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Avez-vous déjà visité l’incroyable « palais utopique » aux 10 millions de briques, inspiré de l’Hôtel du Louvre ?

Familistère de Guise © AdobeStock

Parfois, les pépites architecturales se font discrètes, et pourtant ! Celle que vous vous apprêtez à découvrir ne se trouve qu’à 1H30 de Lille, en plein cœur de l’Aisne. Ce Monument Historique unique en France bat tous les records : dont celui du rêve accompli. De fait, rares sont les projets utopiques qui voient le jour et qui sont reconnus comme ayant été un triomphe. On vous raconte l’incroyable histoire de l’industriel qui a peut-être vu « trop grand », mais qui y est parvenu.

Une utopie réalisée

Ce « palais utopique » aux 10 millions de briques existe grâce à un ambitieux qui n’avait pas froid aux yeux : Jean-Baptiste André Godin. Né en 1817, monsieur Godin n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, bien au contraire. Il est un fils d’ouvrier de la campagne picarde, qui a connu le goût de l’effort, et surtout, qui a toujours aimer apprendre, et s’instruire. Ainsi, à force de travail, Godin a monté les échelons, et est devenu un puissant industriel, plongé dans l’innovation, et toujours, le respect de ses racines. Donc, il n’oubliera jamais d’où il vient, et c’est cette loyauté qui le transformera en bâtisseur hors du commun.

Godin était attaché à l’idée d’une « révolution sociale pacifique », par l’entraide, le partage, le travail. Mené par les écrits de Karl Marx, il aura pour objectif d’améliorer les conditions de vie ouvrière. Mais avec Godin, il n’était pas question de faire les choses à moitié, ou de s’enfermer dans la paperasse. En 1857, il acquiert un vaste terrain à Guise. C’est ici qu’il décide que son utopie va grandir : il va construire un « palais des familles », un véritable « Versailles du peuple », qui révolutionnera les conditions de vie des ouvriers, et de leurs proches.

Familistère de Guise, Godin © AdobeStock
Familistère de Guise, Godin © AdobeStock

Notez que Godin n’était pas uniquement le promoteur de ce projet fou. Il en a aussi été l’urbaniste, l’ingénieur, l’architecte : la tête pensante, de A à Z. Cette utopie digne des plus grands palais va porter ce nom : « Le Familistère de Guise ».

Godin, marqué par son passé d’ouvrier et les conditions terriblement insalubres dans lesquelles lui et sa famille ont dû travailler, s’est juré qu’il changerait cela. Au XIXème siècle, le milieu ouvrier en France était très peu respecté. Alors, dans son palais aussi surnommé « le Palais de l’Avenir », Godin avait prévu d’ériger ce qu’il nommait « des équivalents de la richesse ». Aussi, dans ce palais utopique, les habitants du Familistère de Guise allaient retrouver : de l’aération, un accès à l’eau potable à chaque étage, de quoi laver son linge, des douches, une piscine… Du confort, pour une partie de la population qui n’en avait pas encore le droit. Ainsi, en 1874, Godin écrivait :  « Ne pouvant faire un palais de la chaumière ou du galetas de chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure de l’ouvrier dans un Palais : le Familistère, en effet, n’est pas autre chose, c’est le palais du travail, c’est le PALAIS SOCIAL de l’avenir »

Familistère de Guise © AdobeStock
Familistère de Guise © AdobeStock

Incroyable & inspirant

Les idées et idéaux de Godin n’ont jamais été mis à mal. Ce riche industriel s’est totalement dédié, alors l’utopie a continué de devenir réalité. Un siècle avant la Cité Radieuse du Corbusier, Godin prouvait déjà qu’avec du savoir, et un projet clair : construire un tel palais était envisageable.

Le Familistère de Guise a été érigé pour accueillir 1500 personnes (familles, ouvriers, employés de l’usine…). Le lieu s’étend sur trois divisions, construites autour d’une gigantesque cour intérieure. On y retrouvait même des magasins : clairement, ce « Versailles du peuple » pouvait se vanter d’en porter le surnom. Autour d’un immense pavillon central à la verrière exceptionnelle, le palais se divise en plusieurs ailes. En plus des magasins, de la piscine et des parties communes, les familles pouvaient y profiter d’une « garderie » (mais qui sera détruite durant la Première Guerre mondiale). Ensuite, on retrouvait un bâtiment nommé des « économats », une école, un théâtre… Puis, reste le domaine en lui-même, posté sur les rives de l’Oise, pour une atmosphère qui favorise la santé.

Familistère de Guise, verrière © AdobeStock
Familistère de Guise, verrière © AdobeStock

Le « palais utopique » aux 10 millions de briques de Godin a su dépasser toutes les espérances, et tous les chiffres. Comptez 30 000 m2 de surface, 500 fenêtres, et bien plus de 1500 familles qui y ont vécu, dans la salubrité, et l’entraide. Le Familistère de Guise a été classé en 1991. Progressivement, l’incroyable palais utopique de Godin – dont des parties avaient été laissées à l’abandon en 1968 – a été restauré. Aujourd’hui, le Familistère de Guise est un musée et, en 2027, un établissement hôtelier s’y installera.

Hôtel du Louvre et palaces !

Le style architectural du Familistère de Guise évoque l’art des maisons ouvrières du XIXème siècle ; en briques rouges. La seule différence se trouve, évidemment, dans ses dimensions. Sa verrière évoque très clairement les grandes gares qui se construisaient à l’époque, surtout avant la Révolution Industrielle.

Selon Godin, il fallait absolument prendre le temps de faire vivre ce projet. Pour l’anecdote, sachez qu’il n’a eu aucun problème à congédier le premier architecte en chef du projet, qui n’avait pas la vision, et qui voulait construire trop vite, et mal. Godin n’a évidemment pas pâli devant ses inspirations : dont celle de l’Hôtel du Louvre, à Paris.

Finalement, ce projet ambitieux et courageux est une belle histoire, comme il y en a peu ! Elle se termine si bien qu’encore aujourd’hui, le palais utopique aux 10 millions de briques vous attend.


Cité Familistère, 02120 Guise

Photo à la une : Familistère de Guise © AdobeStock

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