Dans le cœur bouillonnant de Paris, Le Palace s’est imposé dans les années 1970 et 1980 comme l’épicentre des nuits parisiennes et le temple de la musique disco. À deux pas des Grands Boulevards, ce lieu mythique a accueilli la crème des célébrités internationales, artistes, créateurs et anonymes en quête de fête et de liberté, attirés par son ambiance glamour et décalée. On vous raconte.
Un théâtre transformé en temple de la nuit
L’histoire du Palace débute bien avant son apogée en tant que boîte de nuit. À l’origine, le bâtiment abritait une salle de cinéma en 1912, puis un music-hall et un théâtre Art déco. Mais c’est en 1978 que Le Palace devient le symbole de la nuit parisienne sous la direction de l’entrepreneur Fabrice Emaer, figure incontournable du monde de la nuit et déjà à l’origine du club gay mythique Le Sept. Inspiré par les boîtes de nuit new-yorkaises comme le Studio 54, Emaer transforme Le Palace en un lieu excentrique, aux allures de théâtre luxueux, alliant Art déco et décadence, où l’art, la fête et le disco fusionnent dans un décor qui se voulait aussi théâtral qu’avant-gardiste.
Une atmosphère unique
La décoration somptueuse et audacieuse du Palace marquait un changement radical avec les autres clubs de l’époque. La salle principale était ornée de dorures, de sièges en velours rouge et de lustres majestueux qui illuminaient la piste de danse. Mais la véritable révolution du Palace résidait dans son concept unique : une discothèque où l’on venait non seulement pour danser, mais aussi pour assister à des spectacles, des performances, et parfois même des défilés de mode. Le balcon, réservé à une clientèle privilégiée, offrait une vue plongeante sur la scène centrale et la piste de danse, où s’alignaient les personnalités les plus en vue de Paris et d’ailleurs.
Un défilé de stars
Le Palace attire très vite les plus grands noms du monde artistique et médiatique. Parmi les habitués de ce temple du disco, on trouve Mick Jagger, Andy Warhol, Serge Gainsbourg, Karl Lagerfeld, et même Grace Jones. Les soirées au Palace sont réputées pour leur excentricité : déguisements extravagants, défilés, et happenings spectaculaires s’y succèdent. Pour les célébrités, il était presque inconcevable de passer à Paris sans faire un tour au Palace, et celles-ci s’y retrouvaient pour faire la fête, sans retenue ni souci du regard des autres.
Une programmation unique et avant-gardiste
Sous l’impulsion de Fabrice Emaer, Le Palace développe une programmation éclectique et audacieuse, invitant des DJ, mais aussi des artistes de tous horizons. Le Palace se distingue par sa volonté de mélanger les genres et les milieux sociaux, offrant ainsi un espace de liberté unique pour ses membres. En pleine révolution disco, la piste de danse devient le théâtre de chorégraphies improvisées et de tenues qui deviennent rapidement iconiques, en parfaite adéquation avec la musique de Donna Summer, Chic ou Earth, Wind & Fire qui y retentit.
La descente et la renaissance du Palace
Les années 1980 sont marquées par le déclin progressif du Palace, notamment en raison de la montée du Sida, qui touche de nombreux habitués de la nuit et freine la vie nocturne. Après le décès de Fabrice Emaer en 1983, le Palace tente de se réinventer, mais ne parvient pas à retrouver son aura d’antan. Il ferme ses portes en 1996, laissant derrière lui une légende, celle d’un lieu où les conventions disparaissaient, où chacun pouvait se libérer le temps d’une nuit.
Le Palace renaitra cependant dans les années 2000, rouvrant en tant que théâtre et salle de concert, tentant de perpétuer la mémoire de cet espace unique.
Un héritage encore bien vivant
Bien qu’il ait perdu sa fonction première de discothèque, Le Palace continue d’évoquer un chapitre marquant de l’histoire de la nuit parisienne et du mouvement disco, marquant à jamais ceux qui ont pu y danser sous les paillettes et les miroirs. Le Palace reste aujourd’hui une icône, immortalisée dans les récits de ceux qui l’ont fréquenté et dans la mémoire collective parisienne. Ce club a laissé un héritage durable, inspirant de nombreux lieux de fête qui lui ont succédé. Pour beaucoup, le Palace demeure le symbole d’une époque d’insouciance, de créativité et de liberté, où le mélange des genres et la tolérance ont permis de réinventer la nuit parisienne. Le Palace a incarné l’essence même du disco, et malgré les années, l’aura du lieu continue d’illuminer l’histoire de la capitale.