L’histoire vraie de ces « têtes sinistres avec des orbites sans yeux » cachées sous ce campanile bordelais de 114 m de haut
Âmes sensibles s’abstenir ! Ce que nous allons vous raconter est une histoire vraie, hallucinante, choquante et surtout fascinante. Les Bordelais chevronnés ont dû deviner de quoi nous allons parler. Pour tous les autres curieux, on vous le demande encore : êtes-vous prêts à découvrir tous les secrets de la flèche de la basilique Saint-Michel ? Sous ce campanile gothique de 114 mètres de haut, des cadavres aux visages déformés fixaient les vivants…
Sous 114 mètres de haut
Pour comprendre quelles étaient ces « têtes sinistres avec des orbites sans yeux » qui ont traumatisé Victor Hugo, on vous donne rendez-vous au 16 place Meynard, en plein Bordeaux. Ici, se dresse la flèche de la basilique Saint-Michel. Édifiée au XVème siècle et culminant à 114 mètres de hauteur, cette flèche a une particularité : elle n’est pas unie à la basilique Saint-Michel ! Elle est donc un « campanile ».
Ce somptueux campanile, fier de ses 114 mètres est le plus haut de tout le sud de la France ! Il perd néanmoins sa place sur le podium en ce qui concerne le pays entier. La flèche de la cathédrale de Chartres mesure 115 mètres de haut, celle de Strasbourg 142 mètres et celle de Rouen bat tous les records avec 151 mètres. Mais trêve de bavardages : le campanile de Bordeaux détient une particularité perturbante dont aucun autre ne peut se vanter : on y a retrouvé des momies. Pas deux, pas trois, mais plus d’une soixantaine avec « des têtes sinistres sans yeux » !
Étrange histoire vraie
En 1791, la ville de Bordeaux est en plein travaux. De la même manière que d’autres grandes villes de France qui s’édifiaient après le Moyen Âge, les morts prenaient de la place. Le jardin le plus historique de Paris en témoigne. Aussi, cette année-là, a été ordonnée la suppression de l’ancien cimetière paroissial qui se tenait autour de la fameuse basilique Saint-Michel. Pour que la ville se développe, il fallait éviter les épidémies. C’est donc lors de l’exhumation des défunts que l’on a retrouvé ce qu’on nomme communément aujourd’hui « les momies de Saint-Michel ». Rendez vous compte : on dénombre jusqu’à soixante-quinze momies en excellent état de conservation, en plein Bordeaux !
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Qu’auriez-vous fait de ces momies ? Nos lecteurs scientifiques auraient proposé d’en faire part à la recherche, aux historiens, aux archéologues. Or, c’était une autre époque ! Il a donc été décidé qu’elles seraient toutes exposées dans la crypte de la flèche Saint-Michel. Debout, leur visage morbide vers les visiteurs, elles sont devenues une attraction touristique. Ce choix aurait fait débat à notre époque, bien que les catacombes de Paris, toujours ouvertes à la visite, ne soient pas en reste !
Pour que ces momies bordelaises gardées sous leur campanile de 114 mètres de haut fassent sensation, on leur a évidemment inventé des légendes ! En effet, des guides inventaient des vies à ces cadavres conservés. Parmi ces légendes, on retrouve : une mère et son enfant enterrés vivants, une famille de sept personnes dont les visages défigurés décrivaient un empoisonnement atroce ou encore, un grand général mort au combat.
Nous avons évoqué Victor Hugo, mais d’autres grands écrivains ont fait face à ces « têtes sinistres ». Une chose est sûre : personne ne pouvait rester indifférent face à ce spectacle morbide. Théophile Gauthier avançait : « L’imagination des poètes et des peintres n’a jamais produit de cauchemar plus horrible. Les caprices les plus monstrueux de Goya, les délires de Louis Boulanger, les diableries de Callot et de Teniers, ne sont rien à côté de cela, et tous les faiseurs de balades fantastiques sont dépassés. »
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Pendant des siècles, ce lieu a continué d’être une attraction à ne pas manquer à Bordeaux. C’est en 1979 qu’il a été fermé au public. Pourquoi ? Une chose est sûre, vous ne vous attendez pas à la réponse. Ça n’est pas parce que les consciences changeaient et que ces momies bordelaises choquaient, pas du tout ! Il s’avère que bon nombre de visiteurs abîmaient les momies de Saint-Michel en les touchant et d’autres aventureux volaient des ossements et des bouts de peau. Le dernier argument de cette fermeture étant que les lumières artificielles du lieu risquaient de détériorer les momies. Onze ans plus tard, les momies ont été déplacées suite à de nombreuses tentatives de profanation. Elles se trouvent désormais au cœur d’un autre cimetière bordelais.
Têtes sinistres traumatisantes
Mais alors, pourquoi est-ce qu’il y avait des momies sous ce campanile, et pourquoi à Bordeaux ? Énormément de mystères entourent cette histoire vraie. Ce que nous sommes en mesure de vous partager, c’est, avant tout, un point « histoire » sur les momies.
Les momies sont des cadavres préservés à l’aide de techniques naturelles, qui sont propres à différents peuples. Les plus connues sont les momies égyptiennes. Jadis, les plus illustres figures historiques avaient droit à leurs tombeaux et leur momification. Mais saviez-vous que la plus ancienne momie du monde a été retrouvée dans le désert du Nevada, aux États-Unis ? Nommée « momie de Fallon », cette défunte d’une autre ère aurait 9415 ans.
En ce qui concerne les « têtes sinistres » de cette flèche gothique bordelaise, les raisons de leur conservation restent inconnues. En plus, ce sont des momies naturelles, aucun peuple ancien n’a cherché à faire des rites funéraires sur l’actuel territoire bordelais. Une seule hypothèse demeure : celle du terrain argileux et sablonneux. S’il n’y a que des spéculations, c’est parce qu’aucune étude n’a été menée sur ces corps, dommage ! En plus, en 2010, lors des travaux de rénovation de la basilique Saint-Michel, 156 nouveaux corps (non momifiés) ont été retrouvés tout autour… Seuls les fantômes qui hantent Bordeaux doivent connaître la vérité.
En tout cas, si vous désirez voir une vidéo des momies, c’est sur la chaîne de l’INA qu’un guide de 1950 vous fera frissonner !
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Photo à la une : Flèche basilique Saint-Michel, AdobeStock © dudlajzov