Ce sublime hôtel particulier du XIXe siècle fait partie des plus belles demeures parisiennes. Il a appartenu à une courtisane sulfureuse, célèbre mondaine du Second Empire, qui en avait fait un lieu de fête extravagant. Ses luxueuses dorures et ses peintures licencieuses lui ont même valu à l’époque le surnom de “Louvre du cul” ! Avez-vous deviné où l’on vous emmène aujourd’hui ? On vous raconte tous les secrets de cette incroyable maison où l’on prenait des bains au champagne…
Une courtisane au passé sulfureux
D’origine juive polonaise, Esther Lachmann née à Moscou en 1819 n’a pas toujours connu la richesse… Mariée très jeune avec un tailleur français avec qui elle a un enfant, elle s’enfuit pour venir s’installer à Paris. Pour survivre, elle vend d’abord ses charmes à la Nouvelle Athènes, où elle côtoie Wagner, Théophile Gautier, Léon Gambetta ou encore les frères Goncourt. Elle épouse ensuite le marquis de Païva, d’origine portugaise, sans se cacher qu’elle est principalement intéressée par son titre ! D’ailleurs, lorsqu’elle le quitte, le malheureux se suicide… C’est alors qu’elle croise la route de celui qui financera enfin sa folie des grandeurs : le comte Von Donnersmarck.
Un sublime hôtel particulier
Ayant gardé son titre de Marquise de Païva, elle souhaite se faire construire une sublime demeure : il faudra presque dix ans pour édifier l’hôtel particulier de ses rêves ! Pour 10 millions de francs or, il sort enfin de terre sur les Champs-Elysées en 1865. Derrière sa façade de style renaissance italienne assez sobre, cil abrite de richissimes décors parmi lesquels un extraordinaire escalier en onyx, des cheminées surmontées de bronze, un jardin d’hiver, des statues, peintures, marbres rares, boiseries… Et même une baignoire en argent de 900 kilos avec 3 robinets : un pour l’eau chaude, un autre pour l’eau froide, et le troisième pour le champagne !
“Le Louvre du cul”
L’un des trésors de l’hôtel de la Païva est la somptueuse toile de Paul Baudry, qui a décoré l’Opéra Garnier, ornant le plafond du grand salon. Intitulée “Le Jour pourchassant la Nuit“, elle représente la Marquise, nue, que l’on retrouve ainsi un peu partout dans les peintures… C’est notamment cela qui fera dire aux frères Goncourt que cette demeure est un véritable “le Louvre du cul” ! La Païva y donne de nombreuses fêtes où le  tout-Paris se presse et pourtant, cette gloire et cette opulence seront de courte durée. À la fin de la guerre franco-prussienne, la marquise de Païva est considérée comme une traîtresse et doit fuir la capitale… Elle trouve refuge en Silésie (alors en Allemagne mais désormais en Pologne) où elle décéde en 1884 après avoir eu l’espoir fou d’y transporter son somptueux palais des Champs-Élysées.
Le souvenir de la marquise
L’hôtel est alors fermé pendant plusieurs années et faut attendre 1903 pour qu’un célèbre cercle de gentlement, le Travellers Club, s’y installe. Il permet tout de même au public de visiter ce lieu magique le week-end grâce à travers de passionnantes visites guidées. Une découverte qu’on vous conseille vivement car cette demeure n’a pas son pareil dans la capitale et va vous en mettre plein la vue !
Hôtel de la Païva
25 avenue des Champs Elysées, 75008
Métro : Franklin D. Roosevelt (lignes 1 et 9)
Crédit photo de une : L’Hôtel de la Païva © KORBO
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A. C.