
Au 61 boulevard Arago (13e), derrière un portail, se découvre un grand jardin fleuri habité par les chats, et entouré de 29 chalets datant du XIXe siècle. Très justement nommé la “Cité fleurie“, ce lieu préservé regroupe encore aujourd’hui des ateliers d’artistes.
Une cité du XIXe siècle
Située le long du boulevard Arago, cette cité peut passer inaperçue puisque son accès reste privé. Pourtant, lorsqu’on franchit le portail, on découvre un grand jardin fleuri, habité par une vingtaine de chalets blancs aux pans en bois. À l’origine, ceux-ci ont été construits pour former des ateliers modestes et accueillir des artistes à la fin du XIXe siècle.

La construction s’est alors faite sur deux périodes : un premier bâtiment a été construit en 1878 avec les vestiges du pavillon de l’Alimentation conçu par Hunebelle pour l’Exposition universelle de cette même année. Ensuite, en 1888, un deuxième bâtiment est construit le long du boulevard afin d’encadrer cet ilot de verdure. Et au cÅ“ur de cette végétation, l’architecte Montmorin-Jentel, alors ingénieur de la Ville de Paris, a bâti les vingt-neuf chalets blancs que l’on retrouve encore aujourd’hui, et qui sont classés au titre de monument historique.
Des artistes illustres
Nommée la Cité fleurie, cette résidence d’artistes témoigne des constructions qui se faisaient au cours du XIXe siècle pour des artistes alors sans le sou. Ainsi, de nombreux peintres et sculpteurs du tournant du XXe siècle y ont occupé un atelier durant quelques mois ou plusieurs années. Parmi ces principaux locataires, on compte notamment Eugène Grasset, qui y est resté de 1890 jusqu’à sa mort en 1917. D’autres comme Amedeo Modigliani, Pierre Roy ou Henri Cadiou y travaillent quelque temps.

La fondation d’une bibliothèque historique
La Cité fleurie a aussi marqué l’histoire d’une tout autre manière. C’est à cette adresse que plusieurs exilés allemands ont décidé de fonder la Bibliothèque allemande de la liberté en 1934. Celle-ci avait alors pour vocation de protéger les écrits interdits par le régime nazi, qui pratiquait déjà l’autodafé. Au fil des années, cette bibliothèque a rassemblé près de 20 000 livres et des centaines d’articles de journaux. Des intellectuels français ont alors rejoint le comité, comme Gaston Gallimard et André Gide, mais le lieu a finalement été détruit sous l’Occupation.

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