En se baladant dans les rues animées du 7e arrondissement de Paris, pressé pour aller au travail ou parce qu’une réservation au restaurant nous attend, il se peut que l’on passe à côté d’immeubles et de bâtiments remarquables. Même si on ne lève plus franchement la tête lorsqu’on passe à côté de la tour Eiffel ou de l’hôtel des Invalides, arrivé numéro 29 de l’avenue Rapp, nous sommes pris d’un sursaut à la vue de cet immeuble si particulier et si joli…
L’Å“uvre d’un architecte de renom
En déviant du Champ-de-Mars, en remontant du côté impair l’avenue Rapp, et ce même en traversant le quartier à toute berzingue, on se rend obligé d’arrêter net notre course face à cette imposante façade qui se dévoile devant nous. Cette réalisation, signée Jules Lavirotte – reconnu comme l’un des maîtres de l’Art nouveau en architecture et ayant remporté à trois reprises le concours Parisien de la plus belle façade -, et construite entre 1900 et 1901, détonne complètement avec le reste du charme architectural de la capitale. Immeuble de rapport de 6 étages, sa façade et sa toiture sur rue sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 1964 avant d’être rejoint par le reste du bâtiment en 2015.
Un chef-d’Å“uvre de façade
De près, on observe la porte d’entrée : une Å“uvre-d’art en elle-même. Immense, en bois sculpté, arrondie dans les coins supérieurs, incrustée de détails en fer forgé noir représentant des cygnes majestueux. Une figure sculptée par Jean-Baptiste Larrivé vient chapeauter la porte d’entrée, comme apportant de la protection à chaque personne pénétrant l’immeuble. Certaines théories rapportent que de nombreuses allusions sexuelles sont faites à travers les gravures, notamment la forme phallique centrale à la porte. On vous laisse en juger par vous-même…
Mais, pour admirer davantage cet immeuble incroyable, on traverse la rue et on lève la tête. Et là , un sentiment de tournis peut nous prendre : rien, mais rien sur cette façade n’est symétrique. Un héritage parfait de l’architecture éclectique Art nouveau se montre devant nous, loin des règles strictes du style Haussmannien. L’immeuble Lavirotte se dresse en effet dans l’asymétrie la plus totale avec ses lignes courbes irrégulières. Au troisième étage, par exemple, une fenêtre de forme ovale vient se singulariser parmi ses sÅ“urs rectangulaires. Au deuxième, un balcon filant à balustrades en pierres beiges et, au cinquième, un balcon filant en arcades et en colonnades magistrales vertes et ocres. Splendide.
Au centre parfait, une immense fenêtre au balcon en fer forgé magnifique, fleurie à souhait tout au long de l’année – on peut, pour cela, remercier les propriétaires de cet appartement. Et, partout sur la façade, on peut également admirer la mosaïque de brique, de pierre et de céramique, minutieusement sculptée de motifs floraux et animaliers. Ce décor de grès flammé aux touches bleu-vert apporte encore plus de couleur à cette grande avenue et un charme magistral à la capitale. Colonnades vert d’eau, sculptures majestueuses, balcons différents, fenêtres féériques : l’immeuble Lavirotte est une oeuvre d’art habitable en plein coeur de Paris. Mais, vite, vite, à force de l’admirer, nous sommes maintenant en retard à notre rendez-vous manqué !
Immeuble Lavirotte
29 avenue Rapp, 75007 Paris
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Photo à la Une : Immeuble Art Nouveau Lavirotte © Adobe Stock