Les couleurs sont synonymes de joie et de gaieté, et on ne s’en lasse jamais ! Mais quand la rue la plus étincelante de Paris est accaparée par les touristes aux détriments des riverains, ça ne fait pas bon ménage.
La rue la plus colorée de Paris
En tant que Parisiens, vous avez forcément déjà entendu parler de la rue Crémieux. Peut-être l’avez-vous même déjà emprunté, par hasard, ou pour voir de vos propres yeux cette destination insolite adorée des touristes. Longue de 144mètres, large de 7,5 mètres, elle est composée de 35 maisons peintes chacune d’une couleur différente. Située dans le 12ème arrondissement, à quelques pas de la Gare de Lyon et à 25 minutes de Bercy, la rue fait beaucoup parlée d’elle depuis quelques années. Exclusivement résidentielle, elle doit ses jolis façades à la décision municipale de la rendre piétonne en 1993. Suite à cela, il a été demandé aux habitants de la rue d’en entretenir les façades et le choix s’est porté sur des couleurs pastels voulues par chaque propriétaire. Une preuve de bon entente remarquable, mais qu’ils regrettent peut-être aujourd’hui…
Une rue piétonne… et touristique
La beauté de la rue séduit les riverains… mais pas seulement. Chaque jour, ce sont en moyenne 200 touristes qui viennent arpenter l’avenue dans le seul but de se prendre en photo devant ces murs magnifiques. Une attractivité qui est loin de satisfaire les habitants, dont les portes d’entrées sont parfois accaparées par des instagrammeurs en quêtes de photos insolites. À l’heure actuelle, la mairie est toujours en réflexion quant à de potentielles sanctions pour condamner ce manque de savoir vivre : fermeture de la voie, amendes…. Si aucune décision n’a pour le moment été prise, cela n’empêche pas les riverains de mener une résistance de leur côté. Depuis 2016, ils tiennent une page Instagram intitulée @ClubCrémieux où ils partagent les photographies et vidéos les plus insolites tournées par des instagrammeurs dans leur rue. Et il y a de quoi rire ! Une réaction plutôt légère face à une situation qui est loin de l’être.
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Un hommage à l’avocat Crémieux
La rue fait tellement parler d’elle pour ses façades colorées qu’on en oublie bien souvent de s’interroger sur son nom.  Depuis 1897, elle s’appelle Crémieux… comme Adolphe Crémieux (1796-1880), avocat nîmois et homme politique français du XIXe siècle s’étant particulièrement illustré dans la lutte pour le droit des Juifs en Europe. Ministre de la Justice du Gouvernement provisoire qui proclamera l’instauration de la Deuxième République française (1848-1952), il participe entre autre à la création d’une Alliance Israélite Universelle. EN 1870, il partage le décret Crémieux visant à offrir la citoyenneté français aux 7000 algériens israélites suite à la colonisation du pays par la France plusieurs décennies plus tôt. Mais ce n’est pas tout : par son statut d’avocat, Adolphe Crémieux s’impose comme un véritable homme de son siècle. Il défendra même en 1851 Charles Hugo, fils du célèbre dramaturge romantique, qui fut traduit en justice pour des propos tenus dans un article du journal pour lequel il travaillait alors, l’Événement. En plus de ça, Adolphe Crémieux est l’arrière-grand oncle par alliance de l’écrivain Marcel Proust (1871-1922).
Photo à la Une : Rue Crémieux © Florence Piot, Adobe Stock
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