Lieu de promenade et de détente parmi les plus emblématiques de Paris, le bois de Boulogne fait partie de ces lieux où de grands chapitres de l’Histoire ont eu lieu. Ancien terrain de chasse des rois de France, cet espace vert étendu sur plus de 800 hectares abrite en effet des lieux qui ont vu passer de grands noms, comme cette magnifique villa, longtemps privée mais bientôt accessible au grand public…
Un cadre paisible pour la famille de Gaulle
L’histoire de cette demeure méconnue est avant tout celle du bois de Boulogne, cédée en 1852 par Napoléon III à la ville de Paris, alors chargée d’aménager l’espace vert en quatre ans. C’est dans ce contexte qu’est ouverte la route du Champ-d’Entraînement, qui tient son nom du champ d’entraînement de l’hippodrome. À la fin des années 1920, la ville de Paris décide de réunir la Maison du Conservateur des Promenades de Paris au n°4 et les bureaux de la conservation du bois au n°6, pour qu’un nouveau bâtiment voit le jour. Imaginé par l’architecte Roger Bouvard, celui qui est initialement baptisé “château Le Bois” est une demeure prestigieuse au bout d’une longue allée verdoyante et côtoyée par une bambouseraie, dans le paisible cadre du bois de Boulogne. Sur un vaste terrain de 10 978 m², cet hôtel particulier de style géorgien édifié par l’architecte Charles-Louis-Roger Bouvard compte également un garage et un pavillon de gardien à l’entrée. Idéale pour s’éloigner un peu du tumulte parisien, notamment après la Seconde Guerre mondiale, la demeure est occupée après la Libération par le Général de Gaulle et sa famille. C’est ici que le futur premier Président de la Vème République y dirige le gouvernement provisoire et reçoit Léon Blum, Pierre Mendès-France et André Malraux, avant de quitter les lieux en 1946.
Des affaires de France à celle de Grand-Bretagne, il n’y a qu’un pas
En 1953, Edouard VIII et Wallis Simpson, duc et duchesse de Windsor, exilés en France depuis 1937, quittent leur hôtel particulier du boulevard Suchet pour s’installer dans cette villa fastueuse. Habitué des mondanités parisiennes et des grandes réceptions, le couple confie la décoration des lieux à celui qui avait déjà repensé les appartements privés du duc Édouard VII au palais de Buckingham. Balustrade d’esprit rococo, escalier d’honneur en fer forgé, plafonds peints de fresques exotiques, chinoiseries, objets précieux, salles de bains et marbres ou encore boiseries dans les chambres… le sulfureux couple s’est offert une villa de rêve. Une demeure qui sera la leur jusqu’aux décès respectifs du duc et de la duchesse, en 1972 et en 1986. D’une puissante personnalité à une autre, le domaine revient brièvement à la Ville de Paris avant d’être acquis par l’homme d’affaires égyptien Mohamed Al-Fayed, propriétaire de l’hôtel Ritz de Paris et du célèbre magasin britannique Harrods. Fasciné par ce monument, au point de déclarer au maire de Paris Jacques Chirac sur les marches du perron “qu’il côtoie la plus belle histoire d’amour du siècle”, il signe un bail de cinquante ans sur la villa et est même à l’origine de son renommage en “villa Windsor”. Finalement, le bail prendra fin en 2018, une vingtaine d’années après une importante vente aux enchères du mobilier des Windsor et le décès du fils d’Al-Fayed et Lady Di, venus tous deux à la Villa Windsor le jour de leur mort en 1997.
Un lieu riche en histoires bientôt accessible au public
Depuis, le Conseil de Paris a voté l’attribution de la Villa Windsor à la Fondation Mansart, avec un objectif bien précis : rénover ce qui doit devenir un Monument historique, pour le protéger à l’avenir. Ce véritable joyau très peu connu du grand public doit en effet devenir un musée et faire voyager les visiteurs à travers des siècles d’Histoire. Un lieu emblématique de l’Histoire de Paris où il sera notamment possible de revivre les rencontres prestigieuses du Général de Gaulle (Léon Blum, André Malraux, Jacques Chirac) dans un bureau reconstitué de toutes pièces, au rez-de-chaussée. Encore faudra-t-il y accéder, après avoir parcouru le véritable labyrinthe qu’est la Villa : chambre, dressing de la duchesse, boudoir, salle des coffres (qui renfermerait selon la légende un fabuleux trésor) et même un abri antinucléaire. Par ailleurs, lors de l’ouverture prévue pour 2025, les visiteurs pourront admirer du mobilier et des décors, allant des styles Louis XV et Louis XVI au XIXe siècle, dans un parcours qui retrace l’histoire du site et évoque ses figures emblématiques, de Marie-Antoinette à Richard Wallace. La Villa Windsor présentera également des expositions permanentes composées de mobilier datant du XXe siècle qui raconteront la vie des personnages qui ont vécu dans la maison tandis que l’hôtel particulier Art Déco abritera des expositions temporaires. Au programme, une librairie et un restaurant feront également partie de l’ensemble pour prolonger le séjour dans cette demeure de rêve qui a marqué les siècles précédents.
Villa Windsor
4 route du Champ d’Entraînement
75016 Paris
À lire également : Cette tour cachée en plein cœur de la capitale, exploit architectural pour son époque, est le premier gratte-ciel de Paris
Image à la une : Villa Windsor © DoubleBand Film