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Pourquoi des individus atteints de troubles mentaux se réunissaient-ils dans le cimetière de cette église de Paris?

église Saint-Médard de Paris

Descendant en pente douce de la montagne Sainte-Geneviève, la rue Mouffetard n’est pas seulement l’une des plus anciennes voies de la capitale, mais aussi l’une des plus atypiques. Outre son activité commerciale dense et pittoresque symbolisée par les innombrables restaurants, cafés, bouchers et autres primeurs, le quartier Mouffetard fait aussi le bonheur des étudiants le temps d’une soirée, et des amoureux d’architecture qui peuvent tomber nez à nez avec des monuments abritant des siècles d’Histoire. Comme une église ayant connu le règne de Louis XV et même les affronts des Guerres de Religion…

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Une église dont le saint fait la pluie et le beau temps

Un édifice qui est le dernier survivant d’un quartier qui portait jusqu’à la Révolution le nom de faubourg Saint-Marceau et dans lequel se trouvaient plusieurs églises totalement disparues. Qu’il s’agisse de l’église Saint-Martin, construite en 1158 et détruite en 1790, l’église Saint-Marcel, construite aux IXe et XIe siècles et détruite lors du percement du boulevard Saint Marcel, ou encore l’église Saint-Hippolyte, détruite en 1807, toutes ont subi de plein fouet la tourmente révolutionnaire ou les transformations de Paris sous le Second Empire. Mais pas cette église, dont l’origine remonte à l’époque mérovingienne. Des tombes chrétiennes sont déjà réunies à quelques mètres des murs de l’église actuelle, comme l’ont révélé des fouilles, ce qui prouve qu’un cimetière chrétien et sans doute un oratoire existent déjà au VIe ou VIIe siècle. Il faut finalement attendre le XIIe siècle et une bulle du pape Alexandre III pour que l’existence d’une église et d’une paroisse soit attestée. Fêté le 8 juin, saint Médard est le protagoniste de nombreuses légendes, comme celle racontant que, lorsqu’il avait 10 ans, il sortit de l’écurie un des chevaux de son père pour le donner à un pauvre homme qui venait de perdre le sien. Son père, furieux, voulut le rattraper mais une pluie diluvienne l’en empêcha. Pourtant, sa surprise fut immense quand il vit son fils revenir complètement sec : Médard fut en effet protégé de la pluie par un aigle qui avait déployé ses ailes au-dessus de lui. Depuis, l’enfant jouit d’un don lui permettant de “faire la pluie et le beau temps” selon les besoins.

L’église Saint-Médard en 1911 © Agence Rol
L’église Saint-Médard en 1911 © Agence Rol

Une longue histoire faite d’épreuves

Une protection dont n’a pas forcément hérité l’église parisienne qui porte son nom, Saint Médard, fruit d’une construction particulièrement longue et chaotique. L’église actuelle a en effet été édifiée du début du XVe… au XVIIIe siècle. Au XVIe siècle, sa construction est d’abord interrompue par les guerres de Religion et notamment par le Tumulte de Saint-Médard, une dispute entre protestants et catholiques, qui entraîne le saccage de l’église par les protestants. Au siècle suivant, la paroisse dépendait jusque-là du seul abbé de Sainte-Geneviève est placée sous la juridiction directe de l’archevêque de Paris et reste confiée à des religieux de l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris jusqu’à la Révolution française. Enfin, au XVIIIe siècle, les convulsionnaires (individus atteints de troubles mentaux) se réunissent dès 1727 sur la tombe du diacre François de Pâris, située dans le petit cimetière de l’église, pour y rechercher des transes mystiques, des guérisons et toutes sortes de miracles. Un déferlement tel que le roi Louis XV décide, en 1732, d’en faire interdire l’accès. Une décision qui n’empêche pas un inconnu malicieux d’apposer une affichette sur la palissade fermant le cimetière, avec ces mots : “De par le Roi, défense à Dieu de faire miracle en ce lieu”. Durant la Révolution, l’église est fermée et le culte aboli, avant de finalement rouvrir en 1795 sous un nouveau nom (temporaire) : le Temple du Travail. Le XIXe siècle, marqué par la transformation de Paris sous le Second Empire, voit l’église subir de nombreux aménagements intérieurs et extérieurs, comme le grand cimetière sud transformé en square Saint-Médard ou la destruction des maisons qui enserrent l’édifice.

Une église pensée comme un véritable musée

Joyau méconnu de la capitale, l’église Saint Médard doit sa discrétion à plusieurs facteurs. L’édifice, et plus particulièrement son côté sud, est par exemple “victime” de la belle saison, car difficilement visible de l’extérieur à cause des arbres en fleurs du square à proximité. Fort heureusement, il est bien plus évident d’admirer la façade occidentale, idéalement visible de la rue Mouffetard. Si l’ensemble de la façade a été mutilé au XVIIIe siècle, puis au XIXe, la partie haute comprend une large baie à remplage flamboyant entourée de pinacles que l’on peut aisément dater du XVe siècle. Une fois à l’intérieur, le monument ne manque pas de surprises, à commencer par l’étroitesse de la nef. Une curiosité très vite compensée par la largeur de ses bas-côtés, la profondeur de ses chapelles et le somptueux mobilier qui s’y trouve, comme l’orgue de tribune ou le buffet du XVIIe siècle. Pour ce qui est de sa collection, l’église Saint-Médard possède quelques reliquats de vitraux Renaissance, dont une magnifique verrière axiale, mais aussi une importante quantité d’œuvres d’art, dont des toiles du XVIe au XIXe siècle. Des vitraux du XVIe siècle, il ne subsiste aujourd’hui que des débris. C’est ainsi qu’au XXe siècle, la paroisse fit appel à plusieurs maîtres verriers, de Jean Hébert-Stevens à Paul Bony et Pierre Cellier, pour colorer les vitraux du second niveau. Enfin, les amoureux d’architecture ne peuvent que lever les yeux au ciel pour contempler la voûte impressionnante et complexe de son déambulatoire.

Tableau de Francisco de Zurbarán, maître espagnol du Siècle d'or (XVIe-XVIIe siècle) © J.M. Moser / COARC / Ville de Paris
Tableau de Francisco de Zurbarán, maître espagnol du Siècle d’or (XVIe-XVIIe siècle) © J.M. Moser / COARC / Ville de Paris

Église Saint-Médard
141 rue Mouffetard
75005 Paris

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Image à la une : Eglise Saint Médard © TripAdvisor

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