
Non contents d’avoir accueilli des élèves prestigieux par le passé, certains établissements scolaires peuvent également se vanter de posséder une renommée reconnue à travers le pays, voire même le monde. Si c’est le cas de certains dans Paris intra-muros, on oublie trop souvent qu’il existe une école, dont l’origine remonte au XVIIIe siècle, qui s’est imposée comme l’une des meilleures au monde et qui ne se trouve qu’à quelques minutes du cœur de la capitale…
Un établissement devenu une véritable référence à travers les siècles
C’est sous l’impulsion de Louis XV que Claude Bourgelat, avocat puis “Écuyer du Roi tenant l’Académie d’équitation de Lyon”, fonde en 1766 l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Pour cet établissement spécialisé dès ses débuts dans la préservation et l’amélioration de l’espèce chevaline, Claude Bourgelat fait le choix d’être épaulé par Honoré Fragonard, anatomiste renommé de l’époque et premier directeur de l’école. L’École répond aussi à la nécessité de trouver des solutions efficaces pour protéger le bétail régulièrement ravagé par de graves épidémies dans les campagnes. D’abord installée au nord de Paris, en l’actuelle rue Philippe-de-Girard dans le 10e arrondissement, l’école se révèle vite dotée de locaux trop exigus. De plus, l’environnement alentour semble mettre en péril la “bonne moralité” des étudiants. On se tourne alors vers la propriété du château d’Alfort, achetée au baron de Bormes, qui correspond mieux à un enseignement rural par son emplacement et la surface de ses terrains. Recevant un enseignement autoritaire, les premiers diplômés, qualifiés “d’artistes vétérinaires”, ont une action efficace une fois de retour dans leurs provinces pour faire face aux maladies du bétail. Par ailleurs, les élèves d’Alfort s’illustrent en 1814 lors de la Campagne de France où, soutenus par quelques troupes régulières napoléoniennes et des canons, ils défendent le passage du pont de Charenton contre les forces européennes alliées.
Un véritable pôle de recherche au service des compagnons
Au fil du temps, l’histoire de l’École est marquée par des noms reconnus de chercheurs qui y ont travaillé et qui ont contribué à sa renommée : Camille Guérin, Albert Calmette, Louis Pasteur, Edmond Nocard, Henri Bouley ou encore Gaston Ramon. C’est d’ailleurs avec l’école que naît le terme “vétérinaire”, venant du latin “veterinarius” et qui signifie “celui qui soigne les bêtes qui vieillissent”. Aujourd’hui, l’École est un établissement d’enseignement supérieur et de recherche réputé, rattaché au Ministère de l’Agriculture, qui compte près de 800 étudiants, 75 enseignants chercheurs et une quarantaine de chercheurs appartenant à des laboratoires associés. En matière de recherche, l’établissement est un acteur scientifique majeur autour de deux pôles : les maladies animales, zoonoses et risques infectieux d’une part, et d’autre part la physiopathologie et thérapie du muscle, de l’appareil locomoteur et de la reproduction. Dans le même temps, l’École est aussi un centre de consultations, avec quatre hôpitaux vétérinaires investis d’une mission de service public : animaux de compagnie, équidés, animaux de ferme et animaux sauvages. Proposant des techniques de diagnostic sophistiquées, l’École possède tout simplement la clientèle de chiens et chats la plus importante d’Europe, avec plus de 40 000 animaux pris en charge chaque année.

Un musée riche de pièces extravagantes et enrichissantes
Désormais étendus sur près de 12 hectares, les bâtiments de l’École demeurent le témoin de l’histoire de l’établissement et de son évolution, au point qu’une série de bâtiments datant du XIXe siècle a été protégée au titre des Monuments Historiques, dont les pavillons d’entrée et le portail ou encore la partie en hémicycle des « hôpitaux », sa façade et les boxes des chevaux. Parmi les bâtiments remarquables figure également l’ancienne résidence universitaire, parfaitement représentative des années 1930. Autre site immanquable de l’École : le bâtiment Fragonard, qui abrite le Musée du même nom et la bibliothèque. Le Musée Fragonard est sans doute l’un des plus vieux musées de France. À l’origine “cabinet de curiosités” où étaient exposées des pièces originales ou extravagantes en rapport avec la science, le Musée Fragonard est assurément l’un des plus vieux musées de France. Aujourd’hui encore, le site présente une collection étonnante de monstres, animaux et autres pièces insolites, à commencer par les œuvres de l’anatomiste Honoré Fragonard comme les célèbres “Écorchés”. Auparavant réservé aux étudiants et scientifiques, le Musée est désormais ouvert au grand public et il n’est pas rare de voir des visiteurs venir du monde entier pour découvrir cette collection qui sort de l’ordinaire. Autre lieu riche en enseignement : le jardin botanique, créé en 1766. Riche de plantes mellifères, servant à faire le miel, toxiques et médicinales de grande valeur scientifique et patrimoniale, ce jardin exclusivement destiné à l’enseignement et à la recherche scientifique par le passé est ouvert depuis 2003 aux groupes scolaires, associatifs, et de retraités qui viennent découvrir les plantes et leurs applications à la médecine et à l’alimentation au travers de visites guidées.

Ecole nationale vétérinaire d’Alfort
7 avenue du Général de Gaulle
94700 Maisons-Alfort
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Image à la une : Ecole vétérinaire d’Alfort © Alamy