Connaissez-vous l'histoire surprenante de ce château du 18e siècle cachée sur la Butte Montmartre ?
Fascinant pour son atmosphère artistique, ses rues pavées, ses monuments emblématiques ou encore sa vue imprenable sur Paris, Montmartre demeure l’une des quartiers les plus attrayants pour un séjour à Paris. Outre les incontournables que sont le Sacré-Cœur ou la Place du Tertre, la butte parisienne regorge de trésors méconnus… comme un mystérieux château caché derrière une végétation dense et un imposant portail. Un édifice dont le nom est aussi énigmatique que son histoire est fascinante : le Château des Brouillards.
Une demeure marquée par l’esprit de grands artistes
La première question qui se pose au sujet de ce château concerne bien évidemment son nom : celui-ci vient en fait de la vapeur d’eau qui s’échappait des sources qui, autrefois, affleuraient à la surface et noyaient le paysage dans un manteau de brume. Quant à l’histoire du lieu, il faut replonger à la seconde moitié du XVIIIe siècle. Bien avant que Montmartre ne soit rattaché à Paris, un avocat au Parlement de Paris du nom de Legrand-Ducampjean rachète un terrain de 7 000m² sur lequel subsistent les ruines d’une ferme et d’un moulin. Après avoir tout fait raser, il fait construire une folie, ces maisons de plaisance éloignées de la ville et très en vogue du XVIIe au XIXe siècle, et ses communs. L’avocat revendra le tout à la veille de la Révolution en 1789. C’est une autre révolution, celle de 1848, qui vient paradoxalement redonner de la vie au château, qui devient le siège du camp républicain. Deux ans plus tard, les communs pour laisser place à des pavillons où résidèrent bon nombre d’artistes tels que Théophile Alexandre Steinlen, Kees Van Dongen et Amedeo Modigliani. Montmartre étant une source d’inspiration éternelle, Auguste Renoir s’installa également non loin de ce château que Gérard de Nerval aimait également décrire quelques années plus tôt lors de ses passages à Montmartre. Célèbre cinéaste et second fils d’Auguste Renoir, Jean Renoir naquit d’ailleurs dans cette résidence située allée des Brouillards, gardant avec lui le souvenir des chèvres qui venaient brouter les herbes folles du jardin sauvage.
Une somptueuse demeure passée tout près de la disparition
Le faste voulu pour ce château au XVIIIe siècle est bien loin, comme le prouve justement ce jardin sauvage, devenu un maquis où les Parisiens sans-abri, les gens du spectacle, les faux-monnayeurs, petits truands, bohémiens et autres anarchistes y construisent des baraques. En 1878, à l’emplacement de l’ancienne laiterie du domaine, un fabricant de lampes ouvre le bal de la Feuillée de Montmartre qui eut un certain succès auprès de la bourgeoisie et du milieu artistique, et qui fut notamment fréquenté par Victor Hugo, Léon Gambetta ou Joris-Karl Huysmans. Le XXe siècle arrive et avec lui les immeubles qui viennent remplacer le bidonville. Avec le percement de l’avenue Junot, le château des Brouillards se retrouve très vite menacé de disparition. Une situation qui n’est pas du goût de Victor Perrot, président de la société du vieux Montmartre, qui rachète la folie et la restaure en y installant notamment l’électricité. Propriété du violoniste Marius Casadesus et de sa famille pendant cinq générations, le château est devenu au fil du temps une demeure de luxe, en plein cœur de la Butte Montmartre, à deux pas du cimetière Saint-Vincent ou du célèbre buste de Dalida.
Une demeure de rêve… à acquérir à un prix XXL
À la fois hôtel particulier historique et maison de campagne au charme suranné, le château des Brouillards est d’ailleurs un bien à acquérir depuis quelques mois. Avis toutefois à ceux qui rêvent d’un nouveau pied-à-terre : il faudra y mettre le prix. Mis en vente pour plus de 10 millions d’euros, il faut dire que le château n’a pas seulement un emplacement de rêve comme atout. Pourvue de cinq chambres, la demeure cache en son sein une piscine intérieure aux allures de bains gréco-romains avec de sculpturales colonnes antiques face à un mur orné de miroirs. Il faut également compter sur un hammam privé, des salons, salles à manger et autres bureaux, et plus de 700 m2 d’extérieurs, dont 428 de jardin public en jouissance exclusive, entretenus par les jardiniers de la Ville de Paris. Tout cela avant le clou du spectacle : une vue impressionnante sur le Sacré-Cœur.
À lire également : Connaissez-vous cette petite cour cachée, véritable havre de paix à deux pas de la Bastille ?
Image à la une : Château des Brouillards © Immo Best International