Qu’on y habite ou qu’on la découvre en simple touriste, Paris est une ville fascinante, quel que soit le quartier où l’on se rend. Si certains préfèrent opter pour le Quartier latin, dont l’origine remonte au Moyen Âge, ou arpenter le prestigieux quartier des Champs-Élysées, une chose est sûre : il y a tellement d’endroits à voir qu’un seul week-end ne suffirait pas. Et s’il y a bien un quartier qui ne cesse d’attirer les touristes, français comme étrangers, c’est bien celui de Pigalle. Notre-Dame de Lorette, le musée de la Vie Romantique ou bien entendu le mondialement célèbre Moulin-Rouge… le quartier est un incroyable rassemblement de lieux iconiques et évocateurs de l’histoire de Paris.
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Une discrète avenue qui suscite la convoitise et les interrogations
Mais si l’on pense souvent aux Années Folles et à la fête lorsque l’on évoque ce quartier qui fut pendant longtemps le repère d’artistes, écrivains et voyous, une autre facette plus mystérieuse de Pigalle existe… et elle a de quoi donner la chair de poule. Il faut pour cela se rendre dans l’avenue Frochot, une voie privée située à moins de cinq minutes à pied de la station de métro Pigalle. Ouverte en 1830, cette avenue uniquement accessible en passant des grilles est le repère de maisons cossues, hôtels particuliers, ateliers d’artistes et quelques immeubles bas, tous plus beaux les uns que les autres. Depuis son ouverture, l’avenue a vu passer bon nombre incroyable artistes, forcément attirés par le cadre enchanteur et le calme qui s’émane de la rue, pourtant très proche d’un quartier “bruyant”. Ce qui rend cette voie si spéciale, c’est aussi l’incroyable florilège de styles architecturaux, du classique au néo-classique, en passant par le néo-gothique, le néo-Renaissance et même le flamand. Mais une autre curiosité se cache au n°1 : la villa Frochot. Avec sa façade de style néo-gothique, cette villa est souvent décrite comme une maison maudite… à juste titre si l’on se fie à son histoire !
Un meurtre atroce et des décès tout aussi…mystérieux
L’histoire de la villa Frochot est en effet une succession de drames et, dans certains cas, de mystères assez étonnants. Le compositeur Victor Massé y vécut de nombreuses années à la fin de sa vie, alité et paralysé par une sclérose en plaque. Après lui, le directeur des Folies Bergères achète la maison. Sa femme de ménage, à qui il lègue sa fortune, y est sauvagement assassinée à coup de tisons. Tandis que son meurtrier ne fut jamais retrouvé, une légende se propage selon laquelle, depuis ce drame, son esprit hanterait encore les lieux… Et comme si cela ne suffisait pas, les propriétaires suivants seront à leur tour victimes de phénomènes étranges. Parmi eux, la chanteuse Sylvie Vartan, qui aurait acquis la demeure dans les années 70, n’y emménage finalement jamais pour une raison inconnue. Plus tard, un critique littéraire achète cette maison, au sujet de laquelle il écrit avoir “un peu l’impression de m’endetter pour acquérir mon tombeau gothique”. Il mourra peu de temps après, paralysé dans son lit, tout comme Victor Massé des décennies plus tôt. Face à cette inquiétante réputation, le propriétaire suivant aurait pris cette affaire très au sérieux en faisant notamment exorciser les lieux. Reste désormais à savoir si cela a été suffisant…
Le paradis des artistes depuis des décennies
Que l’on se rassure, le reste de l’avenue Frochot est loin d’être aussi angoissant que la villa située au n°1. C’est le cas par exemple de ce splendide hôtel particulier situé au n°3 et jumeau avec l’hôtel particulier du n°5. Tous deux construits dans les années 1830-1840 dans le style néo-classique, ils sont inspirés des villas palladiennes et ont accueilli des artistes de renoms, comme la cantatrice Régine Crespin, le romancier et dramaturge Paul Meurice. Ce dernier accueillit notamment Victor Hugo lors de son retour d’exil à Guernesey en 1870 et, en plus d’être son exécuteur testamentaire, il fonda le musée Victor Hugo situé place des Vosges en 1903. Quelques mètres plus loin, le n°6 fut le lieu de résidence du célèbre guitariste Django Reinhardt ou encore l’atelier du peintre Henri Guinier. D’autres artistes très célèbres des XIXe et XXe siècles eurent leur atelier ou résidèrent également dans l’avenue : le peintre symboliste Gustave Moreau, le compositeur Charles Lamoureux, les peintres William Haussoulier, Eugènes Isabey, Paul Merwart, Théodore Chassériau, Vincent Vidal, Henri de Toulouse-Lautrec ou encore le cinéaste Jean Renoir. Enfant du quartier, François Truffaut tourna d’ailleurs une scène du film Les Quatre Cent Coups dans l’avenue Frochot. La meilleure manière de découvrir cette avenue emblématique malheureusement inaccessible au grand public, les résidents souhaitant préserver une certaine tranquillité…
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Image à la une : Villa Frochot © Mossot