L’Art Déco a largement influencé le paysage architectural parisien depuis son apparition dans les années 1910. Aujourd’hui, notre capitale compte encore nombre de joyaux de ce mouvement artistique caractéristique de la Belle Epoque. Ce style architectural s’est d’abord construit en opposition à l’Art Nouveau, connu pour ses lignes courbes et ses formes organiques. Plus épuré, géométrique et symétrique, l’Art Déco s’impose alors comme la norme jusque dans les années 1930 et se diffuse très vite dans le monde entier : on le considère ainsi souvent comme le premier mouvement architecture-décoration de nature internationale.
S’il tire son nom de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, c’est à juste titre car tout comme l’Art Nouveau, l’Art Déco s’est forgé en réaction contre les dérives de l’industrialisation à outrance. Les matériaux modernes et pré-modernes sont donc censés servir l’art et sont finement travaillés pour embellir les façades et les intérieurs. L’accent est mis sur les couleurs, les motifs ainsi que sur la variété et la superposition des matériaux. L’Art Déco fera le choix de privilégier le bois (chêne, acajou), la céramique, le textile, l’or et l’argent massif, le vitrail, la pierre de taille, le plâtre, le béton et le plastique, là où l’Art Nouveau usait davantage de fer et de verre.
Voici donc notre petite chronique des lieux parisiens emblématiques du style Art Déco que l’on peut encore admirer aujourd’hui, des édifices qui dénotent de la traditionnelle architecture haussmannienne…
1 – Les lieux de villégiature
Le style Art Déco fut beaucoup utilisé pour tous les édifices évoquant les loisirs : théâtres, cinémas, boutiques, … Par la richesse de ses ornementations, il avait pour avantage de mettre en valeur un bâtiment et donc, par extension, son propriétaire. Et il faut dire que la capitale a été particulièrement bien gâtée de ce côté-là : on ne compte plus les salles de spectacles et de cinéma portant encore aujourd’hui les marques de cet art exubérant. On peut à ce titre citer : les Folies Bergères et ses décors intérieurs féeriques, le Casino de Paris et son vaste hall rococo, ou encore le Théâtre des Champs-Elysées et sa somptueuse coupole, pour ce qui est des salles de spectacles. Et, c’est sans oublier les illustres salles de cinéma telles que le Grand Rex et sa voûte étoilée lumineuse, et le Louxor et sa façade néo-égyptienne, ou bien encore, le moins connu Beaumont-Palace et ses anneaux lumineux.
2 – Les vestiges des Expositions internationales
Le mouvement Art Déco ayant eu une portée mondiale, il n’est guère étonnant qu’il se soit exprimé à travers les différentes Expositions internationales organisées à cette époque, en particulier celles de 1925, 1931 et 1937 qui se tinrent à Paris. Ces événements étaient l’occasion pour les architectes de faire connaître et apprécier leurs réalisations et constituaient donc une réelle vitrine pour le style Art Déco, favorisant ainsi son expansion. Notre capitale a conservé certains joyaux de l’architecture Art Déco suite à ces Expositions, dont notamment : le Palais de Tokyo, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (MAMVP) et le Palais de Chaillot construits en 1937 à l’occasion de l’Exposition internationale “des Arts et des Techniques appliqués à la Vie moderne”. On a par ailleurs également hérité du Palais de la Porte Dorée présenté à l’Exposition coloniale internationale de 1931, souvent considéré l’un des plus beaux monuments de style Art Déco en France.
3 – Les résidences privées
L’Art Déco ne s’est pas cantonné aux édifices culturels et commerciaux, mais a aussi largement investi l’architecture domestique. De fait, les classes aisées s’emparèrent de cette nouvelle mode architecturale en faisant des décors, un signe de distinction sociale lors des réceptions. Par chance, certains vestiges de ces constructions privées parisiennes sont parvenues jusqu’à nous. La plus connue demeure aujourd’hui la Maison de Verre, datant de 1928 et considérée comme “La plus belle maison de Paris” par le New-York Times. Cabinet et domicile du docteur Dalsace, l’habitation s’élève sur trois étages complètement vitrés, de manière à créer un “espace total”. Enfin, on peut citer l’impressionnante verrière Art Déco de la rue Frochot, qui héberge à ce jour une salle de jeux privée.