grandes idées, mais aussi des amis influents. Son ami Émile Goudeau, journaliste et romancier, fait ainsi venir ses connaissances et les anciens membres de son club littéraire des Hydropathes. Dès le début, ces quelques écrivains et chansonniers se retrouvent presque chaque soir au Chat noir, autour d’un verre et de quelques vers.

Premier numéro du chat noir
Le premier numéro de la revue du Chat noir, publié le 14 janvier 1882 © Gallica/BNF

Un cabaret qui devient média

En 1882, c’est une autre bonne idée, la création d’une revue hebdomadaire toute entière dédiée à la promotion du cabaret, qui permettra à Rodolphe Salis et Émile Goudeau d’asseoir pour de bon la notoriété du jeune Chat noir. Véritable révélateur de l’état d’esprit de l’établissement, la revue offre un terrain d’expression aux artistes, poètes, chansonniers et illustrateurs habitués de l’adresse… et incite les autres à venir s’établir en ce nouveau lieu du nord de Paris.

Du beau monde au portillon

Les mois passants, ils sont de plus en plus nombreux a foulé la porte du caveau de Montmartre. Dans l’arrière-salle de ce petit deux-pièces, Camille Pissaro ou Vincent Van Gogh discuteront bientôt avec l’illustrateur Henri de Toulouse-Lautrec, Alphonse Allais et Mallarmé déclameront leurs poèmes devant Maupassant ou Aristide Bruant. Avant le Bateau-lavoir et le Moulin Rouge, ce lieu que l’on surnomme désormais “l’Institut” devient le petit coin de Montmartre où l’art et la fête se développent à l’unisson.

Le caveau du chat noir
Le caveau du Chat noir à son dernier emplacement, au 68 boulevard de Clichy.

Un déménagement qui fait les choses en grand

Fort de son succès, le caveau du Chat noir ne tarde par à déménager pour s’installer dans un local plus spacieux, un immeuble entier au 12 rue de Laval (aujourd’hui rue Victor-Massé). La décoration, pensée par l’affichiste et peintre Adolphe Willette, est enfin à l’image de ce que souhaitait son propriétaire : extravagante, fantasque, pleine de démesure. Au sein des trois étages de cette grande bâtisse, le Chat noir va se déployer et devenir le lieu mythique que nous connaissons aujourd’hui.

Au premier étage, Henri Rivière ouvre son “théâtre d’ombres”, sorte d’ancêtre du cinéma et véritable prodige d’innovation pour l’époque. Pendant douze ans, les silhouettes en zinc éclairées derrière un écran en toile blanche amuseront l’auditoire au gré d’une quarantaine de pièces différentes.

Rodolphe Salis, auto-proclamé “seigneur de Chatnoirville” y fait également installer un piano, une première à Paris, les pianos étant encore interdits dans les débits de boisson. Claude Debussy et Erik Satie, alors jeunes compositeurs, s’installeront devant cet instrument et y composeront même certains de leur morceaux. Au Chat noir, les intellectuels et artistes s’affranchissent de leur réputation bourgeoise, s’amusent, boivent jusqu’à plus soif et se rencontrent dans un lieu où l’art peut s’épanouir.

Clap de fin 

L’histoire du Chat noir aura finalement étée aussi fugace qu’intense. Après un bref passage au 68 boulevard de Clichy à partir d’octobre 1896 et malgré un succès indiscutable, Rodolphe Salis décide de fermer son cabaret en janvier 1897. Il a dans l’idée de se relancer ailleurs et de focaliser son énergie sur les “tournées du Chat noir” qu’il a lancé quelques années auparavant. Le fantasque entrepreneur meurt deux mois plus tard et n’aura pas le temps de réaliser ses nouveaux rêves. Malgré sa courte durée de vie, son Chat noir connaîtra une belle postérité, tout comme la fameuse affiche dessinée par l’illustrateur Théophile Steinlen !

Affiche du chat noir par Steinlen

Les prochaines visites guidées



Voir toutes nos activités