Entre l’immeuble-cathédrale, l’immeuble Lavirotte, et les façades toutes plates, Paris n’a pas fini de surprendre chaque passant parcourant ses rues. Bien que la plupart de ces bâtiments servent à l’habitation, d’autres, tout aussi étonnants, ont pour propriétaires des compagnies qui les rendent davantage hors du commun.
Une architecture atypiqueÂ
En se promenant près de la gare Saint-Lazare, dans le 8e arrondissement, on peut d’abord être épaté par les quelques sculptures vertigineuses posées sur les parvis de la station. Mais c’est en s’en éloignant un petit peu, sur la rue Saint-Lazare, qu’on découvre une véritable “anomalie” de l’architecture parisienne. Véritable témoignage de l’immigration alsacienne à la fin du XIXe siècle, cette taverne regorge d’histoires et de secrets, et ses nouveaux propriétaires ne font qu’accentuer son côté décalé en plein cÅ“ur de la capitale.
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Une histoire alsacienne
Construit en 1892 par l’architecte Chausson et complètement remanié et surélevé par l’architecte Paul Marbeau deux ans plus tard, ce bâtiment était en premier lieu une brasserie alsacienne. Ouverte par Jacqueminot Graff après l’annexion de l’Alsace et de la Loraine par l’Allemagne en 1871, elle est une parmi tant d’autres qui fleurissaient dans la capitale. La brasserie Lipp, voisine du Café de Flore et des Deux Magots, ouverte en 1880, en sont d’autres exemples. Lieux de retrouvailles de ces exilés, ils avaient aussi pour but de partager leurs spécialités locales avec les Parisiens et les Parisiennes.
Une façade qui dénoteÂ
“Au roi de la bière“, de son nom original, dénote alors entièrement avec ses immeubles voisins. Déjà par sa taille : en largeur, il ne mesure qu’une dizaine de mètres, et ne s’élève que sur quatre étages, dont un sous les combles. Mais c’est surtout sa façade qui interpelle. Exit les pierres de taille beiges, bienvenue les briques rouges et les colombages ; les fenêtres aux petits carrés de verres et les balcons bas faits de petites colonnes en bois. Les détails, surtout, rendent cet immeuble plus fou que les autres. Les lettes “G” – signature de son premier propriétaire – ornent les côtés et, en son centre, la statue de Gambrinus, le vrai roi de la bière. Plus haut, le blason de Strasbourg, ville natale de Graff. Sur le toit, la sculpture d’une cigogne, animal emblème de l’Alsace qui surveille son nid. Finalement, c’est un joli bout de cette région en plein cÅ“ur de Paris.
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Une reprise américaine
Un morceau de la culture alsacienne ? Oui. Mais aujourd’hui, un bout des États-Unis aussi, car cet immeuble situé au 119 rue de Saint-Lazare a été racheté en 1998 par une franchise McDonald’s. La façade, les toitures – dont la cigogne et la statue de Gambrinus -, ainsi que les trois salles en enfilade du rez-de-chaussée étant inscrites au titre des Monuments historiques depuis 1997, ce nouveau propriétaire ne pouvait pas modifier la structure de l’immeuble. Du reste, il a promis de le garder intact, même d’aider à ses rénovations lorsqu’il en aurait besoin. Passage du roi de la bière au roi du burger, on se laisse toujours surprendre devant cet immeuble parisien hors du commun.
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Immeuble alsacien
119 rue Saint-Lazare, 75008 Paris
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Photo en Une : 119 rue Saint-Lazare © desigium / Shutterstock