Cours de Vincennes. On fait le marché. Entre cette grande artère qui relie la place de la Nation à la Porte de Vincennes, rien d’étonnant ou de surprenant, on se dit. Mais, entre 1 kilo de pommes et trois tranches de jambon, on se rend compte qu’une façade, pas très grande, nous fait de l’Å“il…
Deux noms, trois mots
Entre les immeubles blancs, non loin de la rue de Charonne, du côté impair, se dévoile une façade bien particulière et décorée avec grand soin. Alors on s’y approche et on lit : Zaengerler et Roussel. Qui étaient-ils ? Si l’on regarde les autres inscriptions au-dessus de la grille d’entrée, il n’y a pas de doute : Carrelage. Faïence. Mosaïque. On apprend qu’une famille de carreleurs était installée dans l’immeuble dès 1930. Mais leur histoire, en fait, remonte à bien plus loin que ça.
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Une famille de carreleurs
Les Zaengerler, en fait, étaient une famille de carreleurs vivant depuis plusieurs générations dans le 20e arrondissement. On dit d’ailleurs qu’ils sont des descendants du pharmacien originaire de Munich Georges Joseph Zaengerler qui a demandé sa nationalité française en 1817. Vers la fin du siècle, deux carreleurs étaient répertoriés dans les environs. Mais ce n’est qu’en 1922 que s’officialise l’industrie Zaengerler et fils lorsque la famille s’installe au 55 rue des Panoyaux. Et, il faudra attendre 6 ans, en 1930, pour que soit créée l’entreprise Zaengerler et Roussel au 29 cours de Vincennes, emplacement encore actuel de leur ancienne boutique.
Une devanture sublime
Grâce à cette devanture, pas besoin de magazine ou de publicité pour prouver leurs techniques et leur savoir-faire : la façade fait tout. En dessous du nom, deux hommes en mosaïque en plein travail ; des artisans à l’œuvre dans la réalisation d’un carrelage magnifique. Et ça ne s’arrête pas seulement là : l’intérieur de l’immeuble est lui aussi décoré minutieusement de presque tous les carrelages, toutes les faïences, toutes les mosaïques qu’offre la boutique. Les sols et les murs sont, de haut en bas et de bas en haut, recouverts de nombreux échantillons colorés de carreaux et de mosaïques aux motifs abstraits ou géométriques. Dans les années 1930, l’entreprise va bon train : ils aident à la réalisation de plusieurs immeubles de l’architecte Fernand Renaud (celui au 53-55 rue Lermercier dans le 17e arrondissement ou encore celui au 9 rue Robert-Lecoin dans le 16e), mais aussi de l’église Saint Joseph de Villeneuve-la-Garenne dont le sol en carrelage a été réalisé par Zaengerler et Roussel. Seulement, à partir de 1938, la firme bat de l’aile et est mise en liquidation avant d’être rachetée. Cette façade, en fait, joue comme un héritage de la belle époque des mosaïques et du carrelage.
Façade Zaengerler et Roussel
29 Cours de Vincennes, 75012 Paris
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Photo à la Une : Façade Zaengerler et Roussel © jlggbblog2.net