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Saviez-vous que le tout premier gratte-ciel de Paris se cachait en plein cœur de la capitale, à l’abri des regards ? Et pourtant, ce pionnier des hauteurs parisiennes, bien discret, se dresse dans le 1er arrondissement, à quelques pas de la rue Cambon. Nous vous emmenons découvrir cet édifice étonnant à l’histoire méconnue.
Quand Paris veut tutoyer les nuages
Lorsqu’on évoque les gratte-ciel, ce sont les noms de New York ou de Londres qui nous viennent immédiatement à l’esprit. Paris est moins connue pour ses ambitions verticales même si quelques-un de ces immeubles de grande hauteur se sont mis à pousser à partir des années 2010. En effet, soucieuse de préserver son harmonie architecturale, la capitale limite strictement la hauteur de ses bâtiments. Ainsi, depuis 2023, un nouveau plan local d’urbanisme plafonne à nouveau la hauteur des constructions à 37 mètres (soit 12 étages maximum), une règle qui était déjà en vigueur de 1977 à 2010.
Des restrictions auxquelles ont échappé certains édifices parisiens comme la célèbre Tour Montparnasse (210 m), les modernes Tours Duo (180 m), ou encore le monumental Tribunal de Paris (160 m). Hors des limites intramuros, le quartier de la Défense domine avec des tours atteignant jusqu’à 231 mètres. Pourtant, le premier gratte-ciel de Paris, bien que plus modeste, a marqué l’histoire par son audace et son innovation.
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Un gratte-ciel bien caché !
Ce qui rend ce premier gratte-ciel parisien plus insolite encore, c’est que vous ne l’avez peut-être jamais vu ! En effet, invisible depuis la rue, il surprend par sa discrétion. Haut de 30 mètres, il s’élève pourtant sur 10 étages (et 2 niveaux en sous-sol), ce qui en faisait, à l’époque de sa construction entre 1898 et 1912, un véritable exploit architectural que l’on doit aux architectes Constant Moyaux et Paul Guadet. Inspiré par l’École de Chicago, un mouvement d’architecture moderne du XIXe siècle duquel il tire son nom, il arbore une structure innovante en béton armé, inédite en France à l’époque.
Le bâtiment se distingue aussi par son organisation intérieure : une cour centrale couverte par une verrière, encadrée par un quadrilatère d’étages. Avec ses 4 800 m² de surface, il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, symbole d’une époque où Paris commençait timidement à tutoyer les hauteurs.
La Tour Chicago : une véritable curiosité parisienne
La Tour Chicago n’a pas seulement innové par sa hauteur : elle a également été construite pour résister au feu. Et pour cause, elle servait à l’origine de dépôt sécurisé pour les archives de la Cour des Comptes. Après l’incendie du Palais d’Orsay lors de la Commune de Paris en 1871, l’institution avait besoin d’un lieu sûr pour préserver ses documents. Ce gratte-ciel moderne a donc été construit sur les vestiges d’un ancien couvent de la rue Cambon, où la Cour des Comptes s’installa définitivement.
Depuis 2009, la Tour Chicago a été réaménagée en bureaux pour accueillir les services de la Cour des Comptes. Alors, la prochaine fois que vous passerez près de la rue Cambon, rappelez-vous que s’y cache un petit coin de Chicago ! Mais, pour pouvoir pousser la porte du Palais Cambon et découvrir ce joyau architectural et historique, il vous faudra toutefois attendre les prochaines Journées du Patrimoine. Alors, à vos agendas !
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Image en Une : Tour Chicago au sein de la Cour des Comptes à Paris © Cour des Comptes
Mélina Hoffmann
