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Connaissez-vous l'histoire extraordinaire de cette fontaine classée "Monument Historique" en plein Paris ?

Fontaine du Fellah © Washington Post
Par Alexandre M

L’eau est un sujet qui “alimente” vivement les discussions à Paris depuis pas mal de temps déjà. Au XVIe siècle, la capitale, qui ne ressemble pas du tout à ce qu’elle est aujourd’hui, voit ses 350 000 habitants ne pas bénéficier d’une eau de qualité. De quoi entraîner de gros risques d’hygiène et donc des maladies. Après l’installation d’aqueducs et de fontaines au XVIIe siècle, il faut attendre le XIXe siècle pour que, sous la direction d’Haussmann, Paris se dote enfin d’une alimentation correcte en eau et de système d’évacuation des eaux usées. Paris et ses habitants peuvent enfin bénéficier d’une eau de qualité et nombreux sont les vestiges encore présents aujourd’hui qui témoignent de cette évolution novatrice pour la capitale.

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Napoléon et l’importance de moderniser Paris

Derrière la transformation de Paris au XIXe siècle se cache l’impulsion de Napoléon III de faire de Paris une capitale plus moderne. Mais, à travers ce vaste projet, le premier président de la République française suit également la volonté de son oncle, Napoléon Ier. Quelques décennies plus tôt, le premier Empereur des Français avait compris l’importance de faire de Paris une ville puissante et moderne. En plus de la création de nombreux monuments, on doit à Napoléon Ier d’autres projets d’envergure, comme la création de nouveaux axes ou, déjà, l’assainissement de la capitale. Outre la création de canaux, le règne de l’Empereur voit la capitale accueillir de nombreuses fontaines, dont certaines sont encore bien présentes aujourd’hui. L’une des plus emblématiques, mais aussi l’une des plus étonnantes, trône encore fièrement et il faut pour cela se rendre dans le 7ème arrondissement. En arpentant la rue de Sèvres, on peut admirer quelques merveilles historiques, comme l’emplacement d’une entrée du couvent des Prémontrés-Réformés fondé en 1661, l’hôtel Lutetia ou encore l’église Saint-Ignace de Paris. Mais l’une des “vedettes” de cette rue autrefois appelée “chemin de la Maladrerie” à cause d’un hôpital de lépreux ne mesure “que” 2,8 mètres de haut : la fontaine du Fellah. Cette œuvre, située non loin de l’entrée du métro Vaneau, fait partie des 15 fontaines édifiées à Paris entre 1806 et 1807 sur ordre de Napoléon suite à l’ouverture du canal de l’Ourcq. Celle-ci fut ainsi réalisée sur les plans de l’ingénieur François-Jean Bralle et sculptée par Pierre-Nicolas Beauvalet.

Photo d’archive mettant en scène la fontaine à l’inspiration égyptienne © Collection particulière Jean-Pierre Rigouard
Photo d’archive mettant en scène la fontaine à l’inspiration égyptienne © Collection particulière Jean-Pierre Rigouard

Un parfait exemple du style néo-égyptien

Bâtie sur les plans de l’ingénieur à qui l’on doit également la fontaine de Mars, la fontaine du Fellah a pour vocation d’alimenter un quartier qui manque de points d’eau publics. Pour cette œuvre, le sculpteur Beauvallet s’inspire d’une statue antique, Antinoüs en Osiris, favori de l’empereur Hadrien. Cette œuvre fut découverte lors de fouilles archéologiques en 1739 dans la villa Hadrienne, résidence impériale à Tivoli édifiée au IIème siècle. La statue grandeur nature, vêtue d’un pagne et coiffée du pschent traditionnel, porte des amphores desquelles s’écoule l’eau dans une vasque semi-circulaire. Sur le fronton de l‘édifice, difficile également ne pas remarquer cet impressionnant aigle aux ailes déployées, qui remplace le traditionnel disque solaire et symbolise bien évidemment l’Empire. Avant tout, cette fontaine illustre la véritable égyptomanie qui s’est emparée de Paris après la campagne d’Egypte menée par Bonaparte entre 1798 et 1801. Parmi les plus belles architectures de style néo-égyptien à Paris, on peut évidemment citer le passage du Caire, bâti dès 1799, la fontaine du Châtelet, le cinéma Le Louxor ou encore les nombreuses statues de Sphinx disséminées un peu partout dans la capitale. Sous l’Empire, de nombreux fauteuils dans le style dit “retour d’Egypte” ont été réalisés, ces derniers étant souvent décorés de têtes égyptiennes ou de bustes ailés. À cette époque, on ira même jusqu’à associer la ville de Paris au culte d’Isis, à travers notamment un blason où la déesse égyptienne est représentée sur la proue du bateau des Nautes.

Un emblème impérial impossible à esquiver © Booster2Success
Un emblème impérial impossible à esquiver © Booster2Success

Un trésor historique sauvé par une association citoyenne

À l’origine, la fontaine du Fellah, inscrite au titre des Monuments Historiques, est alimentée par la pompe à eau du Gros Caillou, mise en service au niveau du quai d’Orsay en 1788. Le système de canalisations joue sur la gravité et rend possible l’alimentation les fontaines du quartier du Gros Caillou et du Faubourg Saint Germain, ainsi qu’une trentaine de points d’eau privés, notamment des hôtels particuliers. Mais la création du tout-à-l’égout des Invalides vient corrompre la qualité de l’eau, ce qui la rend impropre à la consommation. La pompe à eau du Gros Caillou, peu rentable, est alors abandonnée en 1858, avant d’être détruite en 1909, tandis que la fontaine du Fellah trouve une nouvelle source d’alimentation grâce à une dérivation des eaux du Canal de l’Ourcq. À l’origine, le flot s’échappait ensuite par un mascaron à tête de lion pour être évacué vers un puisard percé dans la chaussée, mais la statue de Beauvallet fut dégradée et remplacée par une copie vers 1840. Après de nombreuses années d’inaction à cause d’infiltrations et le combat d’une association citoyenne, la fontaine a retrouvé sa fonction première en 2019 et l’eau jaillit à nouveau comme au temps de l’égyptomanie.

Une fontaine qui suscite toujours l’étonnement © Guillaume Bontemps / Ville de Paris
Une fontaine qui suscite toujours l’étonnement © Guillaume Bontemps / Ville de Paris

À lire également : Pourquoi les fontaines Wallace ont-elles été offertes à la Ville de Paris en 1872 par un donateur anglais ?

Image à la une : Fontaine du Fellah © Washington Post

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