À deux pas d’Odéon dans le 6e arrondissement, un appartement figé dans le temps attire l’attention. Il s’agit de la Maison d’Auguste Comte, située au deuxième étage du 10 rue Monsieur-le-Prince. C’est ici que l’auteur a vécu le plus longtemps et s’est éteint dans son lit à l’âge de 59 ans. Il est aujourd’hui possible de le visiter et d’en savoir plus sur le père de la sociologie et de la philosophie positiviste. Paris ZigZag vous emmène.
Un voyage dans le temps
Conformément aux dernières volontés du philosophe, l’appartement est, à sa mort, remis entre les mains de ses disciples qui ont veillé à conserver la demeure en l’état et ont continué de s’y retrouver pour faire perdurer son oeuvre. En 1960, l’atmosphère de ce vaste appartement style Empire de 150 mètres carrés est recréé comme à l’époque d’Auguste Comte (1798-1856), en prenant soin de disposer les meubles d’époque et les objets lui ayant appartenu comme dans le temps. Offrant une complète immersion dans l’intimité d’un des plus grands penseurs de son temps, la Maison d’Auguste Comte est aujourd’hui encore un joyau unique ! Ici, tout est comme il y a 170 ans : seules les tapisseries ont été refaites à l’identique et quelques éléments exposés ont dû être restaurés. Un privilège sans pareil qu’il faut savoir apprécier…
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À la fois lieu de mémoire et musée, la Maison d’Auguste Comte est ouverte au public uniquement le mardi soir et mercredi après-midi et renseigne les visiteurs sur la vie et l’oeuvre de l’auteur. De pièce en pièce, on est littéralement plongé dans l’univers du philosophe. De ses débuts à l’école Polytechnique au moment où il fonde la Société positiviste en passant par la création d’une nouvelle religion, sans oublier sa vocation de professeur et sa relation platonique avec Clotilde de Vaux.
Une visite fascinante
La visite débute par une brève irruption dans la cuisine, donnant sur une petite pièce qui servait de chambre à coucher à la domestique du philosophe, Sophie Bliaux. La parfaite conservation du fourneau orné de carreaux en terre cuite est tout à fait remarquable. On poursuit ensuite par la salle à manger où une table ronde entourée de dix chaises en bois d’acajou recouverts d’Utrecht rouge repose sur un parquet en point de Hongrie. Sur la cheminée en marbre noir, on trouve encore la balance en cuivre qui permettait à Comte, à l’estomac fragile, de peser ses aliments.
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En passant dans le salon, on remarque qu’un des fauteuils, disposé au-dessous d’un portrait de femme, est plus abîmé que les autres. Il s’agit du fauteuil sur lequel Clotilde de Vaux, la muse du philosophe et effigie du portrait situé juste à côté, s’asseyait lors de sa visite hebdomadaire. Après la mort prématurée de sa bien-aimée, Comte lui voua un culte sacré et prit l’habitude de se recueillir à genoux devant son fauteuil, en relisant leurs nombreuses correspondances épistolaires. Si l’on prête bien attention, on s’aperçoit que de nombreux objets sont là pour rappeler le souvenir de Clotilde (corbeille en fleurs, lettres, portraits, médaillons, etc.).
Attenant au salon, le cabinet de travail d’Auguste Comte est tout aussi fascinant. On y découvre le bureau en bois sur lequel le philosophe a conçu l’un de ses plus grands ouvrages, le Système de politique positiviste, et au-dessus duquel est disposé un grand miroir vertical encadré de bois. Aménagement pour le moins étonnant révélant toute la spiritualité du personnage : Comte aimait ainsi garder l’œil sur ses “trois anges” (sa mère, sa domestique et sa douce) auprès desquelles il trouvait son inspiration. C’est ici même que lui et ses disciples avaient l’habitude de se retrouver, entourés de deux immenses bibliothèques où sont encore alignés les grands chefs d’œuvres, toutes disciplines confondues, qu’il avait en sa possession.
Pour une mise en perspective plus large du mouvement positiviste initié par Comte, les visages de ceux qui ont été influencés par les préceptes comtiens sont exposés dans le couloir et la salle dite “des portraits” (qui était probablement, à l’origine, la chambre de l’épouse du philosophe, Caroline Massin, avec qui il vécut un an avant de se séparer). Au fond du couloir, on entre dans ce qui faisait office de salle de cours pour le philosophe qui y dispensait des cours particuliers de mathématiques et dans laquelle se trouve encore son grand tableau noir, vestige rare de cette époque.
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La visite se termine dans la chambre à coucher du philosophe, qui est certainement la pièce la plus bluffante. On y trouve, encore en l’état, le lit d’Auguste Comte dans son alcôve, l’habit et le chapeau noir lui ayant appartenu. C’est dans ce lit même que le philosophe succomba des suites d’un cancer à l’estomac, entouré de sa domestique et de ses fidèles disciples.
Maison d’Auguste Comte
10 rue Monsieur le Prince, 75006 Paris http://augustecomte.org/